Lettre d’Algérie : Le rapport Stora, le silence algérien

Par Chahredine Berriah

La question mémorielle entre l’Algérie et la France, 59 ans après la fin de la guerre de libération, demeure vivace et sujet de débats, de polémiques et de colère.

 Le rapport rédigé par l’historien Benjamin Stora, au président français, Emmanuel Macron, n’a pas laissé indifférents les algériens lambdas, mais pas les dirigeants, encore moins, Abdelmadjid Chikhi, nommé, pourtant, en juillet 2020, en même temps que Benjamin Stora et censé travailler avec lui, n’a pas encore remis son rapport.

En Algérie, quand le chef de l’Etat est indisponible (actuellement en Allemagne pour des soins) tout s’arrête, même défendre sa dignité.

L’Algérie, pour une éventuelle et définitive réconciliation mémorielle, demande (surtout) des excuses  à l’ancien colonisateur, ce que ce dernier refuse de faire.

Les rapports des deux historiens, Stora et Chikhi, sont censés échafauder les tréteaux au “rapprochement sincère” des deux pays.

Le Français a “remis son devoir” à son président, mais pas le nôtre.

«On sait que depuis plusieurs années les autorités algériennes réclament des excuses à propos de la période de la colonisation. Dans la lignée des discours présidentiels français précédents, ce geste symbolique peut être accompli par un nouveau discours. Mais est-ce que cela sera suffisant ? N’est-il pas nécessaire d’emprunter d’autres chemins, de mettre en œuvre une autre méthode pour parvenir à la réconciliation des mémoires ?» a écrit Stora dans son rapport.

La principale recommandation de Stora est la constitution d’une commission en France, chargée de «travaux sur les essais nucléaires français dans le Sahara et leurs conséquences, ainsi que celles de la pose de mines antipersonnel durant la guerre», la «publication d’un guide des disparus algériens et européens pendant le conflit» ou «avancer sur la question des archives, avec comme objectifs le transfert de certaines archives de la France vers l’Algérie, et d’autre part permettre l’accès aux chercheurs des deux pays aux archives françaises et algériennes ; processus plus rapide de déclassification des documents secrets».

A la traîne, comme toujours, l’Algérie officielle ne devra pas se complaire dans son silence hypocrite.

Au fond, on sait que ce n’est pas facile pour des dirigeants qui vont se soigner dans les hôpitaux de l’Hexagone, investir à Paris et y séjourner avec leur progéniture après leur « fin de mandat » dans leur pays de passage, l’Algérie.

C.B