Par Prof. Gourmo Abdoul Lo
Le débat à l’Assemblée nationale sur un projet de loi portant sur la protection des consommateurs a donné l’occasion de rouvrir le débat sur l’usage du français dans le pays. Un député (de la majorité) a proposé que soit purement et simplement supprimée du projet, la mention portant sur l’ étiquetage des produits dans une autre langue que l’ arabe, sauf pour la langue de leurs pays d’origine. En clair, la proposition d’amendement du député consistait à rejeter, dans la loi sur la protection des consommateurs, l’usage du français sans le dire explicitement. A nouveau, à l’ Assemblée Nationale, se posait la question du statut de la langue française dans le pays, c’ est à dire l’usage qui pouvait en être fait, officiellement . Un débat serein et riche fut ouvert.
Intervenant le premier après le dépôt de l’ amendement sur la question, le député et Président de l’ UFP, Mohamed Maouloud, eut l’occasion de clarifier la position du parti sur la question, en rappelant l’ exigence de protection de manière égale, des locuteurs de toutes les langues utilisées dans le pays, sans discrimination. En conséquence, il demanda le rejet pur et simple de l’ amendement.Cette ferme position entraîna le ralliement massif de la grande majorité des députés dans le rejet de cet amendement dont l’ adoption aurait ajouté une couche de plus dans le processus d’ exclusion des » non arabisants » dans le pays. Il est important de noter que ce rejet provenait à la fois des députés de l’opposition et de la majorité et constitue un véritable consensus dans l’interprétation que l’ Assemblée nationale se fait de l’ égalité formelle des locuteurs des langues en usage dans le pays. C’ est un signe positif du climat qui règne en ce moment au sein de l’Assemblée pour la première fois depuis des décennies.
Il serait judicieux pour une question de société comme celle là, que tous les députés patriotes se départissent de toute étroitesse d’ esprit et acceptent d’ouvrir plus largement le débat sur la question nationale, en reconnaissant plus ouvertement ce qu’ils viennent de reconnaître implicitement : l’ égalité complète des locuteurs des langues nationales du pays (devant être toutes officialisées) et des langues officiellement en usage dans le pays ( arabe et français , comme langues officielles d’ enseignement actuelles du pays) et leur droit à un traitement égal vis à vis des pouvoirs publics.
Ce serait un pas important accompli par l’ Assemblée pour sa réhabilitation historique, après la mise sur pied sans précédent de la Commission d’ enquête sur les crimes économiques et les perspectives de la voir ouvrir d’ autres chantiers de grande importance comme le « passif humanitaire », la cohésion sociale et l’indépendance économique du pays.
GAL