Bonjour monsieur le Président.
Cette image où vous portez si fièrement le drapeau de notre pays m’est d’une grande signification; une signification qui dit que vous portez tout le pays avec ses fils et filles sur vos larges, grandes épaisses épaules.
Et je n’ai aucun doute quant à votre bonne foi et à votre détermination à qualifier tous les secteurs de notre vie et service publics.
Mais parce que je suis de ceux qui sont convaincus que bien qu’étant le Président, on ne connaîtrait pas tout, c’est là d’ailleurs l’intérêt et toute l’importance des conseillers à la présidence, permettez-moi de vous dire que la plupart des chefs qui ont failli, qui ont manqué à leur ambition pour leur patrie ont été induits en erreur par leurs conseillers officiels ou officieux.
Et je crois que votre ordonnance modifiant certaines dispositions de la loi portant statut des magistrats, à quelques égards, est une erreur.
Je peux comprendre que d’une part, vous vouliez nettoyer notre justice de manière à la rendre confiante, juste, crédible et efficace avec des hommes et femmes compétents et intègres, et d’autre part, que vous vouliez éviter un sous-effectif qui pourrait être dû à un probable départ massif à la retraite de certains magistrats.
Mais attentions!
Les professions judiciaires ne s’improvisent pas et le bon doctrinaire ne fait pas assurément le bon magistrat car, au-delà de la connaissance théorique du droit, rendre justice implique des facteurs très techniques. Et ces techniques relèvent plus de la pratique que de la littérature (doctrine).
D’ailleurs, puisqu’il ne saurait y avoir de magistrat de qualité sans compétence et sans intégrité, croyiez- vous que les critères qui auront prévalu au recrutement d’un professeur d’université assurent aux citoyens guinéens un juge compétent et intègre ?
Puisqu’à comprendre votre ordonnance, un professeur d’université de cinq ans d’ancienneté au moins, n’aura pas à passer le concours d’accès à la magistrature.
Pensez-vous que le professeur d’université qui aura enseigné la même matière pendant plus de 5 ans fera un juge compètent qui se verra soumis toutes sortes de questions de droit auxquelles il faudra donner une réponse judiciaire ?
Je vous ai toujours vu en un homme très prudent dans vos prises de décision.
Mais pour ce qui est de la justice, votre boussole, la boussole que vous avez promise à la Guinée, si vous ne faites pas attention, vous risquez de casser cette boussole avant même d’avoir amorcé votre transition.
A mon avis, s’il y’a lieu d’envoyer des magistrats à la retraite, vous le pouvez.
Mais après, en dehors des cas qui étaient prévu par la loi, organisé des concours sérieux (en connaissance en moralité et en intégralité) pour recruter des magistrats. Il y’a plein de jeunes qui peuvent répondre à ces attentes.
Et au-delà du recrutement qui aura été sérieux, mettez-les dans les conditions à faire d’eux ces magistrats que vous ambitionnez pour notre pays.
Enfin mettez en place une forte et juste institution disciplinaire pour sanctionner leurs manquements.
Moussa Diallo