Retour sur le parcours de Chahreddine Berriah : Une belle plume brimée autant que primée !

Chahreddine Berriah, journaliste – écrivain & chef de la Rédaction régionale d’El Watan à Tlemcen (Ouest algérien) – est une signature qui n’est plus à présenter en Algérie et ailleurs. Elle est redoutée par les uns et adulée par les autres. Et la preuve, cette belle plume est brimée autant que primée.

       Retour sur une expérience journalistique très enrichissante aussi bien sur les plans humain et professionnel qu’intellectuel et émotionnel du chroniqueur  de « Lettre d’Algérie » dans les colonnes de farafinainfo.com sous sa propre plume. 

« Crépuscule précoce.

J’ai signé mon premier papier dans El Watan le 12 octobre 1992. Prémices d’une belle aventure, ponctuée de joie, de peur, de scepticisme, de frustrations… et de consécrations dont cinq prix internationaux.

Enfin, le (les) lauréat (s) c’était l’actualité, la misère des hommes, le désespoir de jeunes harraga… Je n’en tire pas un grand mérite. Un peu, peut-être, pour avoir rapporté, raconté sans fioritures, le malheur, l’espoir…

Des prix qui ne sont pas toujours synonymes de fortune. Matériellement parlant, idéaliste et fataliste, il faut le dire, je n’ai pas peur de manquer d’argent parce que je n’en ai pas. Simplement.

J’ai découvert l’Afrique, un peu d’Asie et beaucoup d’Europe.

J’ai connu des gens simples, des sommités, des voyous, des hommes… J’ai rencontré l’être humain avec sa nature complexe. Je me suis découvert.

29 ans, déjà…ce n’est pas peu.

 J’aime ce métier qui m’a apporté la richesse… d’esprit, qui m’a cultivé, qui m’a appauvri.

Mon journal m’a mis en conformité avec ma conscience : j’ai collectionné les ennemis dans la sphère officielle, j’ai gagné le citoyen lambda, des tréteaux qui me maintiennent debout.

Debout, mais vulnérable.

Je dois beaucoup à El Watan. A mes enfants, qui même indigents souvent, ils acceptaient notre sort, mon bonheur d’écrire. Même si, en leur for intérieur, ils ne comprenaient pas cette notoriété qui ne nourrit pas toujours leur papa, ne les nourrit pas.

J’ai écrit des kilomètres de phrases avec lesquels je pourrais reconstruire la muraille de Chine… éphémère.

J’aime mon journal qu’on veut tuer et avec lui tous ses soldats. El Watan est une armée nationaliste, d’idées, de prospérité.

Beaucoup, avant de rendre l’âme, sourient. Rient même.

Le crépuscule est là, précoce. Je souris, même si j’ignore mon futur, celui de ma petite famille.

Je continue d’écrire sans connaître la destinée de mes écrits.

Je mourrai l’arme à la main.

Merci La Patrie. La mienne. »

Avec Chahreddine Berriah