Depuis treize (13) ans, les guinéens attendent impatiemment le procès du massacre perpétré au grand stade de Conakry le 28 septembre 2009.
L’ancien Chef de la junte le Capitaine Moussa Dadis Camara, le Commandant Aboubacar Sidiki Diakité alias Toumba, les Colonels Moussa Tiégboro Camara et Claude Pivi, le Capitaine Marcel Guilavogui et certains compagnons du N° 1 du Conseil National pour la Démocratie et le Développement (CNDD), tous dans le box des accusés, défilent à la barre aujourd’hui pour leur rôle présumé dans les crimes effroyables du stade du 28 septembre.
Nombreux sont ces guinéens aujourd’hui qui pensent que cet historique procès du 28 septembre 2009 est aussi une occasion pour évaluer les fractures mémorielles, car ces tristes événements du 28 septembre ont laissé des tâches noires dans la mémoire collective guinéenne.
Tristement, autrefois réservée à la célébration du référendum constitutionnel gaulliste français de 1958, la date du 28 septembre a un double sens aujourd’hui : célébration du NON de 1958 et la commémoration des tristes évènements du 28 septembre 2009.
En effet, le 28 septembre 1958, le vaillant peuple de Guinée a opté pour l’indépendance en votant majoritairement NON à la communauté française proposée par le Général de Gaulle. C’est dans cette même dynamique historique que l’indépendance a été proclamée le 2 octobre 1958. Cinquante-et-un (51) ans plus tard, c’est-à-dire le 28 septembre 2009, se sont déroulés à Conakry les horribles massacres du stade du 28 septembre.
Ce procès du 28 septembre 2009 nous démontre l’influence négative de nos rapports ethnies et religions avec le pouvoir. Il met aussi à nu le dysfonctionnement de l’appareil administratif, le recrutement sélectif de nos forces de défenses et de sécurité.
Nous sommes face au procès de notre histoire commune. Le mal est profond et est général. Les accusés et les victimes d’aujourd’hui sont eux-mêmes victimes des échecs de nos dirigeants à doter notre pays de meilleures institutions et d’un meilleur contrat social, tenant compte de nos réalités endogènes, car nous sommes dans une Nation, dans un État et dans une République.
Les dirigeants de notre pays doivent des exigences et des principes de neutralité. Ainsi, pour aider l’opinion publique guinéenne dans son ensemble, il serait impérieux pour les ministères de la Justice et de la Communication de développer une véritable stratégie de changement de comportement dans la gestion de la communication de ce procès qui tient depuis quelques jours l’opinion en haleine.
La solidarité dans le tribalisme est très dangereuse et met en péril l’unité nationale. Des guinéens devraient cesser de regarder cet historique procès avec des lunettes du tribalisme pour mieux comprendre l’enseignement qui s’y dégage. Nous devons tous œuvrer pour que le droit soit dit, et ce, pour que plus jamais ça dans notre pays !
Trop de sang ont coulé dans ce pays. De l’indépendance à nos jours, le parcours de notre chère Nation a été jalonné de gloire et d’évènements douloureux. Il est grand temps maintenant de trouver des approches pouvant nous permettre d’évacuer certaines crises mémorielles afin de permettre à notre pays d’avoir un récit national, une histoire commune assumée.
Pour terminer, nous interpellons les dirigeants politiques de notre pays à mesurer à sa juste valeur la charge du fonctionnement d’un État, car le pouvoir n’est pas un jeu. Ce procès est l’une des expressions éloquentes et irréfragables que a justice peut atteindre tout le monde. C’est en cela d’ailleurs que nombre de guinéens tirent actuellement leur chapeau au régime actuel du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), sous la conduite du Colonel Mamadi Doumbouya. La volonté politique de l’homme du 5 septembre 2021 de faire de la justice la boussole de cette dernière transition militaire en cours dans notre pays, est bel et bien une réalité. La tenue de cet historique procès du 28 septembre en est une illustration parfaite.
Soninké DIANE
Consultant Formateur & Entrepreneur-Engagé pour les causes citoyennes-sociales-développement
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