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Coach Bereté : «L’arrestation de M. Bah, (…), constitue non seulement une …»

Ce lundi 10 juin 2024, la Rédaction de Farafinainfo.com revient sur les faits marquants de l’[Actu de la Semaine en 3 Questions] en Afrique particulièrement la «dissolution des partis politiques», la curieuse demande d’une structure en Guinée. L’arrestation arbitraire du Secrétaire Général du SYNABEF au Mali. Et la création d’une force de protection des sites au Niger. Entretien avec Souleymane Bereté plus connu sous le nom de Coach Berté Premier, Universitaire.

 

Coach Bereté Premier, Universitaire & Entrepreneur intellectuel 

 

 1)– «Pour la réussite de la Transition, une structure demande la [dissolution] des partis politiques». Qu’est-ce que vous en pensez ?

 

«Pour la réussite de la Transition, une structure demande la [dissolution] des partis  La Dissolution des Partis Politiques est une Menace pour la Démocratie en Guinée.

La Guinée traverse actuellement une période importante de son histoire avec le Général Mamadi Doumbouya à la tête du pays suite au coup d’État de septembre 2021. Dans ce contexte de transition politique, certaines voix s’élèvent pour demander la dissolution des partis politiques, arguant que cela favoriserait une transition plus harmonieuse et efficace. Cependant, cette proposition, bien que séduisante pour certains, représente en réalité un recul démocratique significatif et dangereux pour l’avenir politique de la Guinée.

La Diversité Politique est et a toujours été une Condition Sine Qua Non de la Démocratie. Les partis politiques sont les piliers fondamentaux de toute démocratie. Ils permettent la diversité d’opinions, l’expression de différentes aspirations et idéologies, et jouent un rôle crucial dans la représentation des citoyens. En Guinée, les partis politiques, bien que souvent fragmentés et parfois inefficaces, constituent néanmoins un espace indispensable de débat et de participation politique. Dissoudre ces partis reviendrait à priver les Guinéens de leur droit à l’expression politique pluraliste, un droit fondamental reconnu par la Constitution et les conventions internationales. Alors, la dissolution des partis politiques pourrait ouvrir la voie à un pouvoir autoritaire, où un seul groupe ou une seule personne détiendrait toutes les rênes du pouvoir sans opposition ni contrôle. Cette concentration du pouvoir est dangereuse, car elle réduit les contre-pouvoirs nécessaires à une gouvernance équilibrée et transparente. L’histoire regorge d’exemples où l’absence de partis politiques a conduit à des régimes autoritaires, voire dictatoriaux, où les droits et libertés des citoyens sont largement bafoués.

Une Transition plus Inclusive pour une Paix Durable: voici ma proposition. Pour que la transition en Guinée soit un succès, elle doit être plus inclusive et représentative de toutes les forces vives de la nation. Les partis politiques, malgré leurs imperfections, doivent être des acteurs clés de ce processus. Leur exclusion du paysage politique ne ferait qu’accentuer les tensions et les frustrations, risquant de plonger le pays dans une instabilité encore plus grande. La transition doit être l’occasion de réformer et de renforcer les institutions démocratiques, y compris les partis politiques, pour garantir une gouvernance participative et responsable.

L’importance de la réforme et du dialogue, est cruciale. Plutôt que de dissoudre les partis politiques, il est essentiel de promouvoir le dialogue et la réforme. Encourager les partis à se moderniser, à adopter des pratiques de gouvernance internes plus transparentes et démocratiques, et à mieux représenter leurs électeurs peut renforcer la démocratie en Guinée. Le dialogue entre les différentes forces politiques et sociales est également crucial pour bâtir un consensus autour des réformes nécessaires et assurer une transition apaisée et réussie.

En conclusion, la proposition de dissoudre les partis politiques en Guinée, loin d’être une solution, constitue un dangereux recul démocratique. La réussite de la transition passe par le renforcement des institutions démocratiques, l’inclusion de toutes les voix politiques et la promotion d’un dialogue constructif. C’est en respectant et en renforçant le pluralisme politique que la Guinée pourra espérer une transition réussie et une démocratie durable.

 

2) – «Le Syndicat des Banques et Etablissements Financiers du Mali (SYNABEF) a entamé une grève de 72heures le jeudi 06 juin 2024. La raison de cette grève est la prétendue ‘’arrestation arbitraire’’ de leur secrétaire général, Hamadoun Bah. Cette première journée de grève a affecté de nombreux usagers des banques», rapporte Mali Actu. Quel commentaire faites-vous sur l’arrestation de Hamadoun Bah ?

 

L’arrestation arbitraire de Hamadoun Bah, secrétaire général du Syndicat des Banques et Etablissements Financiers du Mali (SYNABEF), représente un affront flagrant aux principes fondamentaux de la justice et des droits de l’homme. Dans un état de droit, chaque citoyen, indépendamment de sa position ou de ses opinions, doit jouir de la présomption d’innocence et du droit à un procès équitable. L’arrestation de M. Bah, sans preuves tangibles ou procédures judiciaires transparentes, constitue non seulement une violation de ses droits individuels, mais aussi une atteinte grave à la liberté syndicale et au droit de grève.

