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Reporter, témoin des faits

L’Économiste D-M Keïta : “ Dans l’espace CEDEAO, voici un pays dont les dirigeants ne manquent pas d’imagination, …”

REGARD D’UN ÉCONOMISTE. Doussou Mohamed Keïta a bien voulu se prêter aux Questions de la Rédaction de Farafinainfo.com. Et est revenu sur les faits marquants de l’Actualité [économique] de la Semaine écoulée en Afrique particulièrement la BAD (Banque Africaine de Développement) soutient la Tunisie avec un financement de plus 80 millions d’euros destinés à moderniser près de 189 km de routes dans sept (7) gouvernorats clés; le budget général de l’État béninois pour l’exercice 2025, chiffré à 3.551 milliards FCFA, a été au cœur d’une conférence de presse visant à dissiper les malentendus et polémiques qui l’entourent. Trois axes majeurs le structurent : stimulation économique, maîtrise de l’endettement et réduction du déficit budgétaire. Les mesures fiscales et sociales annoncées traduisent une volonté d’amélioration. Et Ousmane Sonko, Premier Ministre sénégalais, a décidé que désormais toutes les dépenses d’investissement de l’État seront validées à son niveau. Mieux, un tableau prévisionnel des opérations financières sera soumis par quinzaine.  [Actu de la Semaine en 3 Questions].

 

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Doussou Mohamed Keïta, Economiste

“Il est à rappeler que les infrastructures routières sont incontournables dans tout process de développement.”

 

1) – La BAD (Banque Africaine de Développement) soutient la Tunisie avec un financement de plus 80 millions d’euros destinés à moderniser près de 189 km de routes dans sept (7) gouvernorats clés. Que pensez-vous du financement de ces infrastructures routières ?

En misant sur des infrastructures modernisées et résilientes, la Tunisie aspire non seulement à dynamiser son économie, mais aussi à créer des conditions favorables à un développement inclusif, permettant aux communautés locales de bénéficier pleinement des retombées économiques et sociales de ces investissements stratégiques.

Il est à rappeler que les infrastructures routières sont incontournables dans tout process de développement.

Le secteur des transports, représente environ 5 % du PIB de la Tunisie et génère 160 000 emplois directs et indirects, joue un rôle fondamental dans le développement économique du pays. Ce soutient additionnel de la BAD reflète une volonté affirmée des autorités tunisiennes de renforcer cette contribution en assurant une connectivité accrue entre les différentes régions, tout en répondant aux besoins croissants des usagers en matière de sécurité et de fluidité du trafic.

Lorsque les axes de développement sont bien analysés et tracés, les voies pour trouver des financements conséquents seront faciles à obtenir vu que la Tunisie est un pays sérieux qui formule fort bien la théorie de la théorie de l’avantage comparatif de Ricardo. Et elle s’inscrit dans une dynamique de renforcement des infrastructures essentielles à travers le pays.

« En dix ans, la Banque africaine de développement a soutenu la modernisation de près de 4 000 kilomètres de routes et 104 kilomètres d’autoroutes en Tunisie. Ces efforts ont permis de sécuriser les itinéraires, de faciliter l’accès aux centres socio-économiques et de désenclaver des régions reculées », souligne Solomon Quaynor, Vice-Président de la BAD.

Ce programme de modernisation des infrastructures routières vise principalement la réhabilitation et le renforcement de 188,9 kilomètres de routes classées dans sept gouvernorats : Kef, Kasserine, Sousse, Sfax, Kairouan, Siliana et Gafsa. Ces régions, bien que riches en potentiel économique, souffrent depuis longtemps de l’état dégradé de leurs réseaux routiers, limitant ainsi leur capacité à attirer des investissements et à dynamiser les échanges commerciaux. En faisant le ratio, nombre de km sur le nombre de gouvernorats, je vois que la Tunisie se doit de revoir à la hausse le financement des futurs projets d’infrastructures routières.

 

 » le Bénin s’inscrit dans une dynamique de budget visant aussi à avoir un niveau d’endettement qui continue d’être maîtrisé, légèrement supérieur à 50% du PIB. »

2)- Le budget général de l’État béninois pour l’exercice 2025, chiffré à 3.551 milliards FCFA, a été au cœur d’une conférence de presse visant à dissiper les malentendus et polémiques qui l’entourent. Trois axes majeurs le structurent : stimulation économique, maîtrise de l’endettement et réduction du déficit budgétaire. Les mesures fiscales et sociales annoncées traduisent une volonté d’amélioration du quotidien des citoyens et de promotion de la transparence économique. Quel commentaire faites-vous de cette Loi des finances, qui est d’ailleurs qualifiée comme : “le Cap sur la transparence et la justice sociale” ?

Dans l’espace CEDEAO, voici un pays dont les dirigeants ne manquent pas d’imagination, de visions d’ordre stratégique avec à sa tête le Président TALON.

Regardez de près, le mécanisme de communication mis en place par les autorités pour mieux informer la population et annoncer de façon limpide la marche pour un Bénin nouveau.

Dans un contexte mondial sous pression, les efforts des pouvoirs doivent s’aligner principalement sur les points suivants : définition d’objectif du Budget avec la mention de continuer à stimuler l’économie, à créer de la richesse, prévoir un taux de croissance soutenu et déployer aussi des dispositifs consistant à améliorer les conditions de vie des populations.

Je crois que le Bénin s’inscrit dans une dynamique de budget visant aussi à avoir un niveau d’endettement qui continue d’être maîtrisé, légèrement supérieur à 50% du PIB. Ce qui constitue une recommandation de l’UEMOA parce que si le niveau d’endettement est nettement supérieur à 50 % du PIB, des perturbations adviendraient, empêchant ainsi l’atteinte d’un niveau de croissance favorable à l’économie du pays.

Le Président TALON avec sa marque de rigueur qui verni sa gouvernance, le Bénin fait un grand pas sur les axes primordiaux de développement. Un budget voté dans un tel contexte, peut permettre, par exemple, de relancer la croissance en augmentant la demande globale, contribuer à la baisse du chômage, ce qui peut augmenter ensuite les recettes de l’État, pourquoi pas ramener le déficit budgétaire à un niveau inférieur.

 

“Les budgets ne sont pas qu’une question d’argent. Ils incarnent les priorités d’une nation…”

 

3)- Ousmane Sonko, Premier Ministre sénégalais, a décidé que désormais toutes les dépenses d’investissement de l’État seront validées à son niveau. Mieux, un tableau prévisionnel des opérations financières sera soumis par quinzaine. Est-ce une bonne ou mauvaise nouvelle économiquement parlant ?

 

Les gouvernements doivent disposer de cadres de gestion des finances publiques crédibles afin d’instaurer la confiance dans la gouvernance budgétaire et de maintenir une marge de manœuvre budgétaire suffisante pour financer les réponses aux crises lorsqu’elles émergent. Ce n’est pas parce que les dépenses d’investissement seront validées par lui qu’il n’y aura pas d’irrégularités. Agir ainsi, c’est freiner volontairement la réalisation de beaucoup de projets.

Dans cet environnement où selon l’Indice Ibrahim de la Gouvernance en Afrique 2024, la gouvernance sur le continent africain a cessé de progresser, alors que sécurité et démocratie continuent de se dégrader, compromettant les avancées substantielles réalisées en matière de développement humain et économique ; il y a lieu de promouvoir la bonne gouvernance, élément clé de toute émergence africaine.

Concilier ces pressions nouvelles et émergentes sur les dépenses avec des finances publiques déjà tendues nécessite des institutions et des processus budgétaires de grande qualité.

Les budgets ne sont pas qu’une question d’argent. Ils incarnent les priorités d’une nation. L’engagement et le contrôle du processus budgétaire par les institutions établies à cet effet avec un corps de contrôle sans reproche, les parlements et la population sont fondamentaux pour la gouvernance démocratique et la confiance dans le gouvernement. Permettre aux citoyens de comprendre les défis liés aux dépenses d’investissement est essentiel pour générer la volonté de les résoudre.

L’évaluation et le pilotage des grands projets d’investissement publics sont des enjeux déterminants pour la conduite des politiques publiques et la qualité de la dépense publique. L’évaluation des grands projets doit ainsi permettre de disposer d’une analyse approfondie sur les retombées socioéconomiques et environnementales, afin de justifier la décision d’investir.

L’évaluation d’un projet d’investissement public est toutefois complexe car elle ne répond pas aux mêmes exigences qu’un investissement classique. L’enjeu est de dépasser les analyses financières, et d’appréhender la valeur générée par l’investissement public pour l’intérêt général : le calcul d’une valeur actualisée nette financière n’est pas suffisante pour des projets d’intérêt public. L’enjeu est de formaliser une évaluation économique prenant en compte le bénéfice social d’un investissement, en particulier à travers les externalités créées qu’elles soient de nature directe ou indirecte, marchande ou non marchande (par exemple les gaz à effet de serre évités).

Le tableau prévisionnel des opérations financières soumis par quinzaine dans un État qui se veut émergent et/ou développe n’est pas réaliste. Tout ce travail nécessite une organisation titanesque, planifiée et non centralisée. Les départements sectoriels doivent être mis à contribution pour avoir des résultats. L’État de Singapour est une parfaite illustration dans la maîtrise des dépenses d’investissement et le mécanisme de contrôle des fonds publics.

Rédaction de Farafinainfo.com

 

Farafinainfo à l’honneur : Le journaliste Chahreddine Berriah, lauréat