Cheick Sadibou N’Doye, Journaliste : «…parlant du Président Macky Sall, je pense qu’il n’était pas de son rôle d’interpeller… »
Ce lundi 28 décembre 2020, la Rédaction de Farafinainfo.com a fait réagir de l’un de ses désormais invités, Cheick Sadibou N’Doye, journaliste de son état, aux faits marquants de l’actualité de la semaine écoulée en République de Guinée et dans la sous-région –Actu de la Semaine en 3 Questions– Entretien…
Mamadou Sylla, Chef de file de l’Opposition guinéenne, a dévoilé la liste de son Cabinet comprenant plusieurs Conseillers. Qu’est-ce qu’on peut attendre de cet opposant, qui veut s’opposer autrement ?
En ce qui concerne Mamadou Sylla, je commence par parler de la légalité et de la légitimité de son statut de chef de file de l’opposition. Il est légal car selon les principes, il est l’opposant à l’Assemblée Nationale, qui a le plus de députés. Cependant, du point de vue légitime, je m’interroge en ce sens que quatre députés ne représentent pas un poids politique sur l’échiquier national. À cela, il faut se poser la question sur ce que l’homme représente au plan international. Je pense qu’être Chef de file de l’opposition à l’image de Cellou Dalein Diallo répond à des critères, des normes. Il faut pouvoir être le contre-pouvoir à l’Assemblée. Malheureusement, ça ne pourra pas être le cas avec Mamadou Sylla et son groupe parlementaire. De ce point vue, son statut de Chef de file de l’opposition ne servira qu’à lui seul avec tous les privilèges que cela comporte et non pour le peuple dont il est sensé représenté.
Dans l’affaire du prétendu «détournement de plus de 200 milliards de Francs Guinéens par une Ministre de la République», les trois journalistes, qui ont reçu «une citation à comparaître devant le Tribunal de Première Instance (TPI) de Kaloum», ne sont toujours pas jugés nonobstant l’ouverture de leur procès. A quoi peut-on s’attendre après deux renvois de ce procès ?
Affaire de prétendu détournement de plus de deux cent milliards de francs guinéens. Je pense ‘que l’affaire est close à ce niveau et pour deux raisons. D’abord dès les premiers jours de cette affaire, c’est le Premier-Ministre, Chef du gouvernement qui dresse un communiqué engageant ainsi tout le gouvernement pour apporter sa solidarité à la ministre Zenab. Deuxième chose, on apprend que le président Alpha aurait à son tour disculpé la dame Zenab. Pour ce dernier, si tel est le cas, je me dis que c’est terminer, car c’est l’instance suprême qui s’exprime. Plus loin, on sait comment ça se passe en Guinée. Pourtant, à mon humble avis, je pense que c’est le contraire qui devait se produire. En termes clairs, que ce détournement soit vrai ou faux, l’Etat devait enclencher la machine judiciaire à partir du moment où des médias en ont fait cas. À ce niveau, il faut craindre que cela soit une balle au rebond contre des journalistes, qui en lieu et place d’être protégés par la loi sur les lanceurs d’alerte, risquent plutôt d’avoir des ennuis judiciaires.
Macky Sall, Président de la République du Sénégal, a alerté sur les dérives de la presse en ligne. Des dérives étalées à la une de la presse sénégalaise avant, durant et après la présidentielle guinéenne du 18 octobre 2020 «Présidentielle guinéenne : Les diplomates demandent à Condé de reconnaître sa défaite» «Les diplomates mettent la pression sur Condé pour qu’il reconnaisse sa défaite», «Les chiffres de la victoire de Cellou Dalein Diallo», «Cellou Dalein Diallo a largement gagné les élections au 1er tour», «Les Guinéens de la Casamance derrière Cellou Dalein Diallo», «Alpha Condé va brûler la Guinée » …. Quelle lecture faites-vous de ces différents titres de la presse sénégalaise ?
Nous avons suivi avec intérêt des plateaux spéciaux de chaînes de télévisions privées sénégalaises lors de la présidentielle guinéenne dernière. C’est avec regret que j’ai constaté personnellement, pas des dérives peut-être, mais de la partialité qui a caractérisé le contenu des débats. Plusieurs d’entre elles avaient déjà annoncé les couleurs de la victoire de Cellou Dalein Diallo. Maintenant parlant du président Macky Sall, je pense qu’il n’était pas de son rôle d’interpeller un média dans ce sens au risque d’entraver la libre circulation de l’information ou encore la liberté d’expression. À ce propos, c’est plutôt l’instance de régulation des médias sénégalais qui devait jouer son rôle et non le président Macky Sall.
Rédaction de Farafinainfo.com