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Parcours inspirant : Safiatou Ouédraogo répond aux Questions de Lala Aïcha Housseine

Elle est peintre en bâtiment et s’est battue bec et ongles pour convaincre ses parents de son choix de faire carrière dans ce « métier d’homme » plutôt celui de son papa. Elle y est arrivée avec la bénédiction et le plaidoyer efficace de sa grand-mère. Elle, c’est la Burkinabè Safiatou Ouédraogo, qui a bien voulu se prêter aux questions de Farafinainfo.com … 

Qui est vraiment Safiatou Ouédraogo ?

Safiatou Ouédraogo est issue d’une famille modeste d’une fratrie de trois enfants dont deux filles. Safiatou est une fille joviale, courageuse, passionnée et ambitieuse, qui n’hésite surtout pas à aller jusqu’au bout de ses idées.

Racontez-nous votre petite enfance au sein de la famille Ouédraogo ?

De nature très timide, j’ai été le genre d’enfant, qui aidait les autres dans les différents travaux. Et comme la majorité des petites filles, j’étais plus attachée à mon papa. Je prenais toujours mes jambes à mon cou lorsqu’il y’avait une dispute entre mes semblables. J’aimais être aussi en compagnie de mon petit-frère. J’aimais beaucoup lire et écrire. En quelques mots, j’ai eu une enfance chaleureuse imbibée de joie et beaucoup d’amour.

Votre parcours scolaire et professionnel ?

Ayant obtenu mon baccalauréat de série G2 en 2017, j’ai poursuivi mes études universitaires en Sciences Economiques et de Gestion. Au-delà des études universitaires, j’ai une expérience acquise en assistance de Direction, