Souleymane Coach Bérété, Enseignant : «La question d’expérience a été longtemps, la clé magique de Merlin, qui a permis la confiscation du droit de la jeunesse… »

Ce lundi 15 novembre 2021, la Rédaction de Farafinainfo.com a fait réagir l’un de ses chroniqueurs, Souleymane Coach BÉRÉTÉ Enseignant-chercheur, Directeur Scientifique adjoint de la chaire UNESCO UGLC, auteur et Premier-vice Président du parti politique PRR de son état aux faits marquants de l’actualité de la semaine écoulée en République de Guinée et dans la sous-région – Actu de la Semaine en 3 Questions – Entretien …

«Il n’y a pas d’école d’expérience, il faut qu’on donne la chance à tout le monde», a déclaré le Colonel Mamadi Doumbouya, Président de la Transition. Quelle lecture faites-vous de cette déclaration ?

Bien que je sois d’accord avec la déclaration du Président Colonel Mamadi DOUMBOUYA, je tiens à porter un éclaircissement pour la bonne compréhension des lecteurs de Farafinainfo.com.

À la lumière de cette vérité, il y’a une école de l’expérience. L’entreprise ou la fonction représente de façon implicite (cachée) cette école de l’expérience en partant du principe des définitions du mot expérience. Exemple le Larousse définit : expérience, nom féminin (latin experientia, de experiti, faire l’essai);

Pratique de quelque chose, de quelqu’un, épreuve de quelque chose, dont découlent un savoir, une connaissance, une habitude; connaissance tirée de cette pratique.

Cette déclaration est une vérité absolue qui est restée longtemps cachée, et dont le contraire a été mise en valeur par des administrations vieillissantes et désireuses d’une sédentarité à l’infini.

La question d’expérience a été longtemps, la clé magique de Merlin, qui a permis la confiscation du droit de la jeunesse à une activité rémunérée ou à des postes de responsabilité. Notre jeunesse n’a jamais eu besoin de pitié mais de responsabilité et de respectabilité Force est de reconnaître que le marché du travail et de l’administration est bipolarisé. Entre une administration vieille et presque dépassée par la vitesse de l’ère des NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de Communication) et une jeunesse assoiffée de challenges et de défis, il est crucial de savoir que c’est au pied du mur qu’on reconnaît un bon maçon, comme le dit un adage de chez nous. La Guinée comme l’Afrique a besoin de sa jeunesse et de son énergie pour sa créativité, sa compétitivité et son vœu de modernisme pour être aux rendez-vous des pays émergents.

Pour évaluer avec objectivité cette question d’expérience, nous devons nous poser les bonnes questions.

L’expérience est-elle nécessaire pour tous les postes au sein d’une entreprise ou de l’administration ?

 – Ma réponse est Non.

Comment définissons-nous l’expérience ?

 – La somme des connaissances acquises dans la pratique d’un métier ou d’une fonction.

Quelles sont les fonctions ou postes dans les entreprises qui nécessitent de l’expérience ?

– Exemple, le Directeur général, le Comptable, Directeur des ressources humaines… mais plusieurs autres postes et fonctions peuvent être des écoles d’apprentissage et d’acquisition de l’expérience.

Voilà sûrement quelques meilleurs éléments sur lesquels nous pouvons juger ou trancher la question.

En fin, L’expérience doit primer seulement sur des conditions de la charge stratégique de la fonction, c’est pourquoi M. le Président a raison de dire : «Il n’y a pas d’école d’expérience, il faut qu’on donne la chance à tout le monde».

Les militaires soudanais ont pris le pouvoir à Khartoum après les coups de force de l’armée au Mali et en Guinée. Le pouvoir militaire est-il une solution en Afrique ou un retour en arrière des pays ?

Avant tout, retenons que, un coup d’État est anti-démocratique mais dans certaines configurations en Afrique, il peut être salutaire.

Il a été toujours clair, par l’évolution de l’histoire du monde, qu’une crise sociale a toujours un point de départ négligé, ignoré ou mal réglé. La crise sociale, peut entraîner, une crise politique et peut finir par celle militaire. C’est la loi de cause à effet ! Boomerang.

Les coups de force constituent pour toute analyse clairvoyante, d’abord un retour en arrière, car ils passent par la destitution de toutes les institutions de l’État. Aussi tranchant est cette vérité nous devons reconnaître que une période de transition menée à bien peut restaurer la démocratie, la justice dans un État de droit et développement.

Nous devons prendre acte de ces deux nations sœurs et nous devons accorder aux Présidents de Transition le bénéfice du doute, vu l’espoir qu’ils suscitent aujourd’hui pour le Mali et la Guinée.

Macky Sall, Président de la République du Sénégal, qui a pris part au Forum de Paris sur la Paix cette semaine, a co-animé un panel portant sur le financement des économies des pays en développement et lassé entendre : «Le monde a intérêt à voir l’Afrique se développer». Que pensez-vous de cette déclaration du futur Président en exercice de l’UA (Union Africaine) ?

En entendant ces propos, une question me vient en tête. Qui après le Président de la Côte d’Ivoire pouvait être mieux pour les intérêts de la France que Macky Sall à ce Forum à Paris ?

Cette phrase est symbolique et porteuse de réalité et de revendications du continent Africain mais, Macky Sall ne possède pas le pré-discursif de ce discours pour porter cette vision.

Il ne possède ni la posture ou le postulat, ni le germe, ni la légitimité de cette ambition prônée par les pères fondateurs de l’UA (Union Africaine).

Rédaction de Farafinainfo.com