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Kane Limam Monza : à cœur ouvert – Farafinainfo

La Grande Interview de Farafinaininfo.com réalisée par Camara Mamady

Kane Limam alias Monza est l’un des pionniers du rap mauritanien et a plusieurs cordes à son arc : artiste-musicien, producteur, promoteur culturel … Dans cette interview, Monza fait le bilan du festival Assalamalekoum, parle des différents lauréats d’Assalamalekoum Découverte, passe en revue l’actualité mauritanienne … 

Comment peut-on vous présenter aux lecteurs du site panafricain d’informations générales, farafinainfo.com ?

Je suis Kane Limam, artiste et producteur mauritanien. Tout le monde m’appelle Monza, mon pseudonyme d’artiste qui signifie Musique Originale Native de la Zone Authentique, Africa.  Je suis militant du secteur culturel africain depuis plus d’une quinzaine d’années et Vice-Président du Réseau panafricain continental Arterial Network. Je suis également ambassadeur d’art Watch Africa pour la liberté d’expression et de création ainsi que la défense des droits des artistes sur le continent, fondateur du festival Assalamalekoum et ambassadeur de Visa for Music. Militant des droits humains, j’ai traduit la déclaration universelle des droits de l’homme en Pulaar  et je l’ai adaptée en chanson pour le HCR (Haut-Commissariat aux Réfugiés, ndrl) en 2008, dans le cadre du retour des réfugiés en Mauritanie. Les questions de paix au sahel, sont au centre de mon travail de consultant, aujourd’hui, dans une approche de conception de réponses artistiques pour apaiser les conflits et renforcer la cohésion entre les peuples.  Voilà pour modestement résumer.

Vous êtes un artiste-musicien et promoteur culturel pour ainsi dire fondateur d’Assalamalekoum Festival et PDG de Zaza Productions, n’est-ce pas ?

Oui effectivement, comme je l’ai dit tantôt. Je suis également Music Business Exécutive de YouTrace du groupe Trace, pour le cluster Mauritanie, Niger et référent de la région du Sahel entre autre. L’essentiel est de rendre utile son temps. Je n’en demeure pas moins artiste et créateur de projets artistiques.

Comment arrivez-vous à concilier vos différentes activités musicales et managériales ?

C’est un travail pas facile, cela demande énormément de sacrifices. C’est donner la priorité au travail, au détriment de ce qui est important parfois, la famille, les amis, d’autres aspects de la vie  auquel on donne moins de temps sans jamais les délaisser. C’est le prix à payer lorsque l’on souhaite profondément accomplir la mission que la vie nous impose. De toute évidence lorsque l’on découvre dès le plus jeune âge sa passion, il est très difficile de ne pas grandir missionnaire comme l’avait défini Fanon pour toutes les générations. Cela donne du sens à notre quotidien pour lequel l’ensemble passe avant le singulier, c’est à dire l’intérêt du peuple avant notre propre personne ou notre famille ou encore notre entourage.  Pour répondre très clairement à la question, au-delà du sacrifice, cela demande de l’organisation dans son temps et de son temps, son énergie et de ses idées. Cela demande à faire confiance aux autres et à apprendre à déléguer. Je ne pense pas être parfait à ce stade pour ces choses essentielles pour la stabilité des entreprises mais je ne me plains pas. Je suis assez fier du parcours et des équipes qui m’entourent çà et là, en Mauritanie comme sur le continent, notamment au mali, au Maroc ou au Sénégal

                                    « …. c’est ce que j’ai fait pour mettre la Mauritanie sur la carte monde»

Quelle est l’actualité musicale du «Prézident de la Rue Publik » ?

