Guinée/CNRD : quid de la misère d’un peuple ? [Souleymane Souza Konaté]

Dans un pays considéré comme le Château d’Eau de l’Afrique de l’Ouest avec une forte pluviométrie, qui plus est en cette période d’hivernage, il est honteux de justifier le délestage électrique par la baisse du niveau d’eau dans les barrages. Autrement dit, en Guinée quand il pleut, les barrages se déssèchent, apprend-t-on avec Électricité de Guinée (EDG) pour la première fois dans l’histoire. C’est le comble du ridicule. En effet, le mal est très profond. Et il se situe à plusieurs niveaux.

En trois ans, les nouveaux fossoyeurs de notre économie prétendent avoir investi plusieurs milliards de dollars US dans le secteur de l’électricité. Pour quel résultat à ce jour ? Même le peu d’investissements que le régime déchu a laissé dans ce secteur, la gouvernance actuelle l’a réduit en lambeaux.

Les principales villes de l’intérieur du pays sont actuellement plongées dans un noir abracadabrantesque. À Conakry, les délestages sont légion et sans précédent au grand dam des ménages et des entreprises. C’est la capitale de l’obscurité avec son lot de banditisme exacerbé.

Chaque nuit inspire la peur et l’incertitude pour les pauvres citoyens notamment ceux de la haute banlieue contraints de se barricader parfois sous l’éclairage éphémère des lampes torches ou de quelques bougies qui les exposent à de graves incendies d’une autre époque. C’est le sauve qui peut face à l’indifférence de l’Etat narcissique et à l’anarchie qui nous gouvernent.

Assez de foutaises ! Pour endormir les consciences, les apprentis-dirigeants nous parlent non sans démagogie d’investissements fantasmagoriques dans le secteur de l’électricité avec dit-on, plus de 300 millions d’euros comme subvention accordée à l’EDG. Ce qui met à nu un sérieux déficit de transparence et de gouvernance du secteur si l’on s’en tient aux résultats produits.

Dans un État où règnent la corruption, le népotisme et la course effrénée à l’enrichissement personnel, il y a plus rien à attendre des dirigeants. Car ils n’ont ni empathie ni respect à l’égard de leur mandant, ce peuple dont la dignité se voit bafouer au quotidien par une junte écervelée tentant désespérément de sauver les « meubles ».

Je ne cesse de penser à ces nombreux Guinéens qui, grâce à l’électricité, ont misé sur leurs frigos où ils pouvaient conserver leurs préparations et divers autres condiments ou nourritures sans crainte de les voir impropres à la consommation. Cette approche très économe profitait à de nombreuses familles, y compris la plupart des fonctionnaires aux ménages précaires.

De nos jours, nombre de ces frigos sont devenus de simples placards où s’entassent des aliments décomposés prêts à rejoindre les innombrables bacs à ordures aux odeurs pestilentielles privant ainsi de nourriture plusieurs familles frappées de plein fouet par la cherté de la vie.

Par ailleurs, le manque d’électricité a détruit et continue de détruire des milliers d’emplois dans les PME dont certaines sont tout simplement contraintes à l’arrêt quand d’autres fonctionnent à peine, obligeant les propriétaires à congédier leurs personnels parfois sans aucune mesure de compensation.

Le chômage est à son paroxysme et le malaise des jeunes si profond, entraînant nombre d’entre eux dans la dépression et la dépravation. C’est le grand désespoir sous la gouvernance CNRD qui, si elle n’est pas stoppée à temps, entrainera inéluctablement le pays dans l’hécatombe. Les derniers chiffres font état de 29.000 jeunes qui sont sortis de la Guinée depuis deux ans pour l’Occident.

Une émigration massive et gravissime eu égard à son cortège de morts, de blessés et de portés disparus dans le désert et les eaux froides de la méditerranée. De grands cimetières à ciel ouvert qui font perdre à la Guinée des bras valides parce que le CNRD a épousé cette méthode unilatérale et autoritaire qui sacrifie l’avenir de tout un peuple.

Se servir de jeunes désœuvrés et désorientés pour une visite dans les barrages à l’effet de manipuler l’opinion est à la fois choquant et révoltant. Mentir inlassablement au peuple qu’on gouverne, c’est à la fois le trahir et lui manquer de respect. Des nominations fantaisistes avec pour seuls critères l’ethnie et le copinage ne peuvent développer un pays.

Pour une fois, soyez honnêtes et reconnaissez votre médiocrité et votre incapacité à trouver des solutions aux maux qui assaillent notre pays.

Les Guinéens doivent se rendre à l’évidence que le CNRD a échoué sur tous les plans et a perdu toute légitimité dans la gestion de cette transition.

Par conséquent, il nous faut une transition civile avec un gouvernement civil et d’union nationale dont la mission sera d’organiser le retour salvateur et apaisé à l’ordre constitutionnel avant le 31 décembre 2024.

 Aux Guinéens d’en tirer toutes les conséquences et d’arrêter une fois pour toute la spirale infernale de cette transition qui ne laisse dans son sillage que désolation !

Souleymane Souza KONATÉ, Président de la Commission Communication de l’ANAD et Conseiller Chargé de Communication du Président de l’UFDG.

 

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