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Reporter, témoin des faits

BAH OURY, L’ESPOIR BRISÉ : un an de reniement au service de la junte

Le 27 février 2024, la nomination de Bah Oury au poste de Premier ministre avait suscité un mince espoir en Guinée, pays en quête de stabilité. Figure historique de l’opposition, il incarnait la promesse d’un dialogue inclusif, d’une décrispation politique et d’un retour progressif à l’ordre constitutionnel. L’Alliance Nationale pour l’Alternance et la Démocratie (ANAD), comme de nombreux acteurs politiques et citoyens, nourrissait des attentes claires : rassembler les forces vives de la nation, restaurer les libertés, relancer le dialogue politique et poser les jalons d’élections crédibles.

Un an plus tard, l’espoir s’est mué en désillusion. Celui qui se présentait comme un artisan du consensus est devenu le porte-voix d’un pouvoir de plus en plus contesté. Plutôt que de jouer le rôle de médiateur impartial, Bah Oury s’est enfermé dans une posture partisane, réduisant le dialogue à une simple chambre d’écho pour les tenants du régime.

L’histoire retiendra que celui qui dénonçait hier la confiscation du pouvoir par la junte du CNDD s’est aujourd’hui aligné sur une nouvelle junte, trahissant les idéaux qu’il prétendait incarner. Celui qui plaidait pour la justice et la transparence cautionne désormais l’injustifiable.

Les Guinéens attendaient des résultats concrets, mais la réalité est restée inchangée. Tandis que 68 % des citoyens vivent sous le seuil de pauvreté, le gouvernement célèbre des performances macroéconomiques invisibles pour la majorité. Les milliards annoncés pour l’électricité n’ont pas dissipé l’obscurité qui plonge Conakry et l’intérieur du pays dans le désarroi. 1 900 milliards GNF destinés à l’agriculture se sont volatilisés dans des projets sans impact, laissant les terres en friche et des familles dans la précarité.

La jeunesse en paie le plus lourd tribut. En 2024, 32 000 jeunes Guinéens ont fui le pays, affrontant le désert et les océans pour chercher ailleurs une dignité que leur propre nation leur refuse. La Guinée est devenue la première nation africaine demandeuse d’asile en France, avec 10 300 dossiers déposés, pendant que 1 857 Guinéens sont menacés d’expulsion aux États-Unis.

Face à cette tragédie, le pouvoir préfère entretenir des mouvements de soutien artificiels, relayant une propagande déconnectée des souffrances du peuple. Le dialogue promis s’est transformé en monologue, où seules les voix proches du régime trouvent grâce. Pendant ce temps, les libertés s’érodent, la répression s’intensifie et l’impunité se banalise.

Bah Oury avait promis de rassembler, il a contribué à diviser. Il avait promis d’écouter, il s’est entouré de partisans. Il avait promis la vérité, il s’est mué en défenseur du mensonge.

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Les Guinéens méritent des dirigeants fidèles à leurs engagements, des intellectuels engagés pour la vérité et des figures politiques attachées à l’intérêt général.

Ni le temps, ni la propagande ne pourront effacer les actes posés aujourd’hui. Le jour viendra où chacun répondra devant l’histoire.

Bah Oury a déçu. Mais la Guinée, elle, n’oubliera jamais.

#LaMémoireEstNotreArme

Souleymane Souza KONATE, Président de la Commission Communication de l’ANAD et Conseiller Chargé de Communication de Cellou Dalein Diallo.

 

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