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Maimouna Mint Saleck, Directrice du Village de la Biodiversité : «On retient que la société civile mauritanienne est riche d’une belle…»

Pour prendre part à la célébration des 10 ans du village de la Biodiversité, Farafinainfo.com a rencontré sa Directrice Maimouna Mint Saleck pour en savoir davantage de ce haut lieu environnemental et culturel. La journaliste et militante écologiste raconte la belle histoire du parc public situé au cœur de la ville de Nouakchott, 

Farafinainfo.com: Joyeux et bel anniversaire au village de la Biodiversité, qui fête ses 10 ans !

Maimouna Mint Saleck: Merciiii ! Oui le Village fête ses 10 premières années. Des années belles riches, quelques fois difficiles, mais elles restent très inspirantes et encourageantes pour  continuer cette belle aventure.

Présentez le Village de la Biodiversité aux lecteurs de Farafinainfo.com ?

Le Village de la Biodiversité est un parc public situé au cœur de la ville de Nouakchott, capitale de la République Islamique de Mauritanie. Une ville pauvre en espace public aménagé, en espace vert. C’est l’unique espace dédié aux activités de la société civile avec un accès totalement gratuit. Il promeut l’éco-citoyenneté, le vivre ensemble, l’expression artistique. Il est animé tout au long de l’année par les activités culturelles d’une cinquante d’associations et accueille les plus grands festivals de la ville : le festival du cinéma, de musique spirituelle ‘El Meddhih, les rendez-vous de la protection de l’environnement, de l’océan, les sorties extra-scolaires. Il sert aussi depuis trois années au siège d’une bibliothèque publique créée par une association de jeunes très active dans la promotion de la lecture.

D’où est venue l’idée de ce haut lieu environnemental et culturel ?

La problématique de l’aménagement des espaces publics est posée en Mauritanie depuis le début de l’urbanisation. Avec l’expansion anarchique de la capitale, on a vu les espaces publics disparaitre. Les collectivités locales ont démissionné de leur gestion et l’État central les brade à tour de bras. Lorsque j’étais petite, je me souviensqu’il y avait beaucoup d’espaces publics fréquentés par tout le monde. Je jouais chaque après-midi devant chez moi et mon père me surveillait de loin assis sur un banc public. Aujourd’hui, mes enfants n’ont pas d’espace pour jouer du ballon ou du faire vélo. Les adultes n’ont plus où s’assoir et ne rencontrent plus leurs voisins, avec qui ils n’ont plus de relations, faute d’espace public de rencontres. Au sein de notre association, nous avions mené des actions pilotes pour que les citoyens se réapproprient ces espaces de vie

Pourquoi cette appellation Village de la Biodiversité ?

L’opportunité qui s’était présentée à nous pour créer cet espace a eu lieu à l’occasion de l’organisation d’un forum régional sur la conservation marine. C’était en juin 2010 et le monde entier célébrait l’année internationale de la Biodiversité. C’est cela qui nous a inspiré l’appellation du Village de la Biodiversité.

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Qu’est-ce qu’on peut retenir des 10 années d’existence du Village de la Biodiversité ?

On retient que la société civile mauritanienne est riche d’une belle créativité, qu’elle est avide d’expression et qu’elle a juste besoin d’espace et d’un environnement qui l’encourage à réaliser de belles actions citoyennes.

Quelques motifs de satisfaction de sa Directrice durant ces années passées ? 

Je suis heureuse d’avoir aidé à l’émergence de véritables talents chez les jeunes de mon pays et d’avoir pu leur offrir un cadre propice à leurs expressions artistiques et culturelles.

Que comptez-vous  faire pour rendre le Village de la Biodiversité plus verdoyant, attrayant, séduisant et performant les années à venir ?

Nous avons un sérieux problème d’accès à l’eau, c’est ce qui a terni la belle image du Village. Mais nous sommes en voie de règlement de ce problème, grâce au soutien de la nouvelle Présidente de la Région. Je vous promets que lorsque nous aurons de l’eau, le parc redeviendra aussi vert et fleuri que sa première année. Surtout que nous avons un projet de potager communautaire et scolaire qui se veut une sensibilisation à une autosuffisance alimentaire en légumes et fruits. Une urgence aujourd’hui, en ces moments de post COVID19 où l’on a vu la nécessité de développer des circuits alimentaires courts.

Que peut-on vous souhaiter pour les dix prochaines années ?

Des sources d’eau et de l’énergie solaire pour devenir totalement indépendants.

Entretien réalisé par Camara Mamady