Il est essentiel de rappeler que les syndicats jouent un rôle crucial dans la défense des droits des travailleurs et dans l’amélioration des conditions de travail. En ciblant leur leader, les autorités envoient un message inquiétant d’intimidation et de répression, sapant ainsi la confiance des citoyens dans les institutions publiques. Cette action risquée pourrait créer un climat de peur et de méfiance, où les citoyens et les travailleurs hésitent à exprimer leurs préoccupations légitimes de crainte de représailles.

La grève de 72 heures entamée par le SYNABEF en réponse à cette arrestation a des répercussions profondes sur les usagers des banques. Cependant, il est crucial de comprendre que cette perturbation temporaire est un symptôme d’un problème beaucoup plus grave. Le véritable préjudice n’est pas seulement l’interruption des services bancaires, mais la menace systémique posée aux libertés civiles et à la justice. Lorsque les voix dissidentes et les défenseurs des droits des travailleurs sont réduits au silence par des arrestations arbitraires, c’est la société tout entière qui est mise en péril.

Les autorités maliennes doivent immédiatement réévaluer leurs actions et libérer Hamadoun Bah, tout en garantissant qu’il bénéficie d’un traitement juste et transparent. Une enquête indépendante et impartiale sur les circonstances de son arrestation est également indispensable pour rétablir la confiance du public dans le système judiciaire.

Enfin, il est impératif que la communauté internationale, ainsi que les organisations de défense des droits de l’homme, surveillent de près cette situation et fassent pression sur les autorités maliennes pour qu’elles respectent les normes internationales en matière de droits de l’homme. La justice et la liberté ne doivent jamais être compromises, et chaque citoyen doit pouvoir vivre sans crainte de répression arbitraire.

L’arrestation de Hamadoun Bah ne doit pas être vue uniquement comme un incident isolé, mais comme un appel à l’action pour protéger les droits fondamentaux et garantir que la justice demeure une pierre angulaire de notre société.

 

 3) – «L’armée du Niger a annoncé la création d’une ‘’force de protection’’ contre les attaques ‘’terroristes’’ sur les sites ‘’stratégiques’’ notamment les mines d’uranium et les puits pétroliers de ce pays qui combat depuis 2015 les violences djihadistes», rapporte Le Monde. Que pensez-vous de cette annonce ? 

 

L’annonce par l’armée du Niger de la création d’une « force de protection » dédiée à la sécurisation des sites stratégiques, tels que les mines d’uranium et les puits pétroliers, est une décision louable et nécessaire dans le contexte actuel de menaces terroristes accrues. Depuis 2015, le Niger fait face à une montée en puissance des violences djihadistes, mettant en péril non seulement la sécurité nationale, mais aussi la stabilité économique et les investissements étrangers.

Les mines d’uranium et les puits pétroliers sont des ressources vitales pour l’économie nigérienne. L’uranium, en particulier, constitue une part significative des exportations du pays, générant des revenus essentiels pour le budget national. En assurant une protection renforcée de ces sites, le gouvernement envoie un message fort aux investisseurs potentiels : le Niger est déterminé à garantir la sécurité et la continuité de ses activités économiques stratégiques. Cela pourrait encourager de nouveaux investissements et soutenir la croissance économique à long terme.

De plus, la création de cette force de protection spécialisée illustre une prise de conscience pragmatique des réalités sécuritaires. Les groupes terroristes, en ciblant les infrastructures critiques, cherchent à affaiblir l’État et à semer le chaos. En réponse, cette initiative démontre une stratégie proactive et adaptée, visant à neutraliser ces menaces avant qu’elles ne puissent causer des dégâts irréparables. La présence d’une force dédiée permet non seulement de dissuader les attaques potentielles, mais aussi de réagir rapidement et efficacement en cas d’incident, minimisant ainsi les impacts négatifs.

Cette mesure comporte également des avantages en termes de coopération internationale. En renforçant la sécurité de ses infrastructures critiques, le Niger peut devenir un partenaire plus fiable pour les nations et entreprises étrangères impliquées dans les secteurs de l’uranium et du pétrole. Une telle stabilité est cruciale pour les accords de coopération et les investissements à long terme, favorisant ainsi des relations économiques et diplomatiques plus solides.

Enfin, sur le plan interne, la création de cette force peut avoir des effets positifs sur la moralité et la confiance des populations locales. Les régions riches en ressources naturelles, souvent situées dans des zones reculées et vulnérables, souffrent fréquemment des violences et de l’insécurité. En garantissant une protection accrue, le gouvernement montre son engagement envers la sécurité de tous ses citoyens, renforçant ainsi le sentiment de sécurité et de confiance envers les institutions de l’État.

En conclusion, la décision de l’armée du Niger de créer une force de protection pour sécuriser les sites stratégiques est non seulement une réponse adéquate aux défis sécuritaires actuels, mais aussi une initiative porteuse d’opportunités économiques et diplomatiques. Elle reflète une volonté de défendre les intérêts nationaux tout en promouvant la stabilité et la croissance. Dans un monde où les menaces asymétriques sont de plus en plus présentes, une telle démarche est non seulement appréciable, mais indispensable.

 

Rédaction de Farafinainfo.com

 

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