[EnQuête de Farafinainfo.com ]La route algérienne en Méditerranée occidentale : Des lois pour lutter contre la traite des humains
Farafinainfo.com – Actualités Nord-Africaines – « Brûleurs de barrières » ou harraga. Le phénomène de l’émigration irrégulière apparaît début 1990, avec « l’ouverture » de la voie terrestre « Nador-Melilla » et « Tanger- Ceuta ». Deux enclaves espagnoles abritant des camps de migrants, réceptacles de subsahariens et de nord africains, transitant par la Tunisie et l’Algérie (Maghnia). Mais, c’est à partir de 2006 qu’il prend une importante ampleur.
Enquête de Chahreddine Berriah
Face à cette réalité migratoire, l’Algérie a promulgué la loi n°05-11 du 25 juin 2008 qui détermine les conditions d’entrée, de circulation et de sortie des étrangers, avec une approche éminemment dissuasive.
Le 25 février 2009, l’article 175 bis, complétant la loi n°66-156, a été publié dans le code pénal. Il punit la sortie illégale du territoire nationale de peines de prison et d’amendes.
Depuis 2012, on observe un rebond des départs dans la Méditerranée occidentale avec comme destination principale, les côtes ibériques et italiennes, à bord d’embarcations de fortune. Ainsi, naît les réseaux de passeurs, la traite des humains dont les tentacules s’épandent en Afrique du nord et celle de l’Ouest.
En 2018, les autorités espagnoles notamment, remarquent les arrivées massives de migrants de différentes nationalités de l’Afrique, mais aussi de syriens, sur les côtes d’Almeria, Murcia, Alicante et les îles Baléares… à partir du littoral algérien, particulièrement de l’Oranie (Oran, Ain Témouchent, Mostaganem…) et du centre (Tipasa, Boumerdes, Dellys…).
Et c’est la première fois que les organisations non gouvernementales et des Etats européens, particulièrement l’Espagne et l’Italie, dénomment les itinéraires des harraga avec l’expression « La route algérienne en Méditerranée occidentale », mais reconnaissent donc que l’Algérie, de par sa situation stratégique, est un pays de transit migratoire.
L’Algérie, un pays de transit
De 2019 à 2020, la cadence des départs des côtes algériennes enregistre une remarquable diminution en raison de la pandémie du corona virus, pour reprendre son rythme infernal à partir de 2021, avec de nouveaux candidats du Soudan, du Yémen et de Palestine occupée.
Les chiffres indiquent 1 464 arrivées en Espagne, soit une augmentation de 180% par rapport à 2019.
En 2022-2023, ce sont quasi exclusivement les Algériens et les Marocains, tous sexes et âges confondus qui accostent en masse en Andalousie.
Selon l’organisation espagnole Caminando fronteras, en 2022, au moins 464 personnes sont décédées sur cette route maritime dans 43 naufrages. Entre 2018 et 2022, ces traversées en mer ont fait 1 583 victimes, des corps non identifiés et un nombre incalculable de disparus. Un bilan effarant !
Le 23 juillet dernier, s’est tenue à Rome, la conférence internationale sur le développement et la migration à laquelle a participé l’Algérie, représentée par son premier ministre, Aïmene Benabderramane, aux côtés de hauts responsables de pays de la Méditerranée, du Moyen-Orient et d’Etats africains, ainsi que d’organisations et d’instances internationales, à l’instar du Conseil européen, de l’Union africaine, du Fonds monétaire international, du Fonds arabe pour le développement économique et social et l’Agence des Nations Unis pour les réfugiés.
L’objectif commun étant la réduction des motifs de la migration irrégulière et ce, en boostant le développement dans les Etats en proie à l’exode massif de leurs citoyens vers le continent européen.
Cette rencontre « offrira de nombreuses opportunités de coopération et de coordination en vue de conjuguer les efforts pour mettre fin aux souffrances humaines engendrées par la migration irrégulière et les pertes économiques qui en découlent », avait déclaré Mme Meloni, première ministre italienne.
L’Algérie, avec ses différents services de sécurité, entreprend de grands efforts pour lutter contre ce phénomène.
Avec notre Correspondant au Maghreb, Chahreddine Berriah