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Guinée : Où sommes-nous 63 ans après l’indépendance ? Regards croisés des Guinéens !

Dossier – Célébration de l’indépendance de la Guinée – 63 ans après la proclamation de son indépendance, la Guinée se cherche sans cesse, sans trouver sa voie. Sous les magistères des trois (3) Présidents de la République – Ahmed Sékou Touré, Lansana Conté et Alpha Condé – le pays a importé plusieurs idéologies politiques sans pouvoir emprunter la voie du développement social, politique, économique, énergétique … Si la patrie des illustres guerriers – Almamy Samory Touré, Alpha Yaya Diallo, Dinah Salifou Camara et Zegbela Togba – qui a dit non à la colonisation avec véhémence, a du mal à dire oui au développement, oui à la prospérité, oui au bonheur… Il faut bien qu’on se pose de bonnes questions voire une très bonne question : où sommes-nous après toutes ces années de souveraineté nationale et internationale ? Des compatriotes de Moussa Dadis Camara, Sékouba Konaté et Mamadi Doumbouya tentent de répondre à cette question.

Grand Reportage d’Abdoulaye Baldé

«Pour répondre à cette question, je remercie le parti unique, qui nous a conduits à l’indépendance le 02 octobre 1958, bien sûr avec la participation de tout le peuple de Guinée. Sans oublier que ce jeune Etat  (guinéen) a été l’un des premiers à se débarrasser du système colonial d’ailleurs que je qualifie de système barbare. Alors après 63 ans de liberté, de fraternité et de solidarité, la Guinée n’arrive toujours pas à sortir de l’impasse. Aujourd’hui, je ne  dirai pas que le bilan est médiocre, mais néanmoins les maux dont nous souffrons, restent les mêmes, entre autres, les problèmes d’ordre politique, économique, éducatif et sanitaire», a indiqué Niouma Vincent, Enseignant de son état.

«Rien de grands ne se fait sans travail»

Cet éducateur dépeint une si triste réalité socio-politique de la Guinée avant de se pencher sur ses causes profondes, mieux d’interpeller ses compatriotes guinéens: «Cependant, la plupart des pays de l’Afrique de l’ouest sont en avance par rapport aux objectifs de l’émergence. Mais pourquoi pas la Guinée qui a obtenu son indépendance deux (2) ou trois (3) ans ? J’appellerai tous les Guinéens et toutes les Guinéennes de faire une prise de conscience. Que les uns et les autres sachent que le développement ne se fait par la bouche. Rien de grands ne se fait sans travail. Pourtant, nous avons tout ce qu’il nous faut pour être un pays émergeant (les ressources naturelles, les compétences humaines …) alors faisons un mouvement d’ensemble ! N’oublions pas que le développement ne dépend pas seulement de la disponibilité des ressources naturelles, aussi une très bonne gestion des affaires publiques». Une bonne gestion des affaires publiques,  la Guinée en manque cruellement depuis la disparition d’Ahmed Sékou Touré, le père de l’indépendance de la Guinée.

Du parti unique au multipartisme 

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Mohamed Touré est professeur en Mangement et a donné son avis sur la question. «L’indépendance ! Pour aborder un sujet aussi important que l’indépendance de la Guinée, il faut parler de plusieurs sujets, entre autres, la politique, l’économie, la société. Ces sujets qui sont à la base de tout développement. Ainsi sur le plan politique, nous avons connu  le régime qui n’était rien d’autre que le parti unique. Ce parti nous conduira à une indépendance totale le 02 octobre 1958. Après vingt-six (26) ans à la tête du pays, le Président Ahmed Sékou Touré est décédé le 26 mars 1984 (à Cleveland, Ohio aux Etats-Unis d’Amérique). Alors, l’armée arriva au pouvoir et continua dans la même direction jusqu’en 1990 pour enfin voter la Loi fondamentale. Et cela aboutira au multipartisme (après le monopartisme et l’autoritarisme) : la création des partis politiques, les premières élections (démocratiques) présidentielles donc il y a eu une évolution sur le plan politique. Sur le plan éducatif, le pays s’est doté plusieurs universités non seulement à Conakry, mais aussi dans toutes les régions naturelles, mais ce qui est paradoxal, la formation n’est pas orientée vers l’emploi, et la crise des formateurs reste des  problèmes à résoudre».

«Seul problème» du multipartisme

Poursuivant son raisonnement, ce professeur mettra un bémol après avoir dit : «La Guinée était unie et visible» «Sur le plan social, au moment de l’indépendance, il n’y avait pas de distinction entre les différentes ethnies (du pays). La Guinée était (une famille) unie et invisible, et tout le monde conjuguait le même verbe. Depuis l’avènement du multipartisme, les choses ont changé, malheureusement, car on parle d’ethno-stratégie pour accéder au pouvoir et pour le conserver. C’est triste de constater que les rapports humains se sont rapidement détériorés, surtout au moment des élections présidentielles ! Nous sommes également en retard par rapport aux pays voisins. J’invite tous les Guinéens à se donner la main afin de construire l’avenir de notre cher pays, l’avenir de nos petits-enfants. Et cet objectif doit être la vocation de tout citoyen patriote. Bonne fête de l’indépendance à tout le peuple de Guinée d’ici et d’ailleurs» 

«La singularité de l’indépendance de la Guinée»

«L’indépendance de la République de Guinée se signale par sa singularité au regard des autres colonies françaises de l’Afrique subsaharienne. Cependant 63 ans se sont écoulés, nous y voilà encore à la case du départ ! Il est évident que le navire, qui n’avait pas encore levé l’ancre depuis belle lurette, a buté sur un iceberg avant d’arriver. Cela veut dire que le navire n’est jamais arrivé à l’image du Titanic», a laissé entendre Siradiou Baldé puis se lamenter : «Car, mon cher pays qui a tant clamé la révolution s’engouffre de jour au jour au fond de l’océan». Selon les perceptions de ce jeune gestionnaire en réseautique : «Diriger une nation est une chose, mais la développer en est une autre. Naturellement, nous souffrons des mêmes maux depuis des décennies. Nos problèmes sont politiques, économiques, éducatifs, sanitaires… Aujourd’hui, le changement est perceptible au niveau de la population. Un changement prometteur d’un bel avenir, mais nous avons beaucoup à faire pour être au niveau de certains de nos voisins.»

Abdoulaye Baldé