LE MANDEN : Origine, signification et Charte

Plusieurs versions populaires tournent autour de l’origine et de la signification du terme Manding. Cependant, deux parmi elles polarisent les attentions. D’après une première version, le terme Manding sans ‘’ue’’ désigne le territoire. Il viendrait du mot Mandenka qui dériverait de deux termes en maninkakan : Manden qui indique le territoire et le suffixe ka qui signifie ‘’habitant’’.

 Le terme Manding est ainsi une déformation occidentale de l’expression Mandenka qui signifie en maninkakan ‘’habitant du Manden’’. Le suffixe ka signifiant ‘’habitant’’. Tandis que le terme Mandingue avec ‘’ue’’ à la fin, est un adjectif qui signifie ‘’ce qui se rapporte au Manding ou qui fait partie des peuples composant ce vaste territoire’’. Également, le mot Malinké est une déformation occidentale de Maninka qui est aussi une contraction de Mandenkakan et qui signifie ‘’la voix de l’homme du Manden’’, c’est-à-dire la langue du Manden.

L’autre version estime que le terme Manding provient de la déformation de l’expression maninkakan. ‘’Ma din’’ qui signifie ‘’regroupons-nous’’.

Toutefois, pour coller à la tradition, nous utiliserons les termes Manden pour désigner le territoire, Mandenka pour parler de l’habitant du Manden ou de tout ce qui se rapporte au Manden ; et Maninkakan, pour évoquer la langue malinké.

Sous le règne de Taabon Camara, Wankarandougou grandit et devint une terre prospère. Il prit le nom de Sankaran puis, devint Woudouma, pour désigner ‘’une terre de bonheur’’. Selon cette version, une deuxième vague de Mandenka serait venue du Ghana, premier Empire de l’Afrique occidentale fondé par les Soninké vers le 4e siècle, dont la capitale fut Koumbi-Saleh.

Cette capitale Koumbi-Saleh fut reprise et détruite par les almoravides. Cette version soutient que quand les musulmans rigoristes, les Almoravides (dynastie berbère saharienne) annexèrent entre 1076 et 1077 l’Empire du Ghana pour l’islamiser de force, douze frères, ne voulant pas du tout embrasser la religion musulmane, à la tête de nombreuses personnes, quittèrent l’Empire du Ghana, avant la disparition de celui-ci. Ils partirent s’établir dans un endroit où ils eurent la totale liberté d’adorer leurs idoles.

Au nombre de ces douze personnes, les frères Sogo Sogo Tiyadjan, Malé Santigui, Malé Bänin, Bafara, Kili Mansa Thiokolé, Fakomè, Damansa.

Touroubé, Mansa Kéra, Kanin Simbo, Kabala Simbo, Kanigno Simbo et Lawali Simbo, tous de grands chasseurs, constituèrent au départ, de petits États. Là où ils s’installèrent, il y avait en abondance des terres fertiles, cultivables et propices à la chasse. Ainsi, ils décidèrent tous de s’installer définitivement sur ces nouvelles terres, renonçant ainsi à retourner au Ghana. Sur ces nouveaux territoires, ils trouvèrent d’autres peuples, notamment des Camara. Ils s’installèrent à côté de ceux-ci.

Cette même tradition raconte que ces douze frères se promirent de rester ensemble, de s’établir dans ces nouvelles terres puis, de fonder leur propre royaume.

Quelques temps après, ils retournèrent au Ghana, mais c’était tout juste pour aller chercher tout ce qu’ils y avaient laissé de précieux notamment les familles et tous les autres biens qu’ils pouvaient emporter.

Au départ, ils s’installèrent de façon disparate dans ce nouvel habitat. D’autres personnes également qui tenaient aux mânes des ancêtres comme eux, les rejoignirent un peu plus tard. Ainsi, ils formèrent trois grandes provinces dirigées par :

  1. les Condé qui régnèrent sur la province du Do ;
  2. les Camara sur le Bouré ;

3.et les Keïta, alliés aux Traoré, régnèrent sur le Kiri.

Vers 1050, les Konaté-Keïta s’imposèrent sur les Condé et les Camara dans la contrée. Ils imposèrent l’Islam à tous et refusèrent de faire allégeance à l’Empire du Ghana.

