Guinée, Agression du 22 novembre 1970 : deux journalistes & un récit contradictoire

Conakry, le 23 novembre 2021, Ansoumane Bangoura et Mamadou Bowoi Barry, deux journalistes – qui ont été témoins de l’agression portugaise du 22 novembre 1970, étaient les deux invités de l’émission «On refait le monde» de Djoma TV pour remémorer la douloureuse agression du 22 novembre 1970 dont la République de Guinée a été victime, mais victorieuse au bout du compte. Et ces deux journalistes font une lecture contradictoire de cette triste agression portugaise «préparée (savamment) par la France, Félix Houphouët-Boigny (de la Côte d’ivoire et Léopold Sédar Senghor (du Sénégal)». Décidément, le Président Ahmed Sékou Touré et les événements déroulés sous son règne continuent de diviser les Guinéens encore et toujours. La preuve…

« Il n’y a rien de plus glorieux pour lui (Mamadi Doumbouya) que la victoire de l’agression »

«… Je prie que Mamadi Doumbouya dépasse le Président Ahmed Sékou Touré, parce que c’est possible ! C’est un jeune, qui est Chef de l’Etat, mais il n’a eu le parcours d’un homme d’Etat. (…) Je trouve tout à fait bizarre ! Je regrette amèrement que le Colonel Mamadi Doumbouya, Président de la Transition en Guinée ne fait pas cas de manière retentissante de l’agression du 22 novembre 197O. Il n’y a rien de plus glorieux pour lui que la victoire de l’agression», a dit le doyen El Hadj Ansoumane Bangoura répondant à cette question : est-ce que vous regrettez le fait que le Colonel Mamadi Doumbouya n’a pas fait cas à l’agression du 22 novembre 1970.

« Il n’y avait pas de complicité à l’intérieur du pays »

Le doyen journaliste, Mamadou Bowoï Barry a dit, redit et martelé : «Alassane Diop, qui était chargé de faire toute la lumière sur l’agression du 22 novembre 1970, qui a dit au Président Ahmed Sékou Touré qu’il n’y avait pas de complicité à l’intérieur du pays». Et tout en révélant : «Beaucoup de gens, qui ont été accusés, étaient des innocents. Le Commissaire de police Coumbassa Abdoulaye, qui avait subi une opération chirurgicale et couché dans son lit, a été accusé par Ismaël Touré… » Et ce frère accusateur du Président Ahmed Sékou Touré aurait dit à ce dernier : « Un bandit comme toi (Coumbassa Abdoulaye) peut bien mener les opérations de l’agression même sur son lit à l’hôpital« 

La thèse de complicité à l’intérieur du pays

Revenant sur e propos de son confrère et ami, Mamadou Bowoï Barry, qui a laissé entendre qu’il n’y avait pas de complicité d’agression du 22 novembre 1970 à l’intérieur du pays, le doyen Ansoumane Bangoura a contredit : «Mamadou Bowoï Barry est un intellectuel (guinéen), bien qu’il soit emprisonné au Camp Boiro, qui a beaucoup d’admiration pour le Président Ahmed Sékou Touré, mais il sait que Félix Houphouët-Boigny a donné tellement à David Soumah pour préparer l’agression du 22 novembre 1970. Des responsabilités ont été clairement établies à l’intérieur du pays. (D’ailleurs, c’est bien la délégation du Conseil de Sécurité qui a révélé qu’il y avait bien des complicités à l’intérieur : des gens qui portaient des bracelets verts. Et ils attendaient les agresseurs» tout en reconnaissant d’ailleurs : «Il y a eu des coupables qui ont payé, mais aussi des innocents».

Hadja Fanta Touré