Lettre d’Algérie: Carte professionnelle…

Par Chahredine Berriah

Le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer,  n’a pas bonne presse auprès des journalistes, c’est le moins qu’on puisse dire.

Et pour cause, pour justifier la condamnation à trois ans de prison ferme de Khaled Drareni, il a affirmé ridiculement que le journaliste en question ne détenait pas sa carte professionnelle. Un document que le prédécesseur de M. Belhimer avait proposé aux journalistes sur la base de pièces fournies auprès des organes de presse (attestation de travail, attestation d’assurance, extrait de naissance et photocopie de la carte nationale d’identité)

Une carte de presse que beaucoup de professionnels ont snobée parce que ne reconnaissant pas ledit ministère et que, en dehors du côté administratif, un journaliste, ce n’est pas un bout de papier qui n’ouvre aucune porte, mais ce sont ses articles, ses reportages, ses enquêtes… Des professionnels qui reconnaissent les cartes professionnelles et les ordres de mission de leurs employeurs, les journaux dans lesquels ils travaillent, et pas plus.

  1. Belhimer, qui s’érige en donneur de leçons, n’est pas une plume connue. On n’a pas en mémoire ses articles… lui qui a travaillé pour le « tout-va-bien » c’est-à-dire le quotidien gouvernemental El Moudjahid que pratiquement personne ne lit, même pendant le parti unique.

Le plus grave, pour faire diversion, ce ministre veut faire croire que Drareni est un journaliste clandestin, en occultant le fond du problème qui consiste à bâillonner les journalistes.

Ironie du sort, et c’est la totale d’un régime qui gouverne à l’aveuglette, Khaled Drareni, ce « clandestin » avant son incarcération, avait le « privilège » d’interviewer le président de la république.

Une question simple : comment  les services de la présidence et le ministre de la communication avaient ouvert le palais présidentiel d’El Mouradia au journaliste sans cette fameuse carte professionnelle pour interviewer le chef de l’Etat ?

Le prétexte pour emprisonner les journalistes est fallacieux, M. le ministre. La couleuvre est dure à avaler.

Nous savons que notre justice est au service du régime, au lieu d’être à celle du droit. Nous continuerons à écrire parce que c’est notre métier que nous avons libéré avec notre persévérance, notre résistance, notre amour pour l’Algérie.

 Beaucoup de nos collègues ont été assassinés pendant la décennie noire pour le seul crime d’écrire. Et on ne va pas abdiquer, malgré l’odeur de vos prisons qui nous menacent…

C.B