Par Chahredine Berriah
Aujourd’hui, j’ai refusé d’être honoré par les autorités de mon pays. Accepter était synonyme d’offense à mes collègues mis en prison pour leurs opinions. Pour avoir fait leur métier simplement : informer.
Je n’ai pas ce pouvoir de les extraire de leurs cellules, mais je peux me targuer de pouvoir faire un affront à un régime qui ne comprend toujours pas, que le journaliste n’est pas son ennemi, mais un partenaire… malgré les divergences.
J’ai embrassé cette profession, il y a 28 années. J’ai eu des prix nationaux et internationaux, des distinctions, des félicitations, ponctuées d’insultes, de menaces, d’intimidations… et de procès.
Des mafieux de mon pays amassent des fortunes, moi je collectionne des condamnations. Ce sont mes trophées. Et j’en suis fier, parce que derrière chaque condamnation abusive, une tête nocive est tombée.
Drôle de régime qui incarcère un bandit et le journaliste en même temps. C’est comme si, pour me remercier à dénoncer les mafieux, on me met dos à dos avec les prédateurs. Une équation que je n’arrive pas à assimiler.
Dans ce métier, on a essayé de m’écrouer, puis de m’intimider et de m’agresser et de m’acheter, ensuite.
Ils ne comprennent toujours pas que je ne suis pas un produit. Je suis un simple vendeur de mots, d’idées. Je suis un pouvoir ! C’est pour cela que j’existe. J’écris !
Que ce régime m’affronte à arme égale ! Mot contre mot ! Idée contre idée !
Je ne suis pas un hors-la-loi, je suis légaliste. La constitution de mon pays, la vôtre, me garantit la liberté d’expression. Celle de pensée.
C’est votre loi, respectez-là !
En attendant, je ne fête pas le 3 mai. C’est une tromperie chez moi !
Mais, je continuerai à écrire… pour exister !
Chahredine Berriah