Mamadou Antonio Souaré, acteur majeur du foot guinéen (Par Mohamed D. Keïta)

‘’Qui ne connaît la valeur des mots ne saurait connaître les hommes’’ disait Confucius.

Pour prendre son essor, le développement du secteur sportif en Afrique en général et en Guinée en particulier ne saurait faire l’économie d’un fort investissement, à la fois de la puissance publique et de partenaires privés. Un changement de paradigme nécessaire, d’abord avec la multiplication et la diversification des acteurs, et avec le passage à une logique d’investissements dans la durée. « Plus d’investissements, moins de charité. C’est ce à quoi l’Afrique aspire », résume ainsi Masai Ujiri, dirigeant nigérian du club de basket NBA des Toronto Raptors, dans une tribune pour The Athletic.

Soutenir avec assez de subjectivités que le Sieur Souaré Mamadou Antonio s’est livré à un investissement perdu frise complétement la méconnaissance des enjeux du football moderne et ses exigences.

De nos jours, le continent africain est envahi par des fonds d’investissement très joueurs : 777 Partners, Dyal Capital Partners, Silver Lake et CVC Capital Partners… Ces fonds d’investissement, en majorité anglo-saxon, se ruent sur les clubs de football. Mais dans quels buts ? Pour faire de l’argent c’est sûr, mais encore ?

Et notre univers footballistique n’est étranger à cette nouvelle vague d’investisseurs privés passionnés du sport roi l’ayant pris d’assaut à l’aune de Sieur Mamadou Antonio SOUARE.

En 2012, le HAC voit arriver à sa tête un richissime homme d’affaires en la personne de Mamadou Antonio Souaré. Il mit sur pied un ambitieux projet allant de l’achat d’un siège, au recrutement d’internationaux, la revalorisation salariale des joueurs, du staff technique à la construction à YOROGUIA (Dubréka) d’un complexe sportif avec toutes les commodités requises.

Ces différentes dynamiques ont permis au club de conforter sa position sur l’échiquier du football africain au travers les diverses compétitions de club du continent.

Nous pouvons citer notamment :

Ligue des Champions de la CAF depuis 2012 (11 participations), meilleur résultat : Quarts de finale en 2018/2019 ; Coupe de la Confédération de la CAF depuis 2014 (4 participations), meilleur résultat : demi-finales en 2019/2020 ; Ligue des Champions de l’AFC depuis 2023 (1 participation, meilleur résultat : une victoire face à SIMBA de Tanzanie, il y a quelques jours).

Ce n’est un secret pour personne, le Horoya AC possède la plus grosse masse salariale du championnat guinéen et de toute son histoire. Et ceci grâce à l’ambition titanesque de son président Mamadou Antonio SOUARE.

Sous d’autres cieux, un tel investisseur dans un secteur à fort impact social est respecté sollicité, accompagné et non vilipendé.

L’économie du sport plus précisément le football en Afrique pourrait jouir d’un avantage comparatif significatif, à savoir le tissu entrepreneurial exceptionnel d’un continent qui affiche le taux d’entrepreneurs le plus élevé au monde.

Pourtant, faute de l’attention nécessaire des pouvoirs publics et d’instruments adaptés, le sport ne représente encore, selon de récentes estimations, que 0,5 % du PIB africain, contre 2 % du PIB dans les autres régions du monde.

Donc ceux qui ont l’audace de franchir le pas vers un univers assez budgétivore sont à applaudir, encourager et non leur faire porter tous les maux de notre société.

Ainsi, investir dans les formations sportives locales dès le plus jeune âge revient à s’engager pour l’éducation, pour la formation et pour la santé mentale et physique essentielles à tous nos futurs joueurs.

À ce titre, le football peut constituer un véritable élément fédérateur générant des idéaux et des dynamiques, favorisant l’inclusion sociale et construisant un langage compris par la société dans son ensemble.

Les Rwandais ont été innovants en créant par exemple des partenariats avec des clubs de football comme Arsenal et le Paris Saint-Germain. Des partenariats qui leur coûtent avec chaque club 10 millions de dollars par an, pendant trois ans. Soit, au total, 60 millions de dollars.

C’est un très gros investissement pour un petit pays en termes de population. Mais, à travers cela, ils font parler du pays de manière positive, ils attirent des stars qui vont venir passer du temps au Rwanda. Ils vont, par ce biais, développer une industrie du tourisme sportif.

Dans une interview sur FINANCIAL AFRIK, Mohsen Abdel Fattah, Directeur Général de l’ASCI (African Sports & Creative Institute), coordinateur du livre « Économie du sport en Afrique : réalités, défis et opportunités », paru aux éditions Economica, avec les contributions de personnalités telles que Tidjane Thiam, Vera Songwe, Makhtar Diop et Didier Drogba, institut à but non lucratif dont la vision est de faire du sport et des industries créatives des vecteurs de développement socio-économique, affirmait que le sport est une opportunité de sortir l’Afrique de l’économie de cueillette.

Nulle pierre ne peut être polie sans friction, nul homme ne peut parfaire son expérience sans épreuves.

Mohamed D. KEITA, Economiste Manager