Le site, Le Terroir, nous apprend qu’un litige foncier portant sur plusieurs centaines d’hectares, opposant des propriétaires terriens du département de Boghé au «promoteur» Moulaye Ahmed Bomba, devrait être tranché par le préfet dudit département lundi 28 mars. Lire ce lien repris par Cridem https://cridem.org/C_Info.php?article=755222
Ce «promoteur» affirme qu’il a acheté 250 hectares au lieutenant-colonel en retraite Sidi Mohamed Ould Vaïda, ancien commandant des fusiliers marins, accusé d’avoir semé la terreur, morts et humilié qui il voulait dans cette région et ailleurs : Sori Malé, Bababé, Azlat, Jreida…
Les graves accusations portées contre Ould Vaïda, le contexte et la période de répressions exercées sur les populations noires du Sud suffisent dans un Etat normal à disqualifier cette acquisition par la force et sa vente frauduleuse. Il ne fait aucun doute qu’ailleurs qu’en Mauritanie, le passé de Ould Vaïda et cette information lui auraient valu des poursuites. C’est une pièce à conviction supplémentaire. En savoir sur les accusations portées contre le personnage http://fr.essirage.net/node/1076
Le même jour, le président du patronat mauritanien Mohamed Zein El Abidine ould Cheikh Ahmed a appelé «le secteur privé à s’investir dans l’agriculture» avant d’ajouter que «les autorités publiques, sur instruction du président de la république Mohamed O. Cheikh Ghazouani, sont disposées à accompagner ce processus et offrir tout ce qui est nécessaire pour sa réussite » de manière étudiée».
Cette déclaration survient deux semaines après la sommation du ministre de l’Agriculture, Sidna Ould Ahmed Ely, qui avait annoncé dimanche 13 mars que l’État confisquera toutes les terres qui ne seront pas cultivées.
Tout se tient. La logique -confiscation–accaparement des terres agricoles du Sud-remplacement- est claire.
Qui ne sait pas que ces injonctions de prises de contrôle de terres de la Vallée par le privé mauritanien n’ont aucune finalité productive?
Qui ne sait pas que l’appel du président de ce patronat s’adresse à des hommes d’affaires presque exclusivement Maures, il faut le préciser, bénéficiaires des largesses et adossés au système d’exclusion visant leurs compatriotes noirs?
Qui ignore que la captation de l’État par l’idéologie panarabiste raciste et génocidaire est au cœur de l’accaparement des terres agricoles du Sud?
Voilà qui explique le refus des autorités étatiques d’accorder appuis financiers et encadrement technique aux paysans noirs du Sud. Ils sont pourtant indiqués, légitimes, ont l’expertise et fédèrent dans beaucoup de localités les populations autochtones à travers des coopératives villageoises.
En l’absence de résistance à la mesure d’une machine ethnocratique et raciste et sûr sa force d’anéantissement, le système d’exclusion raciste passe à la vitesse supérieure. Son chef actuel, le général Ghazouani finit le travail de blanchiment intégral mais à bas bruit: fonction publique, système éducatif, entreprises publiques et privées, monde économique, médias, enseignement… et évidemment forces armées. Nominations et promotions monocolores partout et toujours. La boucle doit être bouclée par le général Ghazouani qui pourrait être qualifié de TERMINATOR.
Pendant ce temps, le système se réinvente et distrait des opprimés. Son nouveau gouvernement attendu dans les heures qui suivent fait la Une. C’est cosmétique et çà occupe.
Pour notre survie, par cohérence et par dignité, il est attendu de chacun, des communautés victimes en premier lieu, de prendre ses responsabilités et les assumer en s’opposant ouvertement à notre mise à l’écart institutionnalisée. Nous avons collectivement la possibilité et individuellement le devoir de nous opposer à notre disparition programmée. Rien, absolument rien au monde, ne peut justifier la collaboration pour des intérêts personnels. Les «cadeaux» et « promotions» de ce système d’exclusion raciste sont dérisoires et insignifiants par rapport à nos vies et à notre droit de vivre dans le respect. Nous faisons partie de la Mauritanie. Osez, rejoignez l’élan vital de générosité et nous gagnerons ensemble.
Ciré Ba – Paris, le 30/03/2022