Notre existence au quotidien est inhérente aux déplacements , déplacement d’ordre professionnel, d’ordre business, d’ordre familial et/ou social, d’ordre touristique, d’ordre sanitaire….
Notre monde étant en perpétuel dynamisme, en mutation complexe et variée, toutes les options ou décisions publiques doivent impérativement tenir compte de ce facteur.
Le transport en Guinée est entièrement déstructuré, déshumanisant, rétrograde. Pour s’imprégner de cette réalité macabre, observons les mouvements de la population tous les matins en direction de Madina, de Kaloum le centre administratif de Conakry.
Les types d’engin roulant à usage de transport urbain , interurbain, mettent en évidence l’absence d’une réelle politique de transport de façon globale dans notre pays.
Dans un passé récent, nous avons connu les sociétés TUC, SOGETRAG, MELIA TRANS, GUINÉE EXPRESS, SOGUITRANS…qui ont connu une chute lamentable aboutissant à leur disparition totale; de ces expériences noires, une leçon devrait tirée en de vue de doter notre pays de véritables sociétés de transport publiques, privées ou mixtes.
Le transport est une variante de poids dans l’économie nationale, son organisation impose une incitation à l’innovation à l’aune des villes modernes de l’Afrique.
Pourvoyeurs d’emplois, de recettes pour le trésor public, pour les communes et autres, les transports jouent un rôle fondamental parce qu’ils influent sur toutes les facettes de l’économie, notamment sur la mobilité de la main-d’œuvre et l’environnement. La mobilité géographique de la main-d’œuvre est la conséquence de décisions prises en matière de localisation et de migrations alternantes.
À l’ère des embouteillages et de la pollution de l’air qui assaillent la capitale Conakry, le statu quo est intenable tant « ces problèmes sont asphyxiants et rendent moins productifs l’activité économique : « On ne peut pas continuer à contempler ce spectacle d’un autre âge.
Plus que jamais, il faut imaginer une mobilité urbaine, une innovation dans les équipements de transport, des travaux d’envergure afin de réaliser des installations appropriées afin de faciliter le départ et l’arrivée de voyageurs de différents horizons. Mais comment ?
Une gouvernance stratégique déployée par les pouvoirs publics
Avec une densité de population de plus de 5 150 habitants au km2, Conakry est, depuis des décennies, aux prises avec ces enjeux de congestion et d’une urbanisation anarchique.
Pour s’y attaquer, les autorités doivent à la fois proposer des réformes profondes du système de transport, initier une dynamique de professionalisation du secteur, mettre le grand Conakry à contribution pour la réalisation de plateaux techniques qui répondent dignement aux exigences de stations de bus, axer la planification des transports sur les moyen et long termes au rythme de la dynamique des territoires.
Une bonne vision intégrée des transports urbains s’avère fondamentale et il est crucial qu’elle soit gérée par les pouvoirs publics, une gestion mixte en associant des partenaires pétris d’expériences et non dominée par l’informel. Les autorités publiques doivent « établir les standards pour les types de véhicules devant servir au transport de la population, créer des itinéraires additionnels pour les gros porteurs, une exploitation du littoral des deux de côtés de Conakry….
Établir des règles claires
La théorie des « régimes urbains » (urban regime) (Stone, 1989) met en lumière le fait que les stratégies de développement économique et urbain sont élaborées à partir d’une hiérarchie de priorités établies de concert par des intérêts publics et des intérêts privés.
Les coalitions qui se mettent en place dépendent de conditions particulières aux milieux locaux. Tout découle de la position des décideurs publics, de leur capacité à s’engager sur le terrain institutionnel afin de créer des modalités de reconnaissance et de nouveaux terrains d’action (Lauria, 1997).
Il faut donc être agile, également faire preuve « de courage politique » pour mener cette révolution et « adopter une vision positive de ce qu’il est possible de faire en mobilité durable ».
Des options pour maîtriser la croissance de la circulation sont une absolue nécessité vu les difficultés quotidiennes des usagers de la route, redessiner la cartographie des espaces à usage de gares routières qui sont tout sauf une.
L’angle économique se concentre sur le budget que les ménages allouent à leur mobilité au quotidien. Or un monde davantage mobile mène à une hausse des déplacements et par conséquent des frais engagés. Les moyens de transports ruraux et urbains sont en outre moins développés et impactent de ce fait plus durement les usagers.
La Guinée regorge de transports délirants, le fameux slogan « mouiller le maillot » devrait en principe résulter de l’obtention de résultats très significatifs et/ou stratégiques des différents départements et non le contraire, la distribution de prébendes aux couches défavorisées de la population….
Mohamed Doussou KEITA
Économiste Manager