Depuis des années maintenant, l’État mauritanien se livre à une politique irraisonnée d’accaparement et de bradage des terres de la Vallée au bénéfice de sociétés étrangères ou de spéculateurs mauritaniens.
Cela a été le cas, en 2015, avec l’Autorité Arabe pour l’Investissement et le Développement agricole (AAAID), bénéficiaire de 3200 hectares de terres du Brakna. Ce qui, il y a 5 ans, avait conduit une délégation des populations des communes d’Ould Birome, Dar El Barka et dar El Avia (Moughataa de Boghé) à Nouakchott pour protester contre l’accaparement de leurs terres et s’opposer au démarrage des travaux d’aménagement.
Aussi, la poursuite de l’accaparement, dans la commune de Dar El Barka, des terres de la cuvette de KARAWLATT WOULLOU N’DIAYE située au sud de l’affluent de KOUNDI a provoqué une résistance pacifique des populations violemment réprimées par les forces de l’ordre. Et ce, en dépit de la lettre du 13 octobre 2010 des exploitants légitimes, adressée aux autorités de Boghé et enregistrée sous le N°151 rappelant leurs droits de propriété sur ces terres.
Mais, dix ans après, l’Etat n’a pas daigné faire suite à leur requête, faisant la sourde oreille au moment où les exploitants étrangers s’évertuent à se ruer sur ces terres, sans crainte des risques que cela pourrait entraîner pour la paix et pour la quiétude sociale.
La CVE dénonce ces attributions des terres de la Vallée, qui violent de manière flagrante les codes foncier, forestier, pastoral et environnemental de la Mauritanie et qui constituent une atteinte grave à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (C.A.D.H.P).
Hélas, malgré la sonnette d’alarme tirée à plusieurs reprises par les partis politiques et la société civile, ne tirant aucune leçon des évènements survenus le 23 Mars 2015 et qui se prolongent encore aujourd’hui dans l’arrondissement de Dar El Barka, le gouvernement continue de s’entêter dans une « politique agricole » irresponsable de dépossession et d’injustice à l’égard de pauvres citoyens de leur seul moyen de subsistance, la terre.
Les exemples de cette politique agricole aventuriste trouvent leur illustration dans l’attribution, en 2010, de 50500 hectares de terres sous pluie à la société saoudienne, Tabouk Eziraiya Errajihii, dans une zone à haute intensité pastorale, couvrant diverses parties des communes de Dar El Avia, Ould Birome, Dar El Barka et Boghé. Il en a été de même, en Mai 2013, avec l’attribution de 50000 hectares et 31000 hectares de terres du Trarza et du Brakna à l’entreprise saoudienne Al-Rajihi, sous forme de bail, contraignant les populations de Donnaye à traverser le fleuve pour enterrer leurs morts au Sénégal.
Face, aujourd’hui, au grave danger que fait peser sur la Mauritanie la continuation de cette déplorable politique, la CVE :
- Dénonce avec énergie la spoliation des terres des citoyens ;
- réaffirme son soutien total et entier aux populations victimes, en général, et celles de la zone de Dar El Barka, en particulier, dans leur combat légitime contre la spoliation de leurs terres ;
- rend l’Etat mauritanien seul responsable des conséquences de ses actes sur la paix et la cohésion sociale ;
- exige l’annulation pure et simple de tous les projets d’attributions des terres à vocation agropastorale, au vu des dangers qu’ils constituent ;
- encourage, à défaut de toute consultation ou de consentement, les populations concernées à refuser le bradage de leurs terres au profit de l’agro-business, au détriment de la paix et la cohésion sociale.
- lance un appel pressant aux autorités étatiques pour la mise en valeur des terres au profit des exploitants locaux et l’arrêt immédiat de toute forme de répression contre de paisibles citoyens victimes de l’arbitraire.
Nouakchott, le 21/08/2020
Commission Communication de la CVE