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Reporter, témoin des faits

Cent jours de silence imposé : la presse guinéenne bâillonnée [S. Souza Konaté]

OPINION. Le 30 août 2024 marque exactement 100 jours depuis la fermeture des trois principales entreprises de presse en Guinée. Cette situation est extrêmement éprouvante pour de nombreux journalistes, contraints au chômage pour avoir dit la vérité et défendu les intérêts supérieurs de leur patrie, la Guinée.

Le CNRD, dans sa volonté de confisquer le pouvoir et de restreindre les libertés individuelles et collectives, a ainsi affiché son mépris pour ces médias en assumant ouvertement leur fermeture et la destruction de centaines d’emplois. Cette décision absurde plonge aujourd’hui des milliers de familles dans la précarité économique et sociale. Pendant ce temps, les putschistes et leurs complices civils, allergiques à toute critique, poursuivent leur sale besogne, gouvernant par la division ethnique, la manipulation, le clientélisme, le copinage, l’exclusion, la corruption, l’enrichissement illicite et le détournement des deniers’ publics. Assoiffé de pouvoir, ce régime clanique cherche à étouffer toutes les voix dissidentes, tout en s’entourant de mouvements de soutien dirigés, comme toujours, par de jeunes fainéants prêts, avec leurs mentors, à dépouiller le pays du peu de ressources qui lui restent. Nous subissons les conséquences de l’arrivée au pouvoir de la pire des mafias avec le coup d’État du 5 septembre 2021.

Je pense avec émotion à Foniké Manguè et Billo Bah, deux héros enlevés dans la lutte des Guinéens pour une presse libre et indépendante, et pour une gouvernance vertueuse sous les tropiques. Dans une République, nul ne doit être menacé pour ses opinions ou pour sa quête quotidienne d’une vie décente.

Il est impératif de rappeler la nécessité d’unir les énergies positives pour défendre la liberté de la presse et la liberté d’expression, sans laisser ce combat exclusivement aux journalistes. Nous sommes tous concernés par la menace d’anéantissement qui pèse sur notre société et sur le pays tout entier. Stopper cette horde au pouvoir, avec sa rage contre un peuple qui aspire au bien-être, est une question de survie.

Le manque de solidarité observé dans notre pays, ainsi que la force des corporatismes et de l’ethnicisme, émiette et fragmente nos luttes, les affaiblit, et tend à compromettre toute convergence ou agrégation des efforts, donnant ainsi à l’oppresseur toute latitude pour décider de notre sort, voire, dans le pire des cas, de le sceller définitivement.

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En ces heures particulièrement sombres pour la démocratie et pour son corollaire, la presse « libre » emprisonnée, mon soutien à leur cause est immense. J’admire profondément tous les médias et ce peuple martyr qui refuse de se résigner face à l’oppression. Mes pensées solidaires vont à nos héros du quotidien, pour leur dignité et leur courage face à la bêtise et à l’ignominie.

À nos amis de FIM FM, du Groupe DJOMA FM/TV, HADAFO-MÉDIAS et D’INQUISITEUR, vous êtes des références pour le peuple de Guinée qui aspire à plus de démocratie, de liberté, de justice, et au développement sous la gouverne d’un régime éclairé, qui nous fera oublier, une fois pour toutes, le règne des barbares.

 Souleymane Souza KONATÉ, Président de la Commission Communication de l’ANAD et Conseiller Chargé de Communication de Cellou Dalein Diallo.

 

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