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FATOUMATA KOUYATÉ. Artiste-peintre guinéenne : « L’art est la combinaison ou la conjugaison de tout ce qui fait l’artiste »

Farafinainfo.com – [L’interview découverte d’une artiste passionnée et passionnante] –  Artiste surdouée, Fatoumata Kouyaté développe son art en puisant dans ses racines africaines. Entre peinture, écriture et engagements, l’artiste se dévoile sous toutes les nuances. 

Entretien réalisé par Abdoulaye Baldé, journaliste

Présentez-vous aux lecteurs de Farafinainfo.com, un site panafricain d’informations générales, dites-nous ce que vous faites dans la vie ? 

Bonjour aux lectrices et aux lecteurs de Farafinainfo, je m’appelle Fatoumata Kouyaté et mon nom d’artiste est Lettres Vagabondes Fatou Mata. Je suis Guinéenne. Actuellement, je réside en France où je développe mon projet artistique et culturel intitulé : « Lettres Vagabondes FM x L’Être vagabonde FM ». C’est un projet de création d’œuvres artistiques de collection sur des supports variés et avec des médiums comme l’acrylique, le fusain, le pastel sec ou à l’huile. Il comporte également un aspect théorique qui consacre la recherche thématique et contributive aux domaines de durabilité comme la culture, la protection de l’environnement ou le militantisme féministe.

 

 » … j’ai dessiné par pur plaisir avant que quelques amis me persuadent … » 

Expliquez-nous votre parcours professionnel en tant qu’artiste-peintre, comment vous est venue l’envie de peindre ? 

C’est mon papa qui m’a initiée aux domaines de l’art en général tels que la musique et le dessin. Disons qu’il a toujours eu une fibre artistique bien développée, puisque lui-même dessinait. Ensuite, j’ai suivi quelques cours d’art plastique au collège et au lycée, mais sans plus. Plus tard, j’ai dessiné par pur plaisir avant que quelques amis me persuadent de mieux structurer mon travail et en faire au fur et à mesure une activité professionnelle. Si au départ j’étais déjà autrice des Lettres Vagabondes Fatou Mata, j’ai ajouté la phase plastique intitulée L’Être vagabonde FM que je développe avec Kankou Fofana ma formidable agente qui a également fondée Droit Accessible. Et depuis, nous avons quelques expositions à notre actif. Il s’agit des deux ANNEM SAME « entre visible et invisible » et « lumières et formes« ; ou par exemple l’exposition DEMBA DIALA : Traits Portraits au prestigieux Salon du livre Africain de Paris. Entre deux projets, nous investissons les panels à Paris, Lilles; des festivals à Strasbourg au sein desquels nous défendons les narratifs propres à LVFM bien évidemment.

Qu’est-ce qui vous attire dans la peinture ? Est-ce la liberté de penser ?  

Je pense que l’art est avant tout la liberté de produire, reproduire, de représenter, de reconsidérer la société et l’imaginaire qu’elle construit en nous. Autrement dit, le champ des possibles. Je crois que c’est la combinaison ou la conjugaison de tout ce qui fait l’artiste. C’est fondamentalement cette liberté de penser qui est la mienne dans l’écriture, le dessin ou la peinture.

Comment décririez-vous votre art ? 

Fatou Diome dit que l’artiste est libre. Je dirais que « Lettres Vagabondes FM x L’Être vagabonde FM » est un art libre. Libre en lettres, en thématiques ou en mediums. Par ailleurs, je porte un engagement social, en ce sens qu’au-delà de faire ça par passion, il y a une utilité que je lui donne. L’aspect des questions de développement durable y est très perceptible. Par exemple, j’ai une collection privée intitulée Réchauffement Climatique qui aborde, sur un visuel photographique et atmosphérique, les tensions climatiques sur terre. La collection Demba Diala: Traits Portrait, joue sur une fibre identitaire ou inclusive.

 

« Je n’ai jamais exposé en Guinée mais c’est une ambition que la maison nourrit … »

Qui vous influence et quelles sont vos inspirations ? 

Ça dépend du domaine mais globalement je suis influencée par tout ce qui parle à mon cœur (célébrité ou pas). En art, je dirais Jean Michel Basquiat et les artistes du courant impressionniste comme Claude Monet, Kupka, ou Frida Kahlo dans le courant surréaliste notamment son approche de l’autoportrait et le thème de la douleur dans la créativité. En Afrique, certaines militantes féministes et ma mère m’inspirent beaucoup. Depuis quelques mois, je découvre des artistes contemporains comme Amoako Boafo dont la vision de l’art est proche de la mienne. Je pense que ça va être  un tournant pour les prochaines thématiques.

Quels sentiments ou émotions essayez-vous de transcrire dans vos œuvres ? 

Dans mes œuvres, il y a beaucoup de moi et ma vision de l’humanité. L’une de nos préoccupations dans le projet est d’ailleurs que nos acquéreurs connaissent et comprennent notre univers, nos valeurs. Il y un processus acquéreur clairement établi pour être de notre clientèle. Quand on est acquéreur LVFM, on est devenu d’office gardien d’œuvres pour la postérité. Une LVFM n’est pas un vulgaire produit commercial et capitaliste. C’est d’abord une adhésion à une vision de l’humain et celle de son bien-être.

Avez-vous déjà exposé vos toiles en Guinée ? 

Je n’ai jamais exposé en Guinée mais c’est une ambition que la maison nourrit. Nous avons des projets qui doivent y faire leur chute puisque pas mal de choses y naissent, du moins en esprit. La Guinée c’est chez moi, et y exposer est l’une de mes priorités et pourquoi pas d’ailleurs y domicilier certaines œuvres, en s’assurant des conditions de conservation et certaines exigences logistiques.

 

« On a suscité beaucoup d’intérêts et d’émotions. C’est très gratifiant et satisfaisant. »

 

Quelles expériences avez-vous tiré de votre dernière exposition lors de la 2ème édition  du «Salon du Livre Africain à Paris» ? 

Le Salon du Livre Africain de Paris fut une superbe vitrine pour « Lettres Vagabondes FM x L’Être vagabonde FM ». On avait besoin d’une masse critique importante et diversifiée après une première expo à Paris qui avait  plutôt bien fonctionné. Cette masse critique de professionnels de l’art, de la littérature et d’amateurs a amélioré notre prestige et image de marque. Et puis, la collection présentée est faite à partir d’un médium peu utilisé par les artistes africains dont les outils sont très souvent la peinture liquide chatoyante et des matériaux plus physiques. On a suscité beaucoup d’intérêts et d’émotions. C’est très gratifiant et satisfaisant.

Quelles sont vos prochaines expositions ? 

Nous le préparons ardemment, en même temps que nous travaillons les aspects plus théoriques de notre projet sur les groupes ethniques. Vous en saurez plus lorsque le moment viendra.

Le choix de votre collection Demba, Diala, n’est-ce pas une manière maligne de valoriser la culture guinéenne à l’international ? 

Demba Diala: Traits Portraits est surtout le rappel de la diversité féminine en terre mandingue et j’ai choisi des figures de femmes assez proches de moi pour représenter cette diversité. Je tenais aussi à leur rendre hommage. La cérémonie du Demba Diala  est effectivement culturelle donc oui, c’était l’occasion de présenter les tenants et les aboutissants de cette fête, ainsi que tout l’intérêt que suscite la marraine. Le deuxième jour j’ai poussé l’idée en m’habillant exactement comme une Demba. C’était assez amusant.

A part la peinture, quelles sont vos autres passions ? 

J’écris aussi mais ça c’est plutôt anecdotique. J’adore la musique et rêve de jouer au moins d’un instrument de musique. J’ai une guitare donc c’est prévu. Je suis une mordue de documentaires et de podcasts, j’adore les animaux.

Avez-vous un dernier mot pour nos lecteurs ? 

Merci Farafinainfo pour ce moment de partage et l’intérêt que vous accordez à mon travail. Je me sens très honorée et ai pris plaisir à discuter avec vous. Au plaisir de faire des mises à jour positives et encore plus impactantes. Pour me suivre, tous mes médias sociaux sont sur ce lien https://linktr.ee/lettresvagabondesfm

 

Une Artiste et ses Œuvres

 

A.B

 

Farafinainfo à l’honneur : Le journaliste Chahreddine Berriah, lauréat