Farafinainfo.com – Actualités Sociopolitiques – Me Cheick Sako, ancien Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, était, ce mardi 28 septembre 2022, l’invité de l’émission «Les Grandes Gueules» de nos confrères d’Espace TV pour parler de la tenue du procès du 28 septembre 2022. L’organisation de ce procès des massacres des Guinéens au Stade 28 septembre qu’il avait annoncée en tant que Ministre de la Justice, mais sans vraiment pouvoir l’organisation, qui pourrait s’ouvrir ce mercredi 28 septembre 2022.
Un procès treize (13) ans après les faits. «Treize (13) ans après ce procès aura lieu demain, ce mercredi 28 septembre 2022. Voyez-vous que c’est un procès emblématique et historique, qui dépasse le cadre de la Guinée. Je rappelle ce sont des crimes de masse, les crimes contre l’humanité, érigés par le statut de Rome, par la Cour Pénale Internationale. Comme vous savez dans notre Code pénal que j’ai fait voter en 2016, je rappelle à l’unanimité par les députés toutes tendances politiques confondues. Je rappelle qu’on écrit cette disposition du statut de Rome dans notre code (pénal). Ce qui fait tout ce qui est crime de masses, effectivement notre législation est compétente par rapport à ça (…). Ensuite, il y a le principe de jus dualités, il est évident que ces crimes étant imprescriptibles, la Guinée avait l’obligation de les juger au nom de ce principe, à défaut effectivement la Cour Pénale Internationale reprenait cette affaire», exprime-t-il ses sentiments pour l’ouverture de ce procès qui est annoncée ce mercredi avant de répondre une autre question portant sur ce qu’il a fait nonobstant la tenue dudit procès : «J’ai rencontré à l’époque Mme Sow et Mohamed Mara à l’époque. Mme Sow par rapport à la situation des femmes notamment des victimes dans cette affaire et M. Mara par rapport à autre chose. Si vous permettez, j’ai entendu ces derniers temps : un journaliste chevronné et un commentateur qui disaient tout récemment que rien n’avait été fait avant et que tout est fait maintenant. Je rappelle simplement que la justice est une chaine, la justice est une continuité et ça ne tombe pas du ciel. S’il y a procès c’est que pendant ces treize années, des actes majeurs ont été posés».
Actes posés par Me Sako nonobstant des difficultés. «Je réponds à la question de Mme Sow. Avant mon arrivée en Guinée, donc en 2014, il y a un acte majeur qui a été posé par mes deux prédécesseurs Christian Sow, avant lui Siba Delamou, me semble-t-il. Ces Gardes des Sceaux qui se sont succédés avant que moi, j’arrive. Ce sont eux qui ont choisi les trois magistrats instructeurs le doyen Bah Souleymane, Diawara Mamadi et le jeune Barry. Ces trois magistrats ont travaillé durant sept (7) ans à neuf (9) ans sur ce dossier. Moi quand je suis arrivé, j’ai posé plusieurs actes, mais je vais en citer que quatre seulement : 1) – j’ai donné beaucoup de moyens à ces trois magistrats que je salue au passage. J’ai demandé aux magistrats de boucler cette instruction, car on n’a pas de choix dans ce pays. Dans ce pays, de 1958 à nos jours, il y a eu beaucoup de sangs versés, donc il faut absolument que ce dossier soit bouclé sur le plan strictement judiciaire et je leur ai donné la date de décembre 2017. Dieu merci, ces trois magistrats ont travaillé d’arrachepied. Et l’instruction a été clôturée en décembre 2017, premier fait majeur. Deuxième fait majeur, j’ai fait envoyer trois magistrats dont deux magistrats instructeurs (Bah Souleymane et Mamadi Diawara) plus le procureur de Dixinn à l’époque M. Souleymane Ndiaye. Ils sont partis à Ouagadougou pendant dix (10) jours, ça n’a pas été facile au niveau de l’Exécutif, mais j’ai dû imposer de cela. Je ne rentre pas dans les détails. Ils ont auditionné le Président Dadis et ils ont fini par l’inculper, ça n’a pas été facile au niveau de l’exécutif. Troisième fait majeur, c’est l’extraction de Toumba (Diakité) avant que j’arrive un mandat d’arrêt avait été émis par mes prédécesseurs bien avant. Quand Toumba a été retrouvé à Dakar, je reçois un flash de mon collègue sénégalais me disant voilà, il y a un mandat d’arrêt qui est là et on vient d’interpeller la personne me donnant un délai très court de venir le chercher, si vous ne venez on le met en liberté. Et ça n’a pas été évident pour aller chercher Toumba à Dakar. Un autre point important c’est la création du fameux comité de pilotage, c’était en janvier2019. La création de ce comité n’a pas été facile. Les choses par moment, Sékhoutouréya (Présidence de la République) n’étaient pas favorable. Pour cela, il faut rendre quand même hommage à l’ancien Premier Ministre Kassory Fofana. Il m’avait soutenu pour la création de ce comité de pilotage. Et il est venu en personne pour présider l’installation dudit Comité de pilotage, les photos existent. Ce comité de pilotage – qui est composite : il y a des partenaires, la société civile, les forces de défense et de sécurité – qui avait entamé un travail assez important notamment le lieu du procès, le financement était bouclé, les partenaires étaient engagés l’Union Européenne d’une part et les Américains d’autre part et puis l’Etat guinéen avait aussi sa part (78 milliards de Francs Guinéens). Les partenaires m’avaient dit qu’ils sont prêts à payer cet argent, mais la Guinée devrait donner des garanties. Et il y a eu un bouclage au niveau des finances publiques chez nous. Il n’y avait pas de volonté politique chez nous à l’époque … »
Hadja Fanta Touré