Lettre d’Algérie: Corona… Ministre de la Culture

Par Chahredine Berriah

A chaque chose, malheur est bon, dit-on. Et c’est vrai, en ce sens que  jamais l’Algérien, les citoyens d’autres pays, aussi, n’ont autant lu de livres qu’en cette période du covid-19.

Un virus  qui a un pouvoir de stimulation que tous  les Gouvernements qui se sont succédé  dans  mon pays n’ont pu avoir.

Ce  n’est pas une question de confinement, encore moins celle d’un quelconque isolement. Nous Algériens, nous avons toujours été isolés de nos gouvernants, même si nous respirons sous le même ciel. Ces derniers ont toujours pris les décisions sans nous consulter. Et même lorsqu’ils organisent des référendums ou des élections pour donner un semblant de démocratie dans la gestion des choses de notre vie, les bulletins que nous citoyens  mettons dans les urnes, ne sont pas ceux qui sont comptabilisés pendant le dépouillement. Notre régime est magique. Tu mets un « non » dans la boîte, il en sort un « oui ». C’est comme ça.

Dans nos écoles, on choisit des livres pour nous. En cette période, la pandémie  nous donne le libre choix des titres à consulter. Un véritable pied de nez à notre gouvernement qui, malgré ses moyens de censure, perd la bataille.

Le coronavirus nous a réhabilités avec notre culture universelle, particulièrement africaine…

Au moment où le conseil des ministres, réuni aujourd’hui, a fait passer des lois quasiment en catimini, nous les Algériens, nous avons lu des livres et nos ministres n’ont vu que du feu. C’est du donnant donnant !

Et si le covid-19 arrange bien des politiques dans leur manichéisme, il faut reconnaître aussi, qu’il nous arrange, nous aussi, dans notre liberté de nous instruire librement.

Pas grave donc si cette pandémie s’accorde une petite prolongation…

CB