Hafiz Baldé : « Un imam qui commet une faute lourde en islam doit être (…) par la voie de la fatwa »

Ce lundi 19 septembre 2022, la Rédaction de Farafinainfo.com a fait réagir l’un de ses chroniqueurs, Hafidjouh Baldé, Juriste & Chef d’entreprise de son état aux faits marquants de l’actualité de la semaine écoulée en République de Guinée, dans la sous-région et ailleurs dans le monde – [Actu de la Semaine en 3 Questions] – Entretien …

1) –  El Hadj Yaya Camara a été «radié de ses fonctions d’imam et interdit au nom de l’islam sur toute l’étendue du territoire national» par El Hadj Karamo Diawara, Ministre Secrétaire Général des Affaires Religieuses. Ce dernier a laissé entendre chez nos confrères d’africaguinee.com : «La décision de radiation de l’imam Yaya est toujours maintenue parce qu’il ne respecte les principes d’imamat. Un imam ne peut pas être comme politicien. L’imam, c’est la sagesse, ce n’est pas allé sur Facebook pour dénoncer, se mettre à citer des noms des personnes. Même pendant le sermon, le Prophète Mohamet (PSL) a interdit cela. Lorsque vous faites le sermon, il est interdit de prononcer les noms des gens, ce sont les faits que vous dénoncez ou vous condamnez». Chez nos confrères de mediaguinee.org, l’imam a dit: « El Hadj Karomo Diawara m’a dit de cesser de mentionner le nom du Colonel Mamadi Doumbouya dans mes vidéos». Quelle lecture religieuse faites-vous de la radiation de l’imam Camara  suivie de l’interdiction de parler au nom de l’islam sur toute l’étendue du territoire national ?

Imam El Hadj Yaya Camara

La radiation de l’imam de sa fonction et de son interdiction de parler au nom de l’islam s’apparente plus à un acte politique qu’à une décision de portée religieuse. En utilisant les réseaux sociaux, l’imam agit plutôt comme un citoyen lambda et fait valoir sa liberté d’expression. Les sujets? qu’il aborde, sont plus d’ordres socio-politiques que religieux. Sa cible de critique étant le président de la République, c’est se dernier ou le procureur de la République qui devait s’en offusquer ou porter plainte contre lui. Si l’imam n’utilise pas ses sermons hebdomadaires dans la mosquée pour s’en prendre au Chef de l’État, il n’y a pas raison valable de le suspendre, de le radier. Celui, qui l’a radié, a fait preuve de gel et doit être suspendu pour avoir outrepassé ses prérogatives. Un imam qui commet une faute lourde en islam doit être suspendu, puis radié par la voie de la fatwa et non par l’humeur d’un Ministre ou Secrétariat Général.

2) – Macky Sall, Président de la République du Sénégal, nomme un nouveau Premier Ministre en la personne d’Amadou Ba. Ce dernier a formé un Gouvernement de 38 membres dont 8 femmes et 8 jeunes. Un gouvernement qualifié d’hommes et de femmes d’expériences», qui seront au service de leurs compatriotes sénégalais. Quel regard portez-vous sur ce nouveau gouvernement sénégalais ?

Amadou Ba, nouveau Premier Ministre

La nomination de ce nouveau Premier Ministre par Macky Sall était prévisible. Suite au raz de marée électoral de l’opposition aux élections législatives passées, il devait réorganiser ses troupes. Cette équipe gouvernementale, qualifiée d’expérience et au service des Sénégalais, a deux significations. D’abord cela est un signe envers les Sénégalais pour leur dire que Macky Sall a compris leurs préoccupations et leur mécontentement. Cette nouvelle équipe est donc censée apporter une réponse à la grogne sociale des passagers de la pirogue SUNUGAL. Cela est d’ailleurs d’une urgence criarde. Les Sénégalais, comme, tous les autres africains font face aux défis du moment : conséquences du Covid, tempête de l’inflation, chômage….

Il est donc primordial de soigner ces maux dont souffre la base électorale de Macky Sall et de son parti politique. Ensuite, la nomination de ce nouveau Premier Ministre laisse penser que le Président Macky Sall prépare sa relève. Le nouveau premier ministre est de son parti politique. Il est également un de ses fidèles lieutenants. Il est très expérimenté et c’est un bon stratège. Il a tous les atouts pour succéder à Macky Sall au sommet de l’État un jour.

3) – Le Colonel Assimi Goïta, Président de la Transition Malienne, qui a présidé le lancement de la 1ère édition de la SENARE (Semaine Nationale de la Réconciliation), a exhorté «les Maliens à développer l’esprit de pardon et de réconciliation en se focalisant sur ce qui nous rapproche plutôt que de ce qui nous éloigne les uns des autres» tout en lançant cet appel aux mouvements signataires : «Le temps est venu de passer à l’union sacrée pour une Nation  et une armée refondée». Quel commentaire faites-vous de cette toute première édition de la SENARE ?

Une image de la SENARE

Le Président malien a besoin de fédérer  les Maliens autour de son projet de réunification de ses concitoyens et de la refondation de l’État. En tenant tête au monstre FRANCAFRIQUE, il fédère déjà autour de lui tous les nationalistes et tous les panafricanistes ainsi que tous ceux qui détestent le système néocolonial de la  » France-à-fric » qui se nourrit des richesses africaines comme une sangsue. La dure réalité des sanctions imposées au Mali par la France via ses valets de CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) oblige la junte malienne à encourager la population et donner espoir à ceux qui commencent à grincer des dents. Cette SENARE est donc un moyen de galvaniser les populations afin qu’elles tiennent bon malgré les difficultés.

Rédaction de Farafinainfo.com