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Reporter, témoin des faits

Camps des réfugiés sahraouis (Tindouf): Les tentes de la résistance ! Reportage

« Aucun peuple ne reste éternellement sous le joug de colonisateurs. Nous sommes patients, résistants, tenaces et nous croyons en notre indépendance »

173 600 sahraouis sont réfugiés dans les camps de Tindouf. Un territoire que l’Algérie a « mis à la disposition » de résistants depuis 45 ans. Un peuple revendiquant ses terres spolié par le Maroc et qui vit grâce  aux aides humanitaires envoyées par des organisations non gouvernementales étrangères.

A Boudjedour, une des cinq wilayas, la situation est précaire. Des maisons bâties avec du parpaing et un toit en zinc, des tentes, offertes par la Libye de feu Kaddafi, s’alignent démesurément sur du sable sous un soleil de plomb.

« Nous dépendons des aides qui nous parviennent parcimonieusement, depuis ces deux dernières années. Et ce n’est pas seulement à cause de la pandémie, quelque part, on veut nous mettre la pression et nous obliger à vivre éternellement sous la dépendance » estime Brahim, président d’une association.

Malgré la précarité, les gens, humbles, sont d’une hospitalité incroyable. Très instruits et cultivés, les sahraouis se plient en quatre pour accueillir leurs hôtes. « Ceux qui viennent chez nous, ne peuvent que nous aimer » disent-ils.

Tous les enfants sont scolarisés dans des écoles et des  collèges des camps. Les lycéens continuent leurs études secondaires à Tindouf et universitaires dans les universités algériennes. « Nous ne pourrons jamais remercier l’Algérie, le pays des causes nobles » reconnaissent nos interlocuteurs dont la plupart a quitté El Ayoun, colonisée, au lendemain de la « Marche verte » de feu Hassan II.

« Nos parents ont quitté précipitamment nos terres (Smara, El Ayoun) par peur d’être tués ou détenus, mais tous les jeunes que vous voyez sont nés ici, sous les tentes ou dans des hôpitaux algériens » nous explique Amma, 27 ans, diplômée en Sciences politiques d’une université algérienne.

Dans les camps, on parle Hassanya, un peu l’arabe et beaucoup espagnol.

« Beaucoup de nos proches sont restés dans le Sahara occidentale sous occupation, le seul moyen de communication avec eux, sont les réseaux sociaux, on n’a pas le droit de leur rende visite et ils ne peuvent pas venir. Nous sommes déracinés, mais nous croyons en Dieu, en la loi internationale et en notre combat pour notre liberté » affirme Ahmed, 48 ans ayant fui en 2010 de Smara pour parcourir plus de 2 000 kilomètres et échouer à Boudjedour sans le sou.

« J’ai tout laissé là bas, famille, mes biens pour arriver ici, refaire une nouvelle vie, mais j’ai toujours l’espoir de retourner chez moi » renchérit-il, quasiment en pleurs.

A une cinquantaine de kilomètres, des hommes sont sur le front.

« Ici, dans les camps, nous vaquons à nos occupations vaille que vaille, mais nous sommes des réservistes, nous sommes prêts à tout moment à aller au front quand le Polisario nous le demande » avoue Mahmoud, 32 ans, un master de droit.

Dans ce désert hostile, mais organisé, les femmes sont respectées. C’est la première école de la vie. C’est une société où la femme a son mot à dire dans le respect et les règles traditionnelles qui garantissent la paix et l’égalité.

« Nous n’avons pas de fléaux sociaux, car dès la naissance, les enfants sont éduqués selon la religion et les traditions. La rigueur est de mise quand il s’agit du respect d’autrui…, » dit, encore, Mahmoud.

A 18h, le climat se rafraîchit, les ruelles poussiéreuses s’animent. L’odeur du thé, sortant des demeures, exhalent l’atmosphère.

«  Aucun peuple ne reste éternellement sous le joug de colonisateurs. Nous sommes patients, résistants, tenaces et nous croyons en notre indépendance. Nous vaincrons ! » Nous rassure Amma.

 Reportage de Chahredine Berriah