Guinée : « Gouverner autrement signifie: double standard, justice injuste, cabale contre … » (Oumou Kadé Soumah)

D’emblée on ne se propose pas de gouverner autrement si on l’a fait normalement. L’expression  » Gouverner autrement», nous ne cesserons de dire, est un cinglant aveu d’échec. Elle implique que ce qui devait normalement être fait ne l’a pas été et qu’il est possible de réformer les choses et de s’amender. Est-il qu’on sache la part de ce qui est normal et de ce qui ne l’est pas ? Ceux qui ont assassiné la constitution pour étancher leur soif du pouvoir n’en ont pas cure. Ils sortent des slogans creux. Leur aboulie est si manifeste qu’ils ne peuvent rien changer en bien. En nous permettant de gouverner autrement, ils avouaient sans en avoir conscience qu’ils avaient accompli peu de choses ou sinon rien, qu’ils faisaient de nouvelles promesses alors qu’ils devaient évoquer un bilan. Dans leur fort intérieur, ils savent qu’ils nous ont fait perdre le temps. Ils sont à la recherche du temps perdu, hélas qu’ils ne le rattraperont jamais.

«Le gouverner autrement» qu’il propose à la Guinée consiste à ne pas appliquer la constitution qu’il a imposée aux Guinéens, à violer les libertés individuelles et collectives que ce texte consacre, à museler la presse, à emprisonner les opposants et les humilier. Aussi, il consiste à retourner les opposants de l’aéroport, à les assigner à résidence, à les mettre en cage. Sidya Touré, Abé Sylla, Cellou Dalein Diallo, puis Madame Halimatou Dalein Diallo, ensuite Mohamed Tall ont tous été empêchés de sortir légalement du pays alors qu’ils avaient tous leurs titres de voyage au complet. Il y a quelques jours, c’était le tour de Monsieur Fodé Oussou Fofana de se voir interdire la sortie du pays. De quoi les accuse-t-on ? Qui sera la prochaine victime ? Le pouvoir guinéen souffre et panique. Il pense que les privations de libertés est le gage de sa stabilité. Quelle gageure !

Alors qu’il avait promis le gouverner autrement, un mémorandum lui avait été adressé par les responsables du RPG. Il lui avait été conseillé de ne pas reconduire la Ministre dont le nom était associé à une histoire de détournements d’argent en attendant que la justice finisse ses enquêtes et de tenir compte désormais des responsables ou militants de son parti dans les futures nominations. Cette adresse de bon sens l’a offensée, il a fait fermer les bureaux du RPG prétextant qu’il est celui qui les a construits. Il a ordonné à ce qu’on interdise le siège du parti à ceux qui avaient signé le mémorandum et les a retiré leurs véhicules de service. Gouverner autrement veut dire violer la constitution faite à sa propre mesure en demeurant président du parti.

Le gouverner autrement consiste à fermer les bureaux de l’UFDG et celles de son quartier général. A généraliser le couvre-feu en prétextant la crise sanitaire liée à la Covid-19. Puis, à se mêler de tout et rien, à traquer la démocratie partout où elle donne signe de vie . A la mettre à mort.

« Gouverner autrement «, expression batarde révélatrice de la volonté d’ériger sur les ruines de la constitution de 2010 une dictature à base professionnelle qui consiste à émettre des mandats d’arrêts contre de belles âmes alors qu’elles n’ont fait ni offense ni crime. C’est aussi mener des combats par procuration. C’est en termes simples : aider Salifou Super V et le soutenir contre Antonio Souaré quand ce dernier est un justiciable qui ne se soustrait pas à la justice et qui ne refuserait pas de se présenter devant elle parce qu’il est opposé à un citoyen. Quand Super V avait un mandat d’arrêt contre lui, il n’a jamais été inquiété. Il a plutôt bénéficié d’un décret présidentiel le nommant comme membre du conseil d’administration de Webb Fontaine Group, (la société en charge de la mise en œuvre du guichet unique Electronic, des formalités, procédures et opérations du commerce extérieur). Gouverner autrement signifie: double standard, justice injuste, cabale contre les adversaires des collatéraux et des gouvernants.

Gouverner autrement voudrait aussi dire : emprisonner les adversaires idéologiques et politiques après les avoir accusé de crimes injustifiés et inventés. C’est aussi s’immiscer au nom de l’opposition à l’indifférence dans le congrès électif de la FEGUIFOOT pour y imposer une équipe régnante : KPC, Président, Bouba tri vice-Président , Super V , Secrétaire générale . Enfin, c’est diviser, semer la discorde partout où règnent la paix, la concorde et la quiétude. C’est empêcher ceux qui sont capables d’idées, de transformations, de diriger le pays et leurs structures parce qu’on ne peut pas conduire au progrès et qu’on veut la misère partout.

Oumou Kadé Soumah, Présidente de la NGP.