Le père de Soundjata Keïta, Naré Maghann Konaté, régna sur le Manden vers le début du XIIIe siècle. Il élit sa capitale à Dakadjalan. Naré Maghann Konaté, s’opposant aux nomades qui venaient du Sahara pour capturer des esclaves, invita les royaumes voisins à unir leurs forces pour combattre les esclavagistes.

Le terme Manden, selon cette version, tire son origine de l’expression maninkakan ‘’ An ka an mâ din’’, qui veut littéralement dire ‘’regroupons-nous’’. ‘’ An ka an mâ din’’, par contraction, aurait donné ‘’Mâ din’’, avant que l’articulation Manden ne finisse par s’imposer, désignant un territoire qui deviendra le berceau de l’Empire du Mali. Il faut, cependant, rappeler que l’unification des royaumes de la contrée ne fut possible que sous le règne de Soundjata Keïta.

Une troisième version raconte que le terme Manding est composé de deux morphèmes : Man qui désigne ‘’un lamantin’’ et den qui signifie ‘’petit’’. Selon cette version donc, Manden signifie ‘’le petit lamantin’’.

Fondé par les peuples mandenka avec à leur tête Soundjata Keïta, le fils du roi de Kiri, Naré Maghann Konaté, l’Empire du Mali existera entre les XIIIe et XIVe siècles en Afrique de l’Ouest. Il s’étendait de l’océan Atlantique à la grande boucle du Niger, c’est-à-dire de l’est des actuelles Républiques du Mali, de Guinée, du Sénégal, de Guinée-Bissau, de Gambie, du sud de la Mauritanie, de l’ouest du Burkina Faso et du nord de la Côte d’Ivoire. Sa capitale était à Niani, dans l’actuelle République de Guinée, et Kolomba Camara en serait le fondateur.

Une quatrième version raconte que le terme Manding tire son origine d’une expression de la langue Maraka ‘’Makan den’’ qui signifie littéralement ‘’fils de Makan’’. Makan désigne un titre en Maraka et signifie ‘’Roi’’ et den signifie ‘’fils’’, ce qui donnerait ‘’fils de Makan’’. Maka den subira l’effet de l’érosion du temps pour donner finalement Manden. Cette dernière version désigne ‘’les fils du roi’’.

Par ailleurs, il ne faut pas résumer le Manden aux seuls Maninka. Du fait généralement de l’instrumentalisation des communautés notamment pour des raisons souvent politiques, beaucoup de personnes confondent très souvent ces deux éléments. En réalité, le premier est le contenant du second.

En effet, le maninka est une ethnie. Il est l’une des composantes ethniques du Manden. Alors que le Manden est le vaste territoire, cet ensemble composé de plusieurs communautés ethniques ayant plus ou moins les mêmes caractéristiques linguistiques, culturelles ou civilisationnelles. Il regroupe différents peuples mandenka qui ont leurs dialectes. Le Manden va ainsi au-delà de l’ethnie maninka.

Le Manden, berceau de l’Empire du Mali et des civilisations maninka, comprend une vingtaine de langues. C’est un continuum de dialectes disséminés à travers l’Afrique de l’Ouest, notamment en République de Guinée, au Mali, au Sénégal, en Gambie, en Côte d’Ivoire, en Sierra Leone, au Libéria, au Burkina Faso, en Guinée Bissau, au Ghana et au Niger. Il concerne des populations issues de différentes ethnies : Maninka, Soninké, Djallonké, Sosso, Wolof, Sérère et autres. L’ethnie la plus présente étant le maninka.

Autrefois au Manden, la différenciation des personnes composant un groupe social ne se faisaient pas sur la base ethnique, mais plutôt en fonction de l’appartenance à un clan. L’ethnocentrisme en Afrique trouve ses racines profondes dans l’époque coloniale. Contrairement à ce que nombre d’Africains pensent, l’ethnocentrisme en Afrique ne prend pas ses racines dans l’après-indépendance, il existait bien avant l’indépendance des pays africains.

Tiré du livre ‘’Manden Si ou les noms de famille du Manden et autres traditions des mandenkas, Sens, significations et origines’’

Tiré par Sayon Mara, Juriste

 

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