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Reporter, témoin des faits

Notre RESPONSABILITÉ collective face au fléau de la CORRUPTION (Soninké Diané)

TRIBUNE CITOYENNE. En Guinée, comme dans d’autres pays d’Afrique, les discours sur la mauvaise gouvernance et la corruption occupent une place centrale. Il est facile de blâmer les chefs d’État, les tenant pour responsables de tous les maux de la société.

Pourtant, la véritable source de ces fléaux réside dans la manière dont chaque citoyen perçoit et exerce sa citoyenneté. La qualité de la citoyenneté individuelle et collective est au cœur de la transformation de notre nation.

Aucune réforme, si ambitieuse soit-elle, ne pourra réussir sans un engagement actif de chaque citoyen. Tant que nous nous contenterons de dénonciations unilatérales et de lamentations hypocrites, le cercle vicieux de la corruption continuera de s’amplifier. Il est temps de poser une question fondamentale : Quel type et quelle qualité de citoyen voulons-nous pour la Guinée ?

Le citoyen guinéen, pour être acteur du changement, doit adopter une probité exemplaire et une implication sincère. Prenons des exemples concrets qui illustrent le lien entre citoyenneté et corruption :

  • Quand un maire vend illégalement des parcelles de terrain, la faute incombe-t-elle au président ou à l’électeur qui a fermé les yeux sur son intégrité avant de voter ?
  • Quand un commerçant préfère corrompre un agent fiscal pour échapper à ses taxes, n’est-il pas lui-même complice du dysfonctionnement ?
  • Quand un fonctionnaire détourne des fonds publics, était-il encouragé par le chef de l’État, ou cela reflète-t-il un mépris individuel des biens communs ?
  • Quand un citoyen refuse de payer ses impôts ou endommage un bien public, où est le sens de sa responsabilité envers la nation ?

Ces comportements ne sont pas le fait d’un système abstrait, mais bien d’individus : chacun de nous.

Ainsi, la corruption en Guinée ne se limite pas à des actes de haut niveau, elle est enracinée dans les pratiques quotidiennes et dans notre relation avec la citoyenneté.

Le président de la République a un rôle fondamental dans la mise en place d’un cadre de justice et de bonne gouvernance. Mais il est illusoire de croire qu’il peut surveiller tous les actes des citoyens ou qu’il peut transformer seul les mentalités. Son rôle est d’instaurer des institutions solides, de prendre des sanctions exemplaires et de promouvoir des réformes structurelles.

Pour autant, ce combat ne peut être gagné que si les citoyens eux-mêmes s’impliquent activement. Il est impératif d’adopter des mesures fortes pour responsabiliser chaque acteur, telles que :

  • La confiscation systématique des biens acquis illégalement et leur restitution au patrimoine bâti public.
  • La radiation des fonctionnaires corrompus sans possibilité de réintégration dans l’administration et annulation de la pension de la retraite.
  • L’instauration de sanctions alternatives pour les crimes économiques, afin de dissuader tout acte de corruption.

Cependant, même les meilleures lois resteront inefficaces si elles ne s’appuient pas sur une base citoyenne solide et engagée.

La transformation de la Guinée commence par une révolution des mentalités. Être citoyen ne se limite pas à revendiquer des droits, cela implique d’abord d’accomplir ses devoirs : respecter les lois, protéger les biens publics, et promouvoir l’intégrité dans tous les aspects de la vie.

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Victor Hugo disait : « Ce qui appartient à tout le monde est sacré. » Les biens publics – routes, écoles, hôpitaux – doivent être protégés avec la même rigueur que nos possessions personnelles. C’est en inculquant ces valeurs à nos enfants que nous bâtirons une génération de citoyens intègres et patriotes.

La Guinée a traversé des périodes complexes, mais c’est dans ces moments que les hommes et les femmes de caractère se révèlent. Comme l’a si bien dit Cheikh Rashid Al Maktoum :

« Les temps difficiles créent des hommes forts, les hommes forts créent des temps faciles, les temps faciles créent des hommes faibles, et les hommes faibles créent des temps difficiles. »

Pour que la Guinée surmonte ses défis, il est impératif que chacun devienne un acteur du changement. Nous devons rejeter la facilité de la corruption, promouvoir la valeur du travail honnête et construire une société où la probité est la norme.

La question n’est pas de savoir ce que l’État peut faire pour nous, mais ce que nous, citoyens, pouvons faire pour bâtir une Guinée intègre et souveraine. Il est temps de sortir du rôle de spectateur et de devenir des acteurs engagés, convaincus que la prospérité de la nation repose sur notre engagement collectif.

Quel citoyen êtes-vous aujourd’hui ? Quel citoyen voulez-vous devenir pour la Guinée de demain ?

 

Soninké DIANÉ 

Citoyen.

Cadre du Conseil National de la Transition/ Organe Législatif de la Transition.

Tel : 622 57 48 60

 

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