ÉDITORIAL. Depuis 2024, les relations entre l’Algérie et la France se sont considérablement détériorées, marquant un tournant critique dans leur coopération historique. À l’origine de cette crise, plusieurs facteurs géopolitiques, notamment la reconnaissance par Paris de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, perçue par Alger comme une provocation directe. Cette décision a entraîné une série de mesures de rétorsion économiques et diplomatiques, plongeant les deux pays dans une impasse aux conséquences incertaines.
Par Marwa Sid Ahmed, Journaliste Farafinainfo.com
La réponse algérienne ne s’est pas fait attendre. L’Algérie a progressivement réduit la présence économique française sur son territoire en excluant les entreprises françaises des appels d’offres pour l’importation de blé, au profit de fournisseurs russes et d’autres partenaires. Ce choix stratégique reflète une volonté d’affranchissement des circuits commerciaux traditionnels dominés par l’Europe et de diversification des alliances économiques.
Un retour à la table des négociations permettrait d’atténuer les tensions
Par ailleurs, des directives officieuses auraient été transmises aux banques et institutions financières algériennes pour ralentir, voire suspendre, certaines transactions commerciales avec la France. Cette tendance, bien que non confirmée officiellement, suggère une politique de distanciation économique progressive. D’autre part, des secteurs clés comme l’énergie et l’industrie automobile pourraient être impactés. TotalEnergies, fortement implanté en Algérie, pourrait voir ses projets ralentis ou renégociés. De même, le marché automobile, dominé par des marques françaises comme Renault et Peugeot, pourrait être réorienté vers des constructeurs asiatiques. Face à cette crise, plusieurs trajectoires sont envisageables. Un retour à la table des négociations permettrait d’atténuer les tensions. Dans ce scénario, la France pourrait adopter une position plus nuancée sur le dossier saharien, tandis que l’Algérie privilégierait une approche pragmatique pour préserver ses intérêts économiques. Cet apaisement pourrait également être favorisé par l’intervention de partenaires européens soucieux de maintenir la stabilité du Maghreb.
Si la situation continue de se détériorer, l’Algérie pourrait élargir ses restrictions économiques contre la France, impactant des secteurs stratégiques comme l’énergie, les infrastructures et l’aéronautique. Un tel scénario nuirait aux deux économies, avec une possible répercussion sur l’approvisionnement en gaz algérien, essentiel pour la France et l’Union européenne. Dans un contexte de tensions prolongées, l’Algérie pourrait renforcer ses liens avec d’autres partenaires, notamment la Chine, la Russie et la Turquie, au détriment de la France. Ce scénario marquerait un repositionnement stratégique de l’Algérie sur l’échiquier international et une marginalisation progressive de la France dans l’économie algérienne.
Si l’Algérie et la France ont traversé de nombreuses crises par le passé, celle-ci semble s’inscrire dans une dynamique de rupture plus profonde. Entre enjeux historiques, intérêts économiques et repositionnements géopolitiques, l’issue de cette crise dépendra des choix stratégiques des deux gouvernements dans les mois à venir. Un dialogue constructif pourrait éviter une détérioration durable des relations, mais l’heure est encore aux incertitudes.
M.S.A
Farafinainfo à l’honneur : Le journaliste Chahreddine Berriah, lauréat