La vision africaine du mariage est, de très loin, différente de celle occidentale qui résume souvent le mariage à un simple contrat à durée déterminée ou indéterminée, conclu entre deux personnes de même sexe ou de sexes opposés. Cette linéature occidentale du mariage relève d’ailleurs du marché, complètement en déphasage avec les valeurs sociétales africaines.
En effet, si ailleurs la femme se marie uniquement avec le choix de son cœur, en Afrique par contre, elle se marie avec toute une famille, même si aujourd’hui cette réalité a tendance à changer du fait de la mondialisation.
Loin d’être un simple concordat ou une promesse romantique suivie de formalités administratives entre deux personnes hétérosexuelles, le mariage en Afrique est avant tout et surtout un échange de prétentions, un contrat entre deux familles. Ce qui fait d’ailleurs la complexité et la beauté du mariage africain.
Le mariage, autrefois, incarnait le respect de la tradition, des valeurs sociétales. Il avait un véritable sens de la moralité. L’honneur des belles familles était protégé et sauvegardé par les mariés.
En milieu malinka tout comme dans d’autres communautés africaines, les parents faisaient le choix à la place de leurs enfants, sans même parfois demander leur avis. Ils tenaient compte de la classe sociale, de l’ascendance, de la moralité, de la démarche et de la forme des pieds de la fille (côté futur marié), jusqu’aux moindres détails.
En effet, une fille qui a les pieds palmés (pieds ayant la forme des pattes de canard, sans fossette dans la plante des pieds) est souvent considérée par des anciens comme étant un mauvais signe. Par contre, une fille poilue ou ayant la poitrine large (poitrine de lion) par exemple, est vue comme une fille porteuse de chance.
Aussi, des filles ayant des diastèmes ou ayant des dents du bonheur, sont considérées par des anciens dans la société malinka comme étant des filles porteuses de chance.
Quand on sème de bonnes graines, on fait de belles récoltes, a-t-on coutume de dire. Pour les anciens, la réussite ou l’échec d’un mariage dépend dans une large mesure de la famille dans laquelle le choix est fait.
Auparavant, tellement que le mariage fût sacré dans les milieux malinka pour le choix d’un homme ou d’une fille pour leurs enfants, les parents prenaient du temps. Ce choix reposait sur un ensemble de valeurs.
Les parents pouvaient aller jusqu’à fouiller dans l’arbre généalogique du prétendant ou de la fille, examiner les signes prémonitoires qu’ils portent en eux, afin d’avoir des informations pouvant leur permettre d’avoir une idée de la personne que leurs enfants choisissaient. Les enfants se contentaient tout juste du choix de leurs parents.
La femme est la base sur laquelle repose la tradition malinka. C’est pourquoi l’éducation d’une fille dans la société malinka est plus rigoureuse que celle d’un garçon.
Le rôle de la femme dans cette société est si important qu’avant de s’engager dans une relation de mariage, les parents du prétendant, en plus d’observer le comportement de la fille qu’ils veulent choisir pour leurs enfants, regardaient aussi ses traits physiques, comme souligné plus haut.
La conception des anciens du mariage était que quand on fait le mariage dans une famille de savoir ou de pouvoir, il y a une forte chance que les progénitures accèdent au savoir ou au pouvoir. Tous ces détails ou aspects comptaient aux yeux des parents.
Demander la main d’une fille puis, constater des chutes dans les affaires ou bien se retrouver confronté à des difficultés au service était considéré par les anciens comme étant un mauvais présage pour le prétendant. Par contre, s’engager dans une relation et ensuite voir une amélioration dans les affaires, était vu comme un bon signe pour la future union. Une fille qui attache son pagne du côté gauche était vue comme une mauvaise fille, car, dans les traditions africaines, le pagne s’attache au côté droit. C’est là le bon côté. Clairement, attacher un pagne n’est pas un simple art dans la tradition malinka. À vrai dire, le pagne ne s’attache pas n’importe comment chez les Malinka comme dans certaines communautés africaines ; il y a une manière de le porter. Les vieilles femmes y veillent scrupuleusement.
Bref, à en croire les anciens, des forces surnaturelles avaient la capacité d’influencer le mariage. Nombre de ces croyances sont considérées aujourd’hui par la nouvelle génération comme de simples superstitions. Ce qui est une mauvaise compréhension du Noir, homme traditionnellement authentique, être social produit de son environnement, en lien étroit avec une cosmogonie essentiellement constituée du monde visible et de celui invisible qui fait intervenir la notion d’esprits/génies (protecteurs et malfaisants).
Sayon MARA, Juriste
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