(Rire), pour tout  vous dire, il y’a beaucoup à dire et en même temps trop de choses qui traînent. Mais c’est un choix volontaire de priorités. Lorsque l’on passe trop de temps à s’occuper des autres l’on a tendance parfois à s’oublier. En toute honnêteté, depuis mon dernier album « Mauritaniana » qui date de plus d’une décennie, j’ai traîné dans la production de mes albums sans m’arrêter ni écrire ou enregistrer, ni même me produire sur les scènes internationales surtout. Lorsque l’on a fait le tour de son pays, il vient le moment de parcourir le monde et c’est ce que j’ai fait pour mettre la Mauritanie sur la carte monde. À force de voyager et de représenter la Mauritanie, j’ai oublié l’artiste que j’étais durant  trois (3) ans, entre 2011 et 2014. C’est Awadi (Didier, un des pères fondateurs du rap sénégalais et africain, ndrl), qui m’a rappelé à l’ordre et me redonna le goût du studio. Si je suis resté longtemps à opérer dans la culture et délaisser le rappeur à la base que je suis, c’est parce que je ne voulais plus non plus créer pour créer et il y’avait plus urgent que ma propre personne: tout un mouvement à structurer et des défis artistiques à relever. Je me cherchais et je recherchais un son que j’aime d’abord avant de servir ce que veulent les gens. Aujourd’hui, je ne regrette pas ce choix. Après plusieurs singles, j’ai sorti récemment le titre intitulé « ça suffit », avec l’artiste camerounaise Maureen avec qui d’ailleurs un projet de disque, mon quatrième (Album) est en gestation. Très bientôt un autre titre “Je ne suis pas ton papa”, est en préparation et que nous partagerons avec la Sud-africaine GIGi. Je suis heureux d’avoir reçu l’Award du Meilleur parcours de carrière artistique d’Afrique en 2021 au Trail Blazers Champions au Nigeria. Le quatrième album est en préparation, ainsi qu’un livre et un film s’il plait à Allah.

Quel bilan faites-vous d’Assalamalekoum Festival depuis sa première édition ?

Assalamalekoum festival est à sa 14ème édition et je suis très satisfait du parcours et de son rayonnement. Je suis fier d’avoir fait avec mes équipes et mes partenaires de cet événement une référence en Mauritanie et au-delà. Après tout ce temps, le festival est devenu au-delà de l’Entertainment un réceptacle pour accueillir des temps de transformation des apprentissages en compétence par la formation professionnelle aux métiers de l’art et des  cultures urbaine et du numérique. Une tribune de la jeunesse pour promouvoir la citoyenneté active. Ce festival a accueilli le monde en Mauritanie et a placé notre pays au centre des grands rendez-vous grâce à ses partenaire tel que Africulturban du Sénégal, L’Boulevard et Agadir live au Maroc, sans parler des institutions qui nous soutiennent depuis le début tel que l’Institut français (de Mauritanie). Que les médias et les gens disent que Assalamalekoum festival est sans nul doute l’une des meilleures cartes de la diplomatie culturelle mauritanienne, est largement un critère de satisfaction et cela est très gratifiant.

                                 «Certains lauréats se sont volatilisés dans la nature … »

Avez-vous des contacts avec les différents lauréats du concours «Assalamalekoum Découverte», si oui lesquels ?

En dix (10) de tremplin Assalamalekoum découverte, c’est tout est un dispositif d’accompagnement  de nouveaux talents que nous avons mis en place en 2011.  Nous avons eu plus d’une dizaine de lauréats  et je suis en contact permanent avec bon nombre d’entre eux bien que chaque lauréat a eu un temps d’accompagnement de 2 voire 3 années. Certains se sont volatilisés dans la nature avant même la fin de leur accompagnement, l’un d’entre eux a pris un chèque et a choisi de ne pas revenir. Et pour cause, il n’a pas été accompagné. Je ne citerai pas de noms. Je préfère parler de  Lass RT, Laureat de 2015, qui m’est resté loyal et évolué très bien. Son album est fin prêt. Ziza, qui à mon sens, est celui qui a le plus compris et est allé au bout de son accompagnement avant de voler de ses propre ailes, reconnaissant et toujours en contact avec moi. Je  lui conseille et l’oriente à mesure de ses sollicitations et je suis très fier de son parcours. Tonia Fiya est un des plus talentueux et qui arrive très bientôt avec un projet hors du commun.

                                        «Ziza est un artiste hors norme, qui va encore… »

Et même Ziza, lauréat du concours «Assalamalekoum Découverte» en 2011 ?

Comme je l’ai dit plus tôt Ziza est le meilleur des lauréats qu’Assalamalekoum n’ait jamais eu. C’est un travailleur et il mérite ce qui lui arrive ! Il est l’une de mes meilleures satisfactions vivantes et professionnelles. C’est un artiste hors norme qui va encore faire parler de lui Inch’Allah.

