Amy Sow, artiste-peintre mauritanienne, fondatrice et directrice d’Art Gallé « Art Gallé est une porte ouverte sur l’art en Mauritanie. »

Amy est une artiste-peintre mauritanienne et féministe très engagée. Autant dire qu’elle mène une lutte sans merci pour les violences faites aux femmes depuis quelques années. Rencontre avec une jeune femme exceptionnelle, qui a eu la merveilleuse idée d’imaginer et de construire cette œuvre d’art dénommée ArtGallé (La Maison de l’Art, en Poular)  

D’où est venue la fabuleuse idée de construire une galerie dénommée : Art Gallé ?

Je me suis toujours dit quand j’aurais les moyens, je vais me construire une galerie ou une maison pour les artistes-peintres, c’est ainsi que l’idée est partie, donc c’est un rêve qui vient de se réaliser avec la construction de cette galerie : Art Gallé. Je rêvais de construire une galerie mais certainement pas avec n’importe quels matériaux. C’est ainsi que j’ai déposé un dossier de subvention au niveau de plusieurs institutions financières et bancaires y compris des représentations diplomatiques, mais en vain. Sans jamais baisser les bras, j’ai commencé à rassembler les matériaux : pneus, bois puis j’ai entamé la construction et l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique est venue me subventionner. La construction a duré trois (3) ans.

Pouvez-vous présenter Art Gallé à nos lecteurs ? 

Art Gallé comprend 3 compartiments : l’espace café, la galerie et la résidence d’artistes. L’idée est de faire venir les artistes-peintres étrangers, qui veulent résider en Mauritanie et font la restitution après le temps de leurs séjour de travail. Art Gallé est tout simplement un espace d’échanges, de rencontres et surtout de créativités. Art Gallé est une porte ouverte sur l’art en Mauritanie. Nous  invitons généralement la jeunesse mauritanienne pour qu’elle puisse toucher du doigt les créativités artistiques mauritaniennes et étrangères.

Comment choisissez-vous les artistes qui exposent ou défilent à Art Gallé parce que tout récemment nous y avons assisté au défilé d’une créatrice de mode du nom de Medina Ibrahima Ndiaye ?

Tous les artistes mauritaniens se connaissent. Je ne vous apprends rien en vous le disant. Et ils sont tous bienvenus à Art Gallé y compris les artistes étrangers. En fait, nous n’avons pas aucun problème pour choisir les artistes.

Est-ce facile d’être artiste-peintre et galeriste à la fois ? 

Ce n’est pas du tout facile de cumuler ces deux métiers, certes, passionnants, mais qui sont très exigeants et prenants. Le métier de galeriste demande assez de temps et je n’ai pas beaucoup de temps pour produire mes tableaux. Il y a beaucoup de boulots.

A quel niveau vous vous différenciez des autres galeristes ?

Sans se vanter ou raconter des bêtises, Art Gallé est unique. Nous recevons des dizaines de personnes tous les jours, qui viennent nous demander, comment est-ce que nous avons eu l’idée d’implanter une telle galerie en Mauritanie ! Des hommes et femmes ne cessent de se demander comment nous avons pu mettre une telle œuvre d’art sur pied à Nouakchott. Les uns et les autres disent qu’ils ne pensaient pas que ce genre de construction était possible à Nouakchott : c’est une œuvre d’art. Nous, les artistes, nous ne sommes pas comme des gens normaux, car nous sommes capables de créer et de recréer.

Art Gallé est aussi le passage obligé des célébrités, personnalités diplomatiques voire des présidents de la République …., mais pourquoi la visité du président Emmanuel Macron a été annulé à la dernière minute ? 

Art Gallé est devenu un passage obligé (Rires, rires), comme vous le dites si bien gentiment. Monsieur Emmanuel Macron, président de la République Française, n’est pas finalement venu à Art Gallé, mais nous avons marqué un grand coup médiatique avec l’annonce de sa visite dans nos locaux, même si cette visite a été annulée à la dernière minute pour des raisons sécuritaires, mais je pense qu’il devrait quand même venir.

De quoi vous êtes sincèrement fière aujourd’hui après tant d’années de carrière artistique, de nombreuses expositions en Mauritanie et partout ailleurs ?

 Oui, il y a de quoi  être fière. Je suis tellement fière de cette œuvre d’art dénommée Art Gallé, vous ne pouvez pas imaginer. Moi, je suis dans l’esprit de partage, comme il n’y a pas beaucoup d’endroits culturels à Nouakchott, je pourrais dire qu’Art Gallé est ma contribution à la construction de l’édifice.

Propos recueillis par Camara Mamady