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Reporter, témoin des faits

Le village Niaki renaît de ses cendres après…

Publié le par Camara Mamady

En dépit des exactions des autorités publiques et les interdictions de s’établir sur la terre de ses aïeux, Dièye Aliou n’a pas voulu accepter que le village Niaki soit rayé de la carte de Mauritanie.

Aujourd’hui, c’est un vieillard chef du village, qui est très heureux, qui nous livre le récit des vicissitudes de la vie de sa localité ancestrale. Vendredi 23 novembre 2012, le soleil est si haut dans le ciel , la localité de Sorimalé est vide de ses habitants ou presque, celle de Niaki reprend ses activités .

Ces hommes, femmes et enfants, qui sont évidemment des habitants originaires de ces deux agglomérations meurtries et dévastées lors des douloureux événements de mars 1990, sont installés à quelques encablures de la fosse commune gravée des quatre noms –Ly Mamadou OumarDia Samba DiouldéDiallo Thierno Mamadou et Ly Abou Mamadou– des «onze» victimes du18 mars 1990.

Ils attendaient impatiemment les pèlerins venus de Nouakchott qu’ils les accueillaient chaleureusement au fur et à mesure qu’ils foulaient ce sol témoin des exécutions extrajudiciaires avant d’aller se recueillir sur les différentes fosses communes identifiables malgré la volonté sadique des auteurs de ces actes ignobles de r faire disparaître ces traces sur terre. Tout comme d’ailleurs, le village de Niaki qui a été complément rayé de la carte de Mauritanie, et renaît de ses cendres des années des années après.

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Une histoire pathétique

En 1807, un certain Demba Dièye est venu en compagnie de deux femmes pour s’installer, paraît-il, sur un terrain vague à quelques encablures du fleuve Sénégal qu’ils appelleront plus tard «Thicolingoudy». Des années de vie après pour dire en 1969, la bourgade Thicolingoudy changea de nom et devint «Niaki» suite au départ de ses fondateurs vers d’autres cieux, mais surtout avec l’arrivée d’autres personnes.

Ces dernières y resteront toujours en s’adonnant aux activités agro-pastorales jusqu’aux terribles années d’exactions des «forces de l’ordre et de la sécurité» au mois de mars 1990. Des exactions qui ont été fatales aux natifs de ce village. Comme en atteste le propos de Dièye Aliou : «La gendarmerie de Mbagne a semé la terreur ici lors des événements de mars 1990.

C’est ici que le jeune Ly Abou Mamadou a été sauvagement tué dans sa case, (Il montre les lieux et essuie ses larmes qu’il n’arrive pas à contenir), par les éléments qui le poursuivaient du bord du fleuve au village. Quant à moi, j’ai été violemment bastonné, conduit manu militari dans les locaux de la brigade de la gendarmerie de MbagneJ’y suis resté enchainé et enfermé des jours durant. Ensuite, j’ai été transféré à Nouakchottaprès voir été incarcéré 17 jours à Aleg»
Dièye Aliou n’a été relâché qu’en 1992. Il trouva que tous les villageois ont été déportés à l’autre rive du fleuve Sénégal et le village rayé de la carte de Mauritanie. Etant un arrière petit-fils du fondateur de Niaki, il s’est battu pour faire renaître ce village qui a été bâti par son ancêtre Demba Dièye nonobstant d’ailleurs plusieurs brimades policières de quitter ces lieux pour toujours.

Mais non, Aliou , qui ne voyait pas les choses de cette façon, est resté attaché à la terre et au sang de ses aïeux. Et le village est en train de se repeupler petit à petit depuis le retour de ses déportés du Sénégal en Mauritanie.

Camara Mamady
NB : (Suite dossier Sorimalé)

Le Rénovateur Quotidien