Ils sont deux leaders emblématiques de la scène politique nationale mauritanienne. Ils font partie des rares hommes parvenus à forger un destin «national», après de nombreuses années de sacrifices et de lutte politique dans leur pays.
Ils sont issus, de deux communautés culturellement différentes, mais ont beaucoup de chose en commun : le fort caractère, la fougue, le franc-parler.
Mieux, ils ne cessent de porter, fièrement, mais surtout en bandoulière, le combat pour l’unité nationale et la cohésion sociale en Mauritanie.
Un combat pour lequel, l’un et l’autre ont fait la prison comme un certain Madiba de l’Afrique du Sud. Ils, ce sont Ibrahima Moctar Sarr et Messaoud Ould Boulkheïr. Immersion dans le portrait croisé de deux hommes que tout rapproche.
Messaoud Ould Boulkheïr et Ibrahima Moctar Sarr sont deux hommes qui n’ont pas lésiné sur leurs moyens pour se frayer un chemin de respectabilité dans leur monde professionnel. Le président de l’APP (Alliance Populaire Progressiste) est un administrateur civil de profession, après un parcours scolaire de «vrai» combattant et de relations tumultueuses avec les directions des différentes écoles qu’il a eues à fréquenter.
Quant au président de l’AJD/MR (Alliance pour la Justice et la Démocratie/Mouvement pour la Rénovation), il était instituteur de profession avant d’embrasser une carrière de «journaliste professionnel», comme il aime se distinguer des autres professionnels de la communication, après avoir passé quatre longues années d’études dans les amphithéâtres de la célèbre école de journalisme de CESTI (Centre d’Etudes des Sciences Techniques de l’Information) de Dakar.
Et dans leur domaine respectif, les deux hommes ont, dignement et loyalement, servi le pays avant de porter le combat de l’unité nationale et la cohésion sociale. Mieux, Messaoud, qui est membre-fondateur du Mouvement El HOR (Libre) en 1976, s’est lancé dans une lutte sans merci contre les esclavagistes et la prise en compte des préoccupations des Haratines.
Et Sarr Ibrahima en fera autant en devenant militant négro-africain contre toutes formes d’exclusions des Noirs en Mauritanie. La preuve, le journaliste engagé, qu’il était définitivement devenu, a été envoyé en prison en septembre 1986 pour avoir pris part à la rédaction, à la signature et à la distribution d’un document intitulé «le Manifeste des Négro-Mauritaniens». Messaoud Ould Boulkheïr, lui, connaitra la prison des années en avril 1991 après avoir joint sa voix à celle des autres responsables politiques FDUC (Front Démocratique Uni pour le Changement) en Mauritanie.
Et Messaoud Ould Boulkheïr et ses compagnons politiques d’infortune n’ont été libérés qu’en juillet 1991 par le président Maâouiya Ould Sid’Ahmed Taya.
Le choc des ambitions personnelles
Portant en bandoulière leur combat pour l’unité nationale et la cohésion sociale, Ibrahima Sarr et Messaoud Ould Boulkheïr, ne pouvaient que se rencontrer et lutter ensemble pour une Mauritanie prospère et unie dans sa diversité plurielle. Ils étaient tous membres de l’UFD (Union des Forces Démocratiques).
Et le natif de la wilaya de Néma est le premier a quitté ce navire politique, qui était en train de sombrer idéologiquement parlant. Des mois après, Sarr en fera autant. Et c’est ainsi que les deux leaders et d’autres hommes politiques, notamment Ladji Traoré, créeront le parti AC (Action pour le Changement) en 1995.
Messaoud occupe sa présidence et Sarr devint le 1er vice-président. Cette formation politique, qui avait fait une percée électorale lors des législatives et municipales d’octobre 2001, a été finalement dissoute en janvier 2002.
Comme en atteste la déclaration de l’AMDH : «Le Bureau Exécutif de l’AMDH (Association Mauritanienne des Droits de l’Homme) a appris, avec consternation, le mercredi 02 janvier 2002 la dissolution du Parti mauritanien Action pour le Changement (AC).
Cette mesure arbitraire est contraire, d’une part, à la Constitution de la République Islamique de Mauritanie du 20 juillet 1991 et d’autre part, aux Traités internationaux ratifiés par la Mauritanie», mais l’homme fort de Nouakchott ne savait pas du tout revenir sur ses faits et gestes.
Et la vie devrait continuer pour tous y compris le président Ould Boulkheïr et ses compagnons de lutte politique. Et ils trouvent un point de chute dans le parti APP (Alliance Populaire Progressiste), après avoir essuyé le refus des autorités publiques de reconnaître le C.C (Convention pour le Changement), dans le parti APP (Alliance Populaire Progressiste).
Une formation politique que Sarr Ibrahima quittera finalement en 2006 après avoir eu un tête-à -tête direct et franc, mais houleux avec Messaoud Ould Boulkheïr, qui revenait d’un voyage à Bruxelles. Et depuis, Ibrahima Moctar Sarr est le président de l’AJD/MR. Et tout le monde se souviendra longtemps de ses 8% des présidentielles de mars 2007.
Camara Mamady
Le Rénovateur Quotidien