Une Ordonnance du Colonel Mamadi Doumbouya, Président de la Transition, qui a été lue sur les antennes des médias d’Etat, a annoncé la création de la CRIEF (Cour de Répression des Infractions Economiques et Financières) en République de Guinée. Des politiques se réjouissent de l’annonce de la création de cette CRIEF par les autorités publiques. Des citoyens ne sont pas en reste, mais ils souhaitent « le droit à une justice équitable » tenant compte de la présomption d’innocence des futurs présumés coupables des infractions économiques et financières. Me Fatoumata Yarie Soumah, la Ministre de la Justice, qui s’est invitée sur le plateau du JT de la RTG après l’annonce de la création de la CRIEF, rassure ses compatriotes guinéens : «La CRIEF n’est pas un instrument de règlement de comptes politiques… »
«Les dirigeants actuels de notre pays sont majoritairement neutres (et ont les mains propres), s’il faut questionner quelconque gestion, ce serait (évidemment) celle des anciens dignitaires du régime Condé (Pr. Alpha Condé) pour situer les responsabilités par rapport aux infractions économiques et financières perpétrées sous le magistère de l’ancien Président Alpha Condé afin de savoir la manière dont certains de ces derniers ont accumulé tant de richesses en un rien de temps», s’exprime Ibrahima Sory Diaby avec tant d’enthousiasme tout en faisant cette proposition : «Le gouvernement de la transition doit être en place une équipe d’audit spéciale pour connaître réellement les coupables, ensuite chercher à faire le bilan de l’ensemble des secteurs institutionnels dans l’optique de savoir les départements ministériels qui ont gonflé leur budget de fonctionnement et vérifier si les projets effectués sont en phase avec les coûts des (différentes) réalisations, voir les réalisations-elles afin de traduire les coupables devant les tribunaux»
«Le droit à un procès équitable»
La création de la CREIF en République de Guinée suscite beaucoup d’espoir chez les Guinéens. Tahirou Diallo n’est pas en reste, mais il souhaiterait avant tout que les nouvelles autorités fassent l’inventaire des biens (avant et pendant l’exercice de fonction) des anciens dignitaires du régime du Pr. Alpha Condé. «Cela pourrait faciliter l’identification des criminels économiques ! Il faudrait aussi que tous les secteurs institutionnels collaborent de manière transparente afin de traduire les présumés coupables des infractions économiques et financières, mais il faudrait aussi veiller à ce que le procès soit équitable (sans aucun règlement de comptes politiques). Et pour ce faire, il faut choisir une équipe spécialiste de la gestion», a-t-il martelé tout en affirmant : «Le Gouvernement de la Transition devrait attendre la mise en place du CNT (Conseil National de la Transition) pour qu’il puisse décider ensemble comment mettre en place des méthodes dans l’optique non seulement de faire une réformé importante sur la gestion du patrimoine public, mais aussi de rendre justice et non une mascarade de justice». Mazid Sall de dire sans ambages : «Les criminels économiques sont plus que des terroristes ! Car, si nous nous retrouvons dans la misère aujourd’hui, c’est la conséquence de leur envie d’avoir plus de biens».
Les précisions de la Ministre Me Fatoumata Yarie Soumah
Invitée sur le plateau du JT (Journal Télévisé) de la Radio Télévision Guinéenne (RTG) ce vendredi 3 décembre 2021, Me Fatoumata Yarie Soumah, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, a répondu aux différentes questions de la présentatrice Kadiatou Kaba. «La CRIEF n’a rien de politique et n’est pas un instrument de règlement de comptes politiques encore moins de chasse aux sorcières, c’est un instrument de normalisation», a-t-elle martelé pour écarter toute idée de règlement de comptes politiques. Mieux, elle a dit et redit : «La création de la CREIF est un message de bonne foi envers nos partenaires pour ainsi plus d’impunité de la gestion de la chose publique». Répondant une question portant sur les magistrats qui vont travailler pour cette nouvelle juridiction, elle a révélé : «Ce sont les magistrats spécialistes des questions économiques et financières». «Une spécialisation qui est un gage d’efficacité», s’est-elle défendue. «Les droits seront garantis parce que nous allons faire application du code de procédure et de toutes les lois spéciales qui ont été votées par la Guinée, (…) », a-t-elle dit pour répondre à une autre question portant sur les droits des présumés coupables des crimes économiques et financiers tout en faisant cette révélation pour justifier la création de la CRIEF : «Avant la création de la CRIEF, les infractions économiques et financières étaient jugées par les TPI (Tribunaux de Première Instance) et les Cours d’Appel ordinaires, mais nous sommes partis du constant que ces juridictions avaient de la peine à se prononcer sur les questions sensibles. A date, il y a 40 dossiers qui sont classé dans les tiroirs et qui n’ont pas connu de traitement… »
Abdoulayé Baldé