Visual artiste-photographe, Malika Diagana est une jeune femme mauritanienne, qui a réussi en très peu de temps à se frayer un chemin et à se faire un nom dans le monde complexe et compétitif de la photographie africaine. Rencontre avec une photographe professionnelle aux multiples facettes…
Présentez-vous aux lecteurs de Farafinainfo.com ?
Il est toujours difficile de se présenter, mais je vais me lancer pour les lecteurs de Farafinainfo.com que je salue au passage. Je m’appelle Malika Diagana, je suis métisse Mauritano – Cap-Verdienne. Je suis née en Mauritanie. Je suis une Visual Artiste Photographe, je travaille dans le domaine de la communication visuel et la vidéographie et je suis aussi Coordinatrice de projet culturel.
Quand et comment est née exactement la passion de la jeune fille Malika pour la photographie ?
C’était durant mon cursus universitaire au Sénégal où j’ai étudié la vidéoanimation et la réalisation. Il y avait un cours de photographie qui m’a permis de m’initier à la photographie. Ma passion pour la photographie me vient aussi de mon grand-père, Julien Lopez, qui avait un studio photographique à Saint-Louis du Sénégal, dans les années 70. Nos longues discussions portant sur la photo et l’histoire de la photographie m’ont, sans doute, motivé.
Ma rencontre avec mon professeur de Photographie Mr Djibril Sy m’a permis de garder le cap sur mes objectifs et de prendre réellement conscience du métier que je commençais à pratiquer.
Vous avez quitté Nouakchott pour aller poursuivre nos études à Dakar mais pourquoi vous vous y êtes installée ?
J’ai dû quitté Nouakchott pour Dakar pour mes études en vidéoanimation, infographie et photographie, car en Mauritanie à l’époque, il n’y avait pas d’école pour enseigner ces disciplines et je pense qu’il n’y en a toujours pas. Je m’y suis finalement installée à Dakar pour le travail après mes études. Depuis deux ans maintenant, je suis de retour en Mauritanie et j’ai installé mon studio dénommé Le Studio Linguère à la Cité Plage. C’est un studio est spécialisée dans la photographie professionnelle mais aussi la vidéo, la communication visuelle et la coordination de projet culturel.
Racontez-nous votre bref passage au Centre culturel français (CCF), qui s’appelle désormais l’Institut français de Mauritanie (IFM) ?
J’ai été d’abord sollicité pour des expositions photographiques. Ma première exposition s’est déroulée en 2015. Et quelques années plus tard, les autres sur différentes thématiques. Depuis mon retour à Nouakchott, j’ai travaillé avec l’Ifm sur un projet photojournalisme, que j’ai écrit et, qui consiste évidemment à animer des ateliers de photographie particulièrement le photojournalisme avec des jeunes mauritaniens. Par la suite, j’ai travaillé en tant que coordinatrice des événements artistiques. Je dois vous dire que l’Ifm est un partenaire qui m’a permis de mettre en valeur mes compétences professionnelles artistiquement parlant.
Quand on a une mère amoureuse des belles lettres, qui est écrivaine et un défunt père (Paix à son âme), qui fut juriste et avocat de profession, on ne devient pas forcément artiste-photographe n’est-ce pas ?
Il est vrai que le métier que je voulais faire à la base était celui de mon père juriste, mais la vie m’a mené sur d’autres chemins. Mon père fut un fervent défenseur des Droits de l’homme. Et il fut également l’un des premiers présidents de l’Association Mauritanienne des Droits de l’homme. Il m’a laissé en héritage sa droiture mais aussi son engagement pour les droits de l’homme et son ouverture d’esprit. S’il était vivant, il me souviendrait dans mon choix. Pour ce qui est de ma mère écrivaine, elle est d’abord une artiste, qui dans sa jeunesse a fait de la scène musicale à Saint-Louis du Sénégal, mais aussi le théâtre. Elle me soutient beaucoup dans mon art, ma vie professionnelle et est une grande amoureuse de la photographie. Elle a comme trésor, toutes les photographies de la famille. Elle était toujours armée d’un appareil pour immortaliser toutes les cérémonies familiales. Je me souviens qu’à l’époque elle me le donnait en me disant de faire un reportage photo des mariages et autres cérémonies familiales, mais je lui répondais maman prend un photographe pour la prochaine fois. Je ne pouvais pas imaginer que des années plus tard, je ferai moi-même de la photographie. Elle me rappelle souvent ces moments et nous en rions.
Qu’est-ce qui vous passionne tant dans la photographie ?
Ce qui me passionne, c’est la découverte, mais aussi les rencontres et les expériences que l’on mène quand on construit une photographie.
Quelles sont les grandes expositions de photos dont vous avez pris part ?
Exposition Collective «Les piétons de Dakar» de 15 photographes mettant en lumière leur ville, Institut Français Dakar 1 Juillet 2013 au 28
Septembre 2013
- Workshop « Workshop “Photographie aujourd’hui – une histoire orale/
« Stuttgart Allemagne Novembre 2014.Workshop international qui a eu lieu
entre 2014 et 2015 à l’Université des Arts de Stuttgart. Lors de cette étape de recherche, des photographes maliens, sénégalais, allemands et suisses ont échangé à Bamako/Mali, Dakar/Sénégal et Stuttgart/Allemagne autour
des concepts de mémoire et d’oralité dans leurs travaux respectifs.
- Exposition « Bamako and Dakar. West AfricanPhotographyToday »
Novembre 2014.
Exposition Institut Français de Mauritanie, « Femmes du monde, femmes
du Sahel » janvier 2015.
- Invitation à la Deuxième résidence euromaghrébine de photographes, du 25
au 30 mai 2015, à Kairouan -Tunisie, avec la participation de 27
photographes venus d'Europe et du Maghreb, dont l’objectif était de valoriser le patrimoine culturel de cette ville.
https://www.facebook.com/EU.Project.Kairouan/
- Exposition 1 de la Deuxième résidence euromaghrébine du 7 novembre au
29 novembre 2015: Centre de Présentation du Patrimoine de Kairoua
- Exposition 2 de la Deuxième résidence euromaghrébine du 5 décembre au
31 décembre 2015 au Palais El Adbeliya à la Marsa Tunisie
- Exposition Off de la 10ème édition des Rencontres Africaines de la
photographie (Bamako, Dakar, Stuttgart Ulm 2010 – 2015) Bamako-Dakar 3 novembre au 30 novembre
Quel bilan faites-vous de votre parcours en tant qu’artiste-photographe ?
Je tire un bilan très positif, car l’art me permet de m’évader, mais aussi d’aller à la rencontre du monde et de découvrir quelque chose de nouveau tous les jours. D’un autre côté, je regrette un peur le fait qu’en Mauritanie, la place de l’artiste n’est pas totalement prise en compte, savoir que c’est réellement un métier comme les autres. Partout dans le monde, les artistes se battent pour leur reconnaissance.
Y’a-t-il des photographes qui vous inspirent quotidiennement, si oui lesquels ?
Sebastio Salgado est un photographe, qui m’inspire beaucoup, car sa photographie est humaniste. Elle parle du monde au monde.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes filles et garçons qui aimeraient devenir artistes-photographes de demain ?
Ce qui est important pour moi, c’est de dire aux jeunes qui ont envie de faire de la photographie de le faire de manière très professionnelle, de ne pas le prendre comme quelques chose qui est à la mode, comme de nouvelles chaussures. Ils ne doivent pas utiliser l’image n’importe comment. Il faut respecter la déontologie et le droit à l’image. Aujourd’hui, on est au temps de l’image numérique. Il faut toujours souvent revoir l’image au temps de la photographie argentique pour que tout ce travail que les anciens photographes ont fait, ne tombe dans les oubliettes. On doit vraiment revoir ces œuvres très anciennes et essayer de les actualiser.
Ses contacts Instragram: malika_diagana / Facebook pro: Malika Diagana Photographe / Site web: linguereart.com
Entretien réalisé par Camara Mamady