MONDE. Dans ses dernières déclarations polémiques, Donald Trump s’attaque à l’intelligence artificielle chinoise qui connaît un succès mondial. Vivement une IA africaine pour résoudre nos problèmes locaux.
Par Marwa Sid Ahmed, Journaliste Farafinainfo.com
Donald Trump ne chôme pas, toujours aussi violent dans ses déclarations, a récemment ravivé le débat autour de l’intelligence artificielle chinoise DeepSeek, dénonçant une « invasion numérique » orchestrée par Pékin.
Pour le président américain, cette montée en puissance des géants technologiques chinois, comme Baidu et Tencent, constitue une menace économique, stratégique et culturelle majeure. Selon ses dernières déclarations, les ambitions chinoises dans le domaine de l’intelligence artificielle ne sont rien de moins qu’une tentative de domination mondiale, nécessitant une riposte immédiate des États-Unis.
Lors de son premier mandat, les tensions entre Washington et Pékin étaient déjà palpables, avec des mesures musclées contre Huawei et TikTok. Aujourd’hui, dans un contexte où l’intelligence artificielle est devenue un enjeu central, ces rivalités prennent une ampleur inédite. L’IA ne se limite plus à une compétition technologique : elle redéfinit les rapports de pouvoir au niveau mondial. Mais derrière cet affrontement titanesque entre les deux superpuissances, une question essentielle se pose : où se situe l’Afrique dans ce bouleversement technologique ? Sommes-nous des oubliés ou des marionnettes aux pieds des deux géants ?
Une guerre technologique qui s’intensifie
L’inquiétude de Donald Trump envers DeepSeek reflète un défi bien réel. Les investissements massifs de la Chine dans la recherche et le développement technologique lui permettent de rivaliser avec les géants américains, comme Google, Meta et OpenAI. Ces avancées ne concernent pas seulement les applications commerciales, mais également des domaines sensibles, tels que la cybersécurité, la surveillance et la manipulation de l’information.
Face à cette dynamique, Trump appelle à une souveraineté technologique américaine, prônant un encadrement strict des technologies venues de Chine. En jouant sur la fibre patriotique de ses électeurs, sur un ton menaçant pour l’IA chinoise, ses déclarations n’ont pas été appréciées par de nombreux utilisateurs, bienheureux des possibilités de DeepSeek.
Cependant, cette rhétorique, bien qu’alarmiste, soulève des questions fondamentales : les pays peuvent-ils vraiment contrôler l’avenir de l’IA de manière autonome, ou cette technologie transcende-t-elle les frontières et exige-t-elle une gouvernance mondiale
L’Afrique, terrain de conquête numérique ?
Si la Chine et les États-Unis se livrent une guerre froide numérique, l’Afrique, elle, se retrouve souvent au milieu, plus comme spectatrice que comme actrice. Pékin a déjà pris une longueur d’avance sur le continent grâce à ses investissements massifs dans les infrastructures numériques, notamment à travers Huawei et son rôle dans le déploiement de la 5G. Ces partenariats permettent à de nombreux pays africains de se connecter au monde, mais à quel prix ?
La dépendance des nations africaines aux technologies importées soulève des inquiétudes croissantes sur la souveraineté numérique. Qui contrôle les données collectées sur le continent ? Les technologies implantées répondent-elles réellement aux besoins des populations locales, ou sont-elles conçues pour servir des intérêts étrangers ? Ces questions sont d’autant plus cruciales que l’Afrique abrite la population la plus jeune du monde et un immense potentiel en termes d’innovation et de consommation.
Une leçon pour l’Afrique
L’affrontement sino-américain autour de l’IA offre à l’Afrique une opportunité unique de tirer des enseignements. Si ces deux puissances se disputent le leadership technologique mondial, c’est parce qu’elles ont compris que l’intelligence artificielle façonnera les économies et les sociétés de demain. Pour l’Afrique, rester spectatrice dans cette compétition équivaudrait à passer à côté d’une révolution cruciale.
Heureusement, des initiatives locales commencent à émerger.
Des centres de recherche et d’innovation en intelligence artificielle voient le jour au Rwanda, au Nigeria et en Afrique du Sud. Des start-ups africaines, telles que Data Science Nigeria ou AIfluence, tentent de développer des solutions adaptées aux réalités locales. Cependant, ces efforts restent dispersés et insuffisants face à l’ampleur des défis.
Pour que l’Afrique prenne sa place dans cette nouvelle ère technologique, plusieurs axes doivent être privilégiés. D’abord, investir massivement dans l’éducation pour former une main-d’œuvre qualifiée en intelligence artificielle. Cela inclut la création d’écoles spécialisées, mais aussi l’intégration des compétences numériques dans les systèmes éducatifs dès le plus jeune âge.
Une IA africaine
Il faut financer les start-ups locales, en leur offrant un environnement favorable à l’innovation. Des fonds d’investissement dédiés à la tech africaine pourraient jouer un rôle clé dans cet écosystème. Enfin, protéger les données des Africains en adoptant des régulations strictes, inspirées des modèles européens ou américains, mais adaptées aux réalités du continent.
L’Afrique n’a pas à choisir entre la Chine et les États-Unis. Elle peut, au contraire, tracer sa propre voie en misant sur une intelligence artificielle éthique, inclusive et tournée vers les besoins purement africains et locaux. Notre avenir commun est un continent où l’IA est utilisée pour optimiser l’agriculture, améliorer l’accès à l’éducation, résoudre les problèmes d’accès à la santé dans les zones reculées, résoudre des conflits, anticiper sur les ressources naturelles et offrir des solutions durables pour le développement de nos pays.
M.S.A