Procès du 28 Sept : Bah Oury à l’épreuve des Questions de Me Jocamey Haba

Farafinainfo.com – Actualités Sociopolitiques Guinéennes – Bah Amadou Oury, président de la Commission d’organisation de la manifestation du 28 septembre 2009, est toujours à la barre du tribunal criminel, continue de répondre aux questions des avocats et a fait face à Me Jean-Baptiste Jocamey Haba, ce mardi 21 mars 2023.

«Je veux m’adresser à cette matinée-là à Monsieur Amadou Oury Bah, partie civile, bien sûr, dans ce procès. Et je veux aussi m’adresser à l’intellectuel, à l’homme d’Etat, au Ministre de la République. A cet homme-là, pour qui, j’ai une admiration particulière, un respect profond et une considération à n’en point douter, c’est pour ça que je souhaite que nos échanges seront des questions –réponses, soit fait de manières très civilisées, très fructueuses pour que l’on puisse aider ce tribunal, Monsieur Amadou Oury Bah». C’est ainsi que Me Jocamey Haba, un des avocats du Président Moussa Dadis Camara, a planté le décor de son interrogatoire tout en demandant au président de la Commission d’organisation de la manifestation des Forces Vives Nationales : «Est-ce que vous maintenez toutes vos déclarations faites à la barre de cette audience, hier, (lundi 20 mars 2023). Tant en vous adressant au tribunal, au parquet, à la partie civile et à une partie de la défense. Est-ce que vous maintenez tout ?». Bah Oury répond par l’affirmative : «Merci ! Oui, je maintiens l’intégralité, et si je peux me permettre de préciser  deux choses. La première, le PV (Procès-verbal) de 2011, je le maintiens dans son intégralité (…). Votre collègue a prétendu que j’avais renié une partie de ma déclaration antérieure (…). La deuxième chose, votre collègue a fait une déclaration, hier, que je n’ai pas pu digérer : comme quoi je suis animé de haine contre le Président Dadis, malheureusement il n’est pas dans la salle, sinon j’aurai demandé humblement au président (tribunal) de lui demander de retirer cela, parce que c’est une offense personnelle à ma personne (…), sinon tout le reste, je le maintiens». Me Haba n’a pas manqué de saisir la perche tendue pour prouver toute son admiration à Bah Oury en ces termes : «Il n’est pas dans cette salle d’audience, mais je peux communiquer en son nom en retirant comme vous le demandez et en m’adressant au tribunal pour cela». Et le président de la Commission d’organisation de la manifestation des Forces Vives Nationales de lui remercier : «Je vous remercie»

Les procès-verbaux de Bah Oury feuilletés par Me Jocamey Haba

Me Jocamey Haba : «Monsieur Amadou Oury Bah, dites-moi entre ce que vous allez dire maintenant et ce qui a été après ce long moment naturellement, après treize (13) ans et ce qui a été dit en 2011 et même en 2009, on va y arriver devant la commission d’enquête internationale. Est-ce que vous pensez d’être beaucoup plus sûr, beaucoup plus certain, beaucoup plus infaillible ?».

Bah Oury : «Bon, les faits n’ont pas variés, donc ce point de vue, je maintiens tels que je l’ai relatés devant Monsieur le président, peut-être que dans les explications, comme je l’ai dit un PV ne peut pas refléter toute la complicité d’un entretien qu’on peut avoir pour expliquer ce qu’on a vu par rapport à des événements, qui sont particulièrement complexes»

Me Jocamey Haba : «Merci ! Mais dites-moi ! Avez-vous quand même lu votre procès-verbal fait devant le juge d’instruction ?».

 Bah Oury : «Je l’ai lu». 

 Me Jocamey Haba : «Avez-vous quand même lu le rapport d’enquête internationale ?»

Bah Oury : «Je l’avais lu il y’a très longtemps, peut-être que je ne me souviens plus».

Me Jocamey Haba : «Parfait ! Avez-vous lu le rapport d’enquête nationale ? »

 Bah Oury : «Celui-là, je ne l’ai pas eu»

Me Jocamey Haba : «Nous allons parler dans cette salle de ces trois documents dans un premier temps. Nous allons parler du rapport d’enquête internationale, nous allons parler du rapport d’enquête nationale que vous n’avez pas lu, et de l’autre côté on n’a même pas voulu lire, et nous allons parler autrement de notre PV. Alors, on va commencer par le rapport d’enquête internationale. Est-ce que vous savez pourquoi je tiens à ce que nous en parlions ?»

Bah Oury : «Je vous écoute d’abord»

Me Jocamey Haba : «J’ai commencé par dire que je vais parler à l’intellectuel, même à l’historien, si je peux me permettre. Puisse que vous aviez été Ministre, je crois, de Réconciliation (Nationale) à un moment donné. Je vais en parler parce que c’est ce qui fonde la poursuite dans cette affaire depuis le début contre le Président Dadis. Et ce rapport a été obtenu, à cause de vos déclarations, quand je dis à cause de vos déclarations, je parle des parties civiles, des victimes, à l’époque, qui ont été entendues et vous en êtes une victime. C’est bien cela à l’époque (…) Il est reproché au Président Dadis d’avoir donné des ordres au Commandant Toumba Diakité et au Colonel Tiégboro Camara (…). Est-ce que vous avez été librement entendu par la commission d’enquête internationale ? »

Bah Oury : «C’est affirmatif»

Me Jocamey Haba : «Qu’est-ce que vous avez été demandé ? »

Bah Oury : «Comment ? Je ne me souviens plus exactement, mais je crois savoir qu’ils m’ont demandé de relater les faits tels que je les ai vécus à titre personnel.»

Me Jocamey Haba : «Qu’est-ce que vous leur avez dit ? Vous pouvez retenir là-dessus succinctement ?»

Bah Oury : « Comme vous avez le rapport, tout ce que j’ai dit hier, certainement, c’est ce que j’ai dit, il y a treize ans, onze ans… C’est ce que je maintiens aujourd’hui» 

Me Jocamey Haba : «Je parle de vous parce que vous n’êtes pas l’auteur de ce rapport»

Bah Oury : «Bon ! Soyez plus explicite»

(…)

Me Jocamey Haba : «Vous avez dit hier que le Président Dadis n’avait pas agi immédiatement, est-ce que vous maintenez cela ? »

Bah Oury : «Je crois cette question n’a jamais été posée au niveau de la Commission nationale  d’enquête »

Me Jocamey Haba : «Je parle de ce qui s’est passé hier. Vous aviez déclaré ici qu’il (Dadis) n’avait pas agi immédiatement»

Bah Oury : «Vous voulez qu’on parle de ce qu’on a dit le 3 décembre 2009 devant la Commission nationale d’enquête ou bien de mes propos d’hier ? »

Me Jocamey Haba : «En fait, j’exploite le rapport en fonction de vos déclarations. Je n’exploite pas le rapport uniquement parce que je le veux.  C’est en fonction des déclarations que vous avez fait ici».

Bah Oury : «On ne connaît pas le contenu de ce rapport»

Me Jocamey Haba : «Je ne parle pas du rapport Monsieur Amadou Oury Bah. Est-ce que vous maintenez vos déclarations faites devant ce tribunal hier (lundi). Les déclarations, selon lesquelles, le Président Dadis n’a pas agi immédiatement pour ‘’rectifier ce qui s’est passé’’ ou n’a pas pris de disposition immédiate alors ?»

Bah Oury : «Cela était un élément factuel qui ne peut expliquer tout ce qui a été dit hier. L’intégralité ou la quintessence de mes propos d’hier, je les maintiens».

(…)

Par Ibrahima Bamba