Lettre d’Algérie: Le gouvernement règle ses comptes avec les migrants subsahariens

Par Chahredine Berriah

A chaque fois qu’il se trouve à court d’idées ou qu’il veut faire dans la diversion, le gouvernement algérien puise dans sa boîte manichéenne: sa dernière trouvaille, la chasse aux migrants subsahariens.

Depuis le début du mois de septembre, l’Algérie a expulsé plus de 3 400 migrants d’au moins 20 nationalités différentes vers le Niger, dont 430 enfants et 240 femmes, a déclaré Human Rights Watch, hier 9 octobre.

Parmi les villes où des rafles ont récemment eu lieu figurent Tlemcen, Oran (ouest du pays), Alger, Blida, Boumerdès, Tipaza, Zeralda (centre) Sétif et Annaba (est).

“Cela porte le nombre de personnes expulsées sommairement vers le Niger cette année à plus de 16 000, dont un peu plus de la moitié sont des Nigériens”

L’ONG précitée précise que “Les autorités algériennes ont regroupé la plupart des Nigériens à bords de camions ou de bus bondés, avant de les remettre à l’armée nigérienne, dans le cadre de convois de rapatriement « officiels » ; d’autres, dans des convois dont les passagers étaient de nationalités mixtes, ont été abandonnés en plein désert, près de la frontière”.

 Lauren Seibert, chercheuse auprès de la division Droits des réfugiés et migrants de human Rights watch, a indiqué que  “L’Algérie a certes le droit de protéger ses frontières, mais pas de placer en détention arbitraire et d’expulser collectivement des migrants, dont des enfants et des demandeurs d’asile, en l’absence de procédure légale”

Entre 2016 et 2018, Human Rights Watch a déjà documenté des expulsions abusives de migrants par l’Algérie, qui a reconduit environ 25 000 vers le Niger 2019, rapporte la même source se basant sur des organisations à but non lucratif et l’ONU.

Le 1er octobre, le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’aménagement du territoire, Kamel Beldjoud a annoncé, jeudi, le rapatriement de plusieurs migrants clandestins de différentes nationalités, affirmant que l’Algérie avait adopté une stratégie nationale de lutte contre la migration clandestine dans le strict respect des traités internationaux.

C.B