Mauritanie : Ciré Ba répond à Ahmed Mahfoud et interpelle l’Etat

Dans un Etat normal, la loi 023/2018 portant incrimination de la discrimination aurait été appliquée à M. Ahmed Mahfoud

Rappelons-nous

Le 9 décembre 2018, l’ancien chef de l’Etat, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, avait organisé une marche monstre « contre les discours de la haine et de l’incitation à la division ». S’appuyant sur la loi numéro 023/2018 portant incrimination de la discrimination, il menaçait de l’appliquer, en réalité, aux auteurs de toute demande de justice et réparation du génocide.

Ahmed Mahfoud, un citoyen qui se sent de plein droit et de la bonne couleur, vient de tenir des propos assumés, ouvertement racistes, haineux et explicitement violents à l’endroit de la communauté nationale autochtone peule. Il n’est pas inquiété.

Mieux ou pire, ses propos sont même applaudis et qualifiés de «Jihad » par des intervenants dans un forum populaire. Ils ajoutent « la Mauritanie est arabe. Les Sénégalais, s’ils ne sont pas contents, doivent rentrer dans leur pays de merde». Eux aussi ne sont pas inquiétés.

Le général président Mohamed Ghazouani reste muet. Il n’a rien entendu ! Il assure la continuité. Rien ne doit ralentir son agenda. Rien, ni personne, aucun événement, ne doivent contrarier et retarder l’effacement de la composante négro-africaine. Le Terminator doit achever le travail de ses prédécesseurs. l’Etat éliminationniste et ses articulations permettent et tolèrent tout ce qui peut rabaisser les intouchables, les parias.

Sans possibilités de résistance à la mesure des provocations, régulièrement renouvelées, du système d’exclusion raciste qui pousse ouvertement à la confrontation pour, espère-t-il, exterminer les populations et le mouvement négro-africains, nous devons soutenir massivement et activement la plainte déposée contre M. Ahmed Mahfoud. C’est une question de principe et de dignité. Nous savons le juge partial et la procédure courue d’avance mais nous ne devons rien laisser passer.

Aux négro-africains membres du gouvernement, aux membres dirigeants du parti au pouvoir, aux élus et hauts responsables affiliés au pouvoir qui élimine les vôtres et votre sang, vos silences et votre absence de positionnement en faveur des vôtres, interpellent.

Ciré BaParis, le 12/05/2022