OPINION. Au lendemain des élections présidentielles de 2024, je fais face à une double expérience, celle d’une campagne électorale brillamment pensée et stratégiquement conduite, mais également entachée par des manœuvres déloyales et des trahisons amères. Acceptant ma défaite avec lucidité, je reste attaché à une ambition qui dépasse les querelles politiciennes : faire la politique autrement, avec pour unique boussole le bien-être de notre peuple. Dans cet esprit, j’ai soutenu la déclaration de politique générale du Premier Ministre Ould N’Diaye, approuvant également le budget pour l’exercice 2024-2025 afin de doter les départements ministériels des moyens nécessaires pour exécuter leurs missions. Cependant, force est de constater que les attentes placées dans ce régime ont été cruellement déçues, et je demeure sur ma faim.
Des Maux Criants qui Appellent à des Réformes Urgentes
- Le Pouvoir d’Achat : Une Agonie Silencieuse
La vie devient chaque jour plus coûteuse, et les familles mauritaniennes peinent à joindre les deux bouts. Les mesures structurelles visant à atténuer cette crise tardent à voir le jour, laissant une majorité de citoyens dans l’incertitude quant à leur avenir.
- Une Éducation Républicaine Défaillante
L’enseignement, présenté comme le socle de notre République, s’effondre sous le poids des classes surchargées, du manque criant d’enseignants et de la pénurie d’outils pédagogiques. Cette nouvelle approche de l’école républicaine, prometteuse en théorie, s’est révélée un échec dans sa mise en œuvre.
Ceux qui ont les moyens optent pour des établissements privés ou exilent leurs enfants vers Saint-Louis, tandis que les plus modestes prient pour des solutions qui n’arrivent jamais. L’école publique devrait redevenir un moteur de mobilité sociale, mais elle est aujourd’hui synonyme de frustration et d’abandon.
- Un Chômage Alarmant
Le chômage ne cesse de croître, frappant particulièrement les jeunes. Des annonces, comme l’appel de TECHGHIL pour travailler dans le secteur agricole en Espagne, ne sont que des solutions temporaires et insuffisantes. Pourquoi envoyer nos jeunes comme main-d’œuvre étrangère alors que nos terres, inexploitées, pourraient assurer notre autosuffisance alimentaire ?
Des Dépenses Somptuaires Face à des Priorités Ignorées
À titre d’exemple, 50 milliards d’ouguiyas alloués au Festival des Villes Anciennes pourraient transformer nos hôpitaux en établissements de pointe, équiper nos écoles et fournir des infrastructures de base aux communautés démunies. Les fonds publics doivent être utilisés avec pragmatisme et en adéquation avec les besoins urgents de la population.
- 121 milliards d’ouguiyas en prêts et soutiens internationaux. Ces montants considérables auraient pu transformer nos infrastructures et améliorer nos services publics. Pourtant, leur impact reste invisible sur le terrain. Ce financement semble disparaître dans des circuits opaques, laissant les secteurs clés dans une stagnation inquiétante.
- 150 millions d’ouguiyas de la Banque Africaine de Développement (BAD) pour la SNIM. La SNIM, ancien fleuron économique de la Mauritanie, devait être le moteur du développement financier national. Ironiquement, elle dépend maintenant d’aides extérieures, révélant une mauvaise gestion chronique et un gaspillage de ses potentialités. Une réforme structurelle de cette entreprise stratégique est cruciale.
- 47,7 millions d’euros du Fonds Monétaire International (FMI), alloués pour stabiliser l’économie et promouvoir des réformes, ces fonds semblent manquer de suivi rigoureux. Alors que le FMI prône des mesures pour favoriser l’emploi et réduire les disparités sociales, la réalité de leur mise en œuvre soulève des questions.
- 100 millions d’euros de l’Union européenne, destinée à soutenir des programmes de développement durable, cette contribution aurait dû se traduire par des améliorations visibles. Or, les carences dans les secteurs vitaux, comme l’éducation, la santé et l’emploi, persistent. Il est urgent que des mécanismes de suivi garantissent l’utilisation judicieuse de ces aides.
Ce n’est qu’en adoptant une vision claire, portée par des dirigeants responsables, que la Mauritanie pourra enfin exploiter pleinement ses ressources et offrir un avenir meilleur à ses citoyens.
Un Potentiel Gâché par des Réalisations Insuffisantes
Notre pays regorge de ressources naturelles, humaines et économiques. Pourtant, la mauvaise gouvernance et les choix budgétaires biaisés ont creusé un fossé entre ce potentiel et la réalité. L’initiative de faire de Nouakchott une « ville propre » est louable, mais elle cache des détournements budgétaires alimentant des intérêts privés au détriment du bien commun.
Halte à l’Immobilisme Politique : Un Appel pour un Changement de Cap
Notre classe politique continue d’offrir un spectacle affligeant : des dialogues improductifs, des concertations interminables, des manipulations stratégiques visant à imposer des élections anticipées, sans autre ambition que de perturber le calendrier électoral. Pendant ce temps, les problèmes profonds et structurels de notre pays restent ignorés. Des coalitions contre nature se dessinent, sans vision ni principes solides, guidées uniquement par des intérêts partisans. Ces alliances opportunistes n’aspirent qu’à décrocher quelques sièges à l’hémicycle, mais une fois en fonction, elles trahissent les espoirs de ceux qui les ont élus. Incapables de défendre les régions qu’elles sont censées représenter, elles abandonnent les aspirations légitimes des citoyens au profit de gains personnels ou politiques.
Union Nationale pour le Changement : Une Force d’Espoir
À travers l’Union Nationale pour le Changement (UNC), nous portons une ambition forte : transformer ce pays sur tous les plans. Toutefois, notre combat commence par une épreuve révélatrice : obtenir un récépissé pour officialiser notre parti. Cet obstacle administratif est le reflet de la résistance d’un système bien ancré à toute initiative nouvelle qui menace le statu quo. Notre engagement pour l’UNC n’est pas motivé par des ambitions individuelles, mais par la certitude que la Mauritanie mérite mieux. Nous croyons fermement qu’un changement profond est non seulement possible, mais nécessaire.
Priorités pour un Avenir Meilleur
Il est urgent de cesser de détourner les regards des vrais enjeux et de s’attaquer aux besoins essentiels : Rétablir la confiance dans la classe politique : Nous avons besoin de dirigeants compétents, portés par une vision à long terme et un engagement sincère envers leurs concitoyens. L’époque des alliances opportunistes et des logiques de clientélisme doit appartenir au passé. Une gouvernance au service des citoyens : Toute action politique doit répondre aux préoccupations prioritaires : la lutte contre la pauvreté, l’accès à des services de qualité (éducation, santé, infrastructures), et la valorisation des richesses nationales au bénéfice de tous. Une réforme électorale ambitieuse : Les institutions doivent garantir des processus démocratiques transparents et inclusifs, permettant à chaque Mauritanien de contribuer à l’avenir du pays sans discrimination. Un changement structurel pour les régions et départements oubliés : Nous devons investir dans les zones les plus marginalisées et accompagner chaque région dans son développement économique et social.
Changer de Cap : Une Nécessité, Pas une Option
Il est clair que nos institutions doivent retrouver leur vocation initiale : servir le peuple. En Mauritanie, il n’y a aucun manque de potentiel ; nous disposons de ressources, de compétences et d’atouts naturels inestimables. Ce qui fait défaut, c’est une volonté politique ferme et déterminée pour transformer ces atouts en progrès concrets. Pour cela, il ne s’agit pas de composer avec des alliances éphémères ou des stratagèmes électoralistes ; il s’agit d’engager une révolution des idées, une refonte totale de la culture politique et une mobilisation authentique des forces vives du pays. Notre combat à travers l’UNC incarne cette volonté. Ensemble, nous pouvons bâtir une Mauritanie équitable, prospère et respectée, en redonnant au politique sa noblesse : celle d’être au service exclusif du bien commun.
Des Propositions pour une Mauritanie Solidaire et Souveraine
- Investir dans le Système de Santé
Construction d’hôpitaux de niveau 1 dans chaque capitale régionale. Mettre en place un système de santé universel garantissant un accès équitable à tous.
Recruter et former de professionnels de la santé pour combler le déficit actuel.
- Réformer le Secteur Éducatif
Augmenter les salaires des enseignants pour attirer et retenir les meilleurs talents.
Réduire le nombre d’élèves par classe et fournir des outils pédagogiques modernes.
Créer des écoles spécialisées dans les secteurs stratégiques comme le pétrole, le gaz et les nouvelles technologies.
- Développer l’Économie Nationale
Mettre en valeur nos terres agricoles pour atteindre l’autosuffisance alimentaire.
Créer des pôles de développement économique pour soutenir l’emploi local.
Renforcer la transparence dans la gestion des ressources naturelles, notamment dans les secteurs de la pêche, de l’or, et des hydrocarbures.
- Optimiser l’Utilisation des Aides et Prêts
Les 121 milliards d’ouguiyas reçus sous forme de prêts et soutiens, les 150 millions de la BAD pour la SNIM, et d’autres financements internationaux doivent être réorientés pour développer les infrastructures sociales prioritaires, subventionner les produits de première nécessité. Lancer des programmes de formation adaptés au marché du travail.
Un Appel au Réveil National ; La Mauritanie a les moyens de devenir une puissance régionale sur tous les plans : santé, éducation, agriculture, industrie et gouvernance. Mais cela exige une rupture totale avec les pratiques actuelles, de promesses non tenues et de vision étriquée.
Le moment est venu d’exiger une gestion responsable et un leadership véritablement au service du peuple. Il ne s’agit pas de simples ajustements, mais d’une refondation complète de notre modèle de développement. Ensemble, nous pouvons faire de la Mauritanie un pays dont chacun de nous pourra être fier.
Baye Oumar Niass
SG de l’UNC
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