Par Chahredine Berriah
« Si tu parles, tu meurs. Si tu te tais, tu meurs. Alors, dis et meurs » disait le journaliste et écrivain algérien, Tahar Djaout, avant son assassinat de deux balles dans la tête, le 26 mai 1993, par les criminels du groupe islamiste armé (GIA).
27 ans plus tard, du sang a moins coulé, mais beaucoup d’encre a séché, L’encre des journalistes, mis en prison parce qu’ils ont trop écrit ou trop parlé. Beaucoup, aussi, sont morts de maladies ou de précarité. Beaucoup, également, se sont vendus pour ne pas mourir de maladies, de précarité… ou qui, simplement, ont cassé leurs plumes par pragmatisme, un euphémisme à la lâcheté. Pas grave, parce que chez nous, le journalisme ne fait pas l’opinion.
27 ans plus tard, l’Algérie est devenue le plus grand pays d’Afrique… mais a gardé le même régime autocratique. Une « grandeur » qui n’a rien à voir avec une quelconque gouvernance, mais par le service involontaire rendu par un pays frère qui avait préféré se raccourcir.
27 ans plus tard, mon pays, comme toute la planète, est frappé par un virus mortel… qui commence à susciter mille et un doutes sur son existence réelle. Nos gouvernants ont compris mieux que les autres experts du monde qu’il faut « libérer le peuple » et décréter une déconfinement total, depuis hier. Mais en même temps, décider de remettre en prison des journalistes, ceux qui parlent et écrivant toujours.
Mes concitoyens, fêtant à outrance le retour anormal à la vie normale, comme ils l’ont fait lorsqu’on avait battu en finale la sélection sénégalaise en coupe d’Afrique de 2029, n’y ont vu que du feu.
C’est la magie de nos gouvernants qui libèrent un peuple et emprisonnent sa conscience.
Ben alors, si tu parles, tu vas en prison, si tu te tais, tu es quand même en prison dans la grande superficie du continent… malgré le déconfinement.
Alors, parle et… je me tais !
C. B