Lettre d’Algérie: Activistes ou malfaiteurs ?

Par Chahredine Berriah

Said C. est un adolescent de 15 ans. Il a été interpellé, samedi dernier, avec d’autres personnes lors d’une tentative de marche à Alger. A sa sortie du commissariat où il a été auditionné pendant plusieurs heures, il a accusé, choqué et en pleurs, dans une vidéo  des policiers d’ “agression sexuelle ». Une vidéo où apparaissaient d’autres activistes du hirak, le mouvement populaire contestataire.

Aussitôt, la Sûreté de la wilaya d’Alger a réagi en annonçant l’ouverture d’une enquête. Le Procureur général près la Cour d’Alger, lors d’une conférence de presse 24h plus tard,  citant le rapport du médecin légiste, a indiqué pour sa part  que “le jeune garçon n’avait pas subit d’acte contre nature”

Rebondissement dans ce scandale:  le tribunal de Sidi Mhamed à Alger a placé sous mandat de dépôt, jeudi dernier, les cinq activistes du Hirak  dont le poète du mouvement, arrêtés dans le cadre de cette l’affaire.

Ils encourent de longues peines de prison au vu des griefs retenus contre eux, comme rapporté par  la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH), à savoir « association de malfaiteurs », « diffusion de fausses informations de nature à troubler l’ordre public », « atteinte à la vie privée d’un enfant et son exploitation à des fins contraires à la morale », « incitation à la débauche » et « détention de stupéfiants ».

Seulement, la justice du régime ne jouissant d’aucune crédibilité, est accusée par le Mouvement de “faire dans la diversion et la manipulation pour tenter d’affaiblir le hirak et retourner le peuple contre nous. Ces militants n’ont rien de malfaiteurs, ce sont d’honnêtes gens, de vrais nationalistes. L’essentiel, on n’arrêtera pas nos manifestations jusqu’au départ de ce pouvoir scélérat”

Pour faire taire les voix libres, les bandits au pouvoir ont plus d’une astuce machiavélique dans leurs besaces. En attendant les promesses de “l’Algérie nouvelle” de Tebboune, le peuple s’enfonce dans la précarité.

C.B