Lettre d’Algérie: Des chiffres… et des quolibets

Par Chahredine Berriah

Décréter un couvre-feu entre 20h et 5h du matin dans une région, un autre de 13h à 5h dans une autre  et accorder la liberté totale de circuler dans le reste du pays, est une  gestion hasardeuse et peu professionnelle de la pandémie par les pouvoirs publics. Si bien que les citoyens estiment légitime de n’accorder aucun crédit aux décisions gouvernementale « On fait ce qu’on veut toute la journée, mais on doit se cloîtrer à partir de 20h et ne sortir qu’à 5h, cela veut-il dire que le coronavirus s’accorde une sieste la journée et ne se réveille que la nuit ? C’est ridicule ! » commente un médecin d’un ton satirique.

N’accordant aucun crédit, ni confiance à ce pouvoir, les Algériens en grande majorité ne respectent aucune consigne (port de la bavette, distanciation sociale, gestes barrières…) et ne craignent aucune méthode répressive (amendes, prison…).

« Ils nous mentent, avant hier dans notre wilaya  (département), ils avaient annoncé 18 cas positifs, hier 00 cas et aujourd’hui 25 ? Cela ne répond à aucune logique scientifique…  Ils gardent ce réflexe manichéen de manipuler les chiffres pour frauder dans les élections… » croit devoir renchérir un simple commerçant.

Las de ne pouvoir obliger les gens de se protéger contre le virus, les gouvernants, en mal de légitimité,  s’ingénient à convaincre le peuple qu’il existe. Parce que les Algériens ont fini par ne plus croire à l’existence du coronavirus.

L’art de la communication et de la persuasion n’est pas le fort d’un régime habitué à mentir  en toute circonstance, si bien que même lorsqu’il lui arrive de dire une vérité générale, le peuple n’en a cure.

En attendant, le régime a réussi à isoler davantage le peuple : les plages, les parcs, les hôtels, les restaurants, les cafés, les mariages, les circoncisions, l’école, le sport… les rassemblements sont interdits  aux Algériens, qui font tout le contraire en défiant leurs décideurs.  L’Algérie est fermée au monde. Mais, cela ne date pas d’aujourd’hui…

C.B