RENIER SON PASSÉ, c’est se tronquer soi-même ! [Par Sayon Mara]

Deux choses sont abominables et dénotent d’une certaine défaillance totale de la conscience et d’une malhonnêteté intellectuelle. La première, c’est d’expectorer sur sa propre mémoire ou de renier son passé à la recherche d’une confiance qui, en réalité, ne s’obtient qu’en assumant pleinement son passé. La deuxième, c’est de refuser d’être ce qu’on est tout en rêvant d’être autre que ce qu’on est. Si cela ne te sied pas, tu te ridiculises aux yeux de l’opinion.

La plus grande preuve de probité morale et d’honnêteté intellectuelle dont puisse faire montre une personne, c’est de ne pas du tout apostasier les valeurs auxquelles on a fermement crues, défendues bec et ongles hier. Soutenir une nouvelle situation peut être diversement appréciée par l’opinion ; ce qui est tout à fait normal et humain. Cependant, renier son passé pour bénéficier des bonnes grâces d’une nouvelle situation, est très mal perçu par l’opinion dans une société telle que la nôtre.

L’arrogance et l’insolence sont les armes de prédilection des faibles. Les gens qui n’ont aucune culture, aucune notion de l’Etat, qui ne peuvent rien proposer d’intellectuel, sauf invectiver les bonnes gens, doivent être éloignés du centre du pouvoir, au risque de ternir son image. En d’autres mots, un chef devrait se méfier de ces individus, ces oiseaux de mauvais augure, qui, dans le fol espoir de « faire plaisir au nouveau », invectivent et vilipendent l’ancien qu’ils vénéraient et couvraient de toutes les fleurs hier. Sinon, ils lui feront la même chose demain.

En un mot tout comme en mille, l’homme doit assumer son passé quel qu’il soit. En l’assumant, le présent lui croit et l’avenir lui porte confiance ; le renier par contre, il se tronque lui-même sans le savoir. Bref, comme nous enseigne une vieille sagesse maninka, le passé est impitoyable ; il frappe toujours dans le dos de celui qui le renie, sans lui laisser la possibilité de se défendre.

 Sayon MARA, Juriste

 

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