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Quelle est votre plus grande satisfaction depuis le lancement d’Assalamalekoum découverte ?

ZIZA Youssouf, Lass RT et Tonia Fiya.

Quelles sont les grandes innovations apportées au Festival Assalamalekoum ?

Je pense que nous n’arrêterons pas d’innover de sitôt. Je peux citer la création d’un « women independence » festival, dédié aux femmes en 2019 et 2020 malgré le Covid-19, le programme Assalamalekoum Écho Logique qui nous a valu la création d’espace éco-responsable, notre siège. Ce programme a innové en participant à la protection de l’environnement par la transformation de plus de 7000 bouteilles en plastique en réalisant une tente avec ces matériaux recyclés ainsi que la création du premier espace entièrement recouvert par les pneus mais également les programmes passeports jeunesses qui s’inscrivent dans le programme accès culture. Il faut rappeler que grâce au festival Assalamalekoum. Nouakchott fait partie du réseau des villes créatives, en inscrivant son projet Houn Nouakchott dans le cadre de la candidature de Hannover “capitale européenne de la culture 2025. Un de nos projets d’espace “Agora de la jeunesse” entièrement fait de pneus conçu par le désigner libyen Muftah Abudajaja. Une autre innovation serait bientôt dévoilée avec un festival fils, Assalamalekoum Atfal fest, 100% dédié aux enfants et aux adolescents. En terme d’innovation, on peut également parler de la diversification des produits “Assalamalekoum“ par la création d’une marque street wear “Assalamalekoum Urban Wear”, le « Chitaari Journal Rappé » et le « Chitaari Citoyen », deux médias sur le web, l’actualité présentée en Rap ou par un humoriste. L’une des dernières réalisations, consiste au  premier opéra tap Afro urban “Les voies (x) du sahel”   Une comédie musicale qui raconte la crise du sahel par la voix des artistes des pays du G5 Sahel qui a été présenté à Paris dans le cadre de la saison Africa 2020,  sous le patronage de l’ l’Élysée, en juin 2021 à Châtelet-les Halles.

     « Notre pays est champion de la ratification des conventions  internationales, mais avance à pas de tortue…»

«C’est un des emblèmes de la vieille école du rap mauritanien. Il vient d’être nominé, une première pour un artiste mauritanien, aux Traiblaers Awards 2021, qui auront le 18 juillet à Lagos, la capitale nigériane», a écrit le journaliste Babacar  Baye Ndiaye. Avez-vous fait le déplacement ? Que s’est-il passé à Lagos ?

Comme je l’ai mentionné plus tôt, j’ai été effectivement nominé au Trailers blazers Awards 2021. Malheureusement j’ai choisi ne pas y aller pour des raisons d’agenda. La cérémonie a eu lieu le 18 juillet dernier à Lagos.

                                   «…ce foisonnement est sujet à beaucoup de freins.»

Quel regard portez-vous sur la musique mauritanienne en général et le rap mauritanien en particulier ?

La musique mauritanienne regorge de talents et de belles productions et plus particulièrement le rap. Cependant ce foisonnement est sujet à beaucoup de freins. Il y’a un vide juridique en ce sens qu’il n’y a ni réglementation ni cadre infrastructure propice à l’éclosion d’un écosystème de valeurs et de produits qualitatifs. Notre pays est champion de la ratification des conventions  internationales, mais avance à pas de tortue dans leur application pratique. Les questions du statut de l’artiste et aussi des droits d’auteurs et droits voisins. La propriété intellectuelle en général fait énormément défaut.  Difficile dans un environnement tel que celui-ci de garantir les droits à la liberté d’expression des artistes et leur droit à une rémunération équitable Il y’a un défaut de structuration qui demande à être réglé. Malgré tout, la musique indépendante mauritanienne a de beaux jours devant elle. De plus en plus de nouvelles générations émergent avec de nouvelles œuvres et des produits de plus en plus qualitatifs. L’avenir de la musique mauritanienne reposera sur la nouvelle génération qui a besoin d’être accompagnée et encadrée. Raison pour laquelle, nous allons initier «Les États Généraux de la Musique Mauritanienne», un événement de rencontre, de discussion et de dialogue autour de la structuration de la Musique Made In RIM. Les professionnels, les artistes et les pouvoirs publics y seront associés ainsi que le secteur privé, en novembre 2021 à Nouakchott, dans le cadre de notre programme Sahelles Connect’.

La présences des artistes-musiciennes mauritaniennes ? 

La présence des femmes dans la musique mauritanienne n’est plus une chose à démontrer, car de plus en plus de femme se font une place localement et internationalement. C’est le cas de ma sœur Noura Mint Seymali et il y’en a encore d’autres. Oui la marche des femmes dans la musique mauritanienne a commencé depuis bien longtemps.

Que pensez-vous de la loi autorisant la double nationalité en Mauritanie ?

Je n’ai pas encore lu assez d’éléments concernant cette loi, mais je pense que c’est une bonne chose pour l’aspect concernant l’inclusion de nos diasporas dans la marche du pays. Ce qui compte c’est la Mauritanie et cette loi pourrait permettre à toutes les forces vives de pouvoir participer aux efforts de constructions et de développement nationaux. La Mauritanie a besoin de l’expertise de tous ses fils et filles y compris celles et ceux qui ont choisi avec conviction d’adopter une autre nationalité. La question exclusive des postes à hautes responsabilité mérite un débat serein, car tout est discutable. Pour ma part, bien que marié à une occidentale, j’ai fait personnellement le choix de ne pas changer de nationalité et de « mauritaniser » mes propres  enfants. Chacun est libre de ses choix, mais la finalité c’est de servir notre pays du mieux qu’on peut pour le futur  de nos générations. Et surtout pour une loi comme ça, il est nécessaire de se rappeler la question du recensement de tous les mauritaniens qui reste encore un défaut à corriger.

Le Projet de loi relatif à la protection des symboles nationaux et à l’incrimination de l’atteinte à l’autorité de l’État et à l’honneur du citoyen fait couler beaucoup d’encre et de salive en Mauritanie et ailleurs. Quelle lecture faites-vous de ce Projet de loi qui restreint la liberté d’expression des Mauritaniens ?

En tant qu’ambassadeur de Artwatch Africa, je dis qu’il n’y aura aucune loi qui puisse restreindre la liberté d’expression, qui est à mon sens, un droit fondamentalement et constitutionnel, relatif à la question des libertés individuelles. Protéger les symboles nationaux et l’intégrité de l’État relève de la souveraineté de chaque pays. Aucun gouvernement au monde et plus particulièrement le gouvernement mauritanien ne peut être au-dessus de la constitution ni même des droits  fondamentaux qui garantissent la dignité humaine et exprimer librement son opinion sans diffamer, en relève. Contrairement à toutes ces interprétations de la frustration des uns ou le populisme des autres qui s’attaquent à tout et tout le monde pour se faire voir ou ces «activistes» qui confondent l’insolence et l’engagement, je préfère être interrogatif en demandant simplement serait-il plus grave d’être anticonstitutionnel que d’acter illégalement ? Nous vivons dans une ère d’un monde globalement connecté et il serait très difficile à un quelconque État de pouvoir restreindre la liberté de s’exprimer, les canaux sont nombreux, et on ne peut pas tous les fermer. Les nouvelles générations inventent de plus en plus de solution à tout, à travers les applications. Quels que soient les instruments de restriction de cette loi. Elle   échouera en jouant le rôle de censeur, qui créera forcement des anti-lois, mais ce texte de lois pourrait jouer un rôle de régulateur : vu comme ça, il pourrait passer avec une forte adhésion. Il faut dire aussi que la reconnaissance de cette double nationalité est déjà un très grand pas vers une inclusion citoyenne et il faudra beaucoup de temps pour atténuer les points de rigidité et faire évoluer cette loi.

Quel regard portez-vous sur la gouvernance du Président Ghazouani ?

Je dirai que la gouvernance du président Mohamed Ould Cheikh Ghazouani est simplement la continuité du système dont lui-même en tant qu’ex Général était partie prenante. Aujourd’hui, c’est un président de la République, à mi-parcours, mi-mandat, qui a posé des actes qui ne satisfont pas le peuple mauritanien dans son ensemble, moi en premier. Si notre pays continue de ramer c’est parce qu’il a privilégié avec son gouvernement comme il l’a si bien dit, récemment sur RFI-France24,  la sécurité au détriment de la base c’est à dire la santé, l’éducation, l’agriculture, etc.  Je ne parle même pas de la culture qui est pour beaucoup de pays l’une des premières sources de revenus de nombreux pays notamment la France. En Mauritanie, elle n’est pas valorisée  ou dirai-je qu’il n’y a pas de politique globale de la culture. Je parlerai plutôt d’une communautarisation de la culture mauritanienne par compartimentage inégalitaire, dans l’exposition et dans le traitement. Il manque cette volonté politique forte pour mener et affirmer une politique culturelle structurelle et inclusive, où chaque communauté spécifiquement mauritanienne est considérée politiquement et pratiquement dans l’espace public de manière égale en exposition et en traitement. Cela est possible, mais ce n’est toujours pas le cas. Je n’ai pas la prétention de juger la gouvernance du président Ghazouani, car je n’ai pas les éléments factuels qui me le permettent, mais j’ai un point de vue sur ce qui a été fait, vu et vécu depuis le début de son mandat. Je peux constater que dans mon pays certains aspects continuent de faire défaut et son slogan de président de tous les Mauritaniens a du mal à tenir parce qu’il y’a beaucoup de demandes urgentes, et des solutions se font attendre çà et là : Je parle du syndrome de la marmite et du ventre, qui ne trouvent pas son médicament. Les Mauritaniens en général ont très faim. Et on ne peut parler de développement avec des ventres vides. Le pain quotidien est la priorité du Mauritanien lambda. Le citoyen se questionne à chaque réveil sur comment va-t-il nourrir sa famille ou comment va-t-il se nourrir dans un pays aux diverses ressources ? Et pourtant, c’est la même galère. Les jeunes mauritaniens manquent de qualifications et de formations. Les diplômés sont majoritairement au chômage. Tout le monde ou presque est devenu acteur de la société civile y compris des fonctionnaires, parce que l’aide (publique) au développement est devenue un marché (ouvert à toutes et à tous) sans réglementation. Nous dénonçons les prix des denrées alimentaires qui grimpent sans cesse, car qu’ils ne sont pas régulés. Les commerçants importateurs de l’eau de roche sont en train de tuer notre jeunesse. Une eau de toilette qui est vendue au vu et au su de tous. Nous dénonçons ces prix qui montent, et que personne ne s’y oppose. Nous dénonçons les discriminations et injustices quotidiennement entretenues dans toutes les franges de la population et dans toutes les communautés. Et si ces différentes questions ne sont pas radicalement traitées et résolues par le gouvernement, alors Monsieur le Président aurait échoué après son mandat. L’un des plus grands challenges serait de contribuer pour l’égalité des citoyens dans la République, pour l’amélioration de la qualité de l’enseignement, mais surtout du service public de base pour une meilleure citoyenneté. Former le citoyen mauritanien de demain dès l’école maternelle avec une nouvelle attitude et un changement radical de comportement. Et cela passe par la réforme structurelle de la stratégie nationale de la jeunesse, qui doit d’ailleurs  commencer par le Haut Conseil National de la Jeunesse, qui est évidemment un pur mauvais casting, non pas d’acteur ou d’opération de la jeunesse active du pays, mais bien par des personnes choisies autrement dit sans accorder aucune importance au mérite. Tant que la Mauritanie ne sortira pas de la logique paternaliste de l’État, la bonne gouvernance et la transparence resteront un des grands défis de ce gouvernement et des alternances à venir, mais comme disait Luc de Clapier : «Le terme de l’habilité est de gouverner sans force». La fin du mandat du président Ghazouani est très proche, mais il a encore le temps d’utiliser ses pouvoirs et les dispositions constitutionnelles pour régler une bonne fois pour toute la question du recensement de tous les Mauritaniens et cela peut être une grande porte de sortie de la crispation du climat social  en Mauritanie, cela serait un grand pas.

Grand’ Interview réalisée par Camara Mamady