Lettre d’Algérie: La journaliste et les fils du général…

Par Chahredine Berriah

Le journal El Watan, premier quotidien francophone algérien d’informations générales, a été sanctionné par le pouvoir en le privant de la publicité publique et une de ses journalistes, Salima Tlemçani, est menacée de mort, après la publication, le 31 août 2020, d’une enquête intitulée « Les détails d’une fortune à l’ombre du général »

Déjà, le jour de la parution de l’article, à l’aube, des « inconnus » ont fait le tour de tous les kiosques du pays pour acheter tous les exemplaires, si bien qu’au lever du jour, les lecteurs du journal ont cru que leur canard n’avait pas été diffusé.

Qu’est ce qui explique ce branle bas de combat d’un régime qui tremble à la moindre révélation d’un média crédible ?

Une enquête d’El watan, avec preuves à l’appui. Quelques extraits :

« Après avoir fait l’objet d’une Interdiction de quitter le territoire national (ISTN) le 18 août, d’après des sources proches du dossier, les services de sécurité se penchent actuellement sur l’origine des biens des deux enfants de feu Gaïd Salah, général et chef d’état- major de l’armée (…)  les deux fils de Gaïd Salah sont à la tête d’ une fortune colossale, amassée majoritairement du temps de l’ex-wali  (préfet) de Annaba El Ghazi, actuellement en prison (…) Adel et Boumediene sont en effet à la tête de plusieurs entreprises, de biens immobiliers et de terrains. plusieurs entreprises au dinar symbolique (…) et d’un hebdomadaire local, entre autres, qui bénéficiait règulièrement de quatre pages de publicité…

Des langues se sont déliés pour révéler que “leurs pratiques  (les deux fils) se sont étendues à d’autres wilayas où les chefs de l’exécutif (walis) ne lésinaient sur aucun moyen (légal ou non) pour les satisfaire pour éviter une disgrâce certaine…”.

Le culot, les deux fils ont porté plainte contre le journal accusé de  “calomnie,  de porter atteinte à la mémoire du défun et  également de porter atteinte à l’image de l’Armée nationale populaire”. Rien que cela: le voleur pris la main dans le sac qui crie à l’injustice.

Aujourd’hui, El Watan et ses travailleurs au nombre de 150, sont non seulement voués aux gémonies, mais aussi menacés de perdre leur travail.

C’est cela “L’Algérie nouvelle” que veut bâtir le président Abdelmadjid Tebboune intronisé par les militaires et toujours contesté par le mouvement populaire.

En Algérie, publier un article qui ne va pas au sens du poil, c’est signer son arrêt d’activité, avec en prison une condamnation à la prison.

El Watan continue de survivre grâce à ses fidèles lecteurs et au militantisme de ses journalistes…

C.B