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Reporter, témoin des faits

Lettre d’Algérie: Saison de migration… vers le Sud

Par Chahredine Berriah

En décembre 2019, 35 touristes italiens, entrés en Ethiopie pour des vacances, refusaient – malgré l’expiration de leur visa – de rentrer chez eux, à l’apparition de l’épidémie du Covid-19 dans leur pays. Ils étaient résolus à rester en Afrique jusqu’à ce que la situation soit sous contrôle, “quitte à payer des amendes”disaient-ils.

Des Occidentaux, fuyant le vieux continent pour se réfugier en terre africaine, pouvait être assimilé à de l’affabulation il y a quelques mois seulement. Aujourd’hui, c’est un réflexe mu par l’esprit de survie. Un mobile suffisant pour se voir accorder le droit d’asile pour raison humanitaire. La maladie est l’un des motifs importants qui permet d’obtenir ce statut (déclaration universelle des droits de l’homme).

Qu’en est-il de ces migrants subsahariens qui, au mépris de leur vie, fuient leurs contrées à cause de la misère, de l’injustice… des maladies pour gagner l’Europe ? Tout simplement, quand ils ne sont pas dévorés tragiquement par la Méditerranée, ils sont stigmatisés (porteurs de maladies, entre autres), pourchassés partout, et bloqués dans leur propre continent grâce à ces frontières externes que l’Europe a érigées en dehors de ses territoires, avec la complicité des gouvernants africains.

Et aucune loi internationale (déclaration universelle des droits de l’homme notamment) ne peut venir à leur secours. Deux poids deux mesures.

Ironie du sort, ceux qui, hier, rejetaient avec haine et anathèmes, les migrants subsahariens, leur demandent, aujourd’hui, l’hospitalité. Et l’hospitalité est une vertu africaine, donc acquise naturellement à tous ceux qui sont en détresse.

Tout compte fait, il n’existe pas d’Européens ou d’Africains,  de blancs ou de noirs mais simplement, des humains avec toutes leurs couleurs, avec leurs misères… que la terre peut accueillir.

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Aujourd’hui, c’est la pandémie, ravageant le monde, qui devrait faire  prendre conscience aux Européens qu’il ne doit pas y avoir de barrières pour survivre. Notre sort est lié.

La nature et la société civile, quelques politiques aussi, nous envoient des signes, depuis la nuit des temps, pour nous mettre en conformité avec notre conscience. Mais, nous restions sourds parce que confinés dans notre indifférence, notre auto-suffisance…

Économiquement parlant, en 2012 seulement, de jeunes espagnols ayant perdu leur travail au sein d’une société qui avait fait faillite en Espagne, ont été arrêtés par les gardes-côtes algériens sur la façade maritime Ouest “L’Etat algérien nous a refusé le visa d’où notre introduction sur le sol algérien d’une manière illégale. On veut juste travailler en Algérie!” avaient-ils déclaré.

Le 2 février de la même année, vingt Portugais ont été interpellés à l’aéroport de Luanda, par le service des migrations et des étrangers. Leurs visas ayant été jugés falsifiés, les autorités angolaises les ont ensuite renvoyés vers Lisbonne. Ces jeunes européens projetaient  de s’installer en Afrique pour un meilleur destin.

Comme quoi, l’Être devant la maladie, la famine, l’injustice… fuit là où il pense sauver sa vie.

L’Europe pourra-t-elle ressentir le mal de ses enfants à travers les malheurs de ceux d’Afrique ?

Il a fallu ce satané Coronavirus pour nous interroger sur nous-mêmes. Les Humains!

Chahredine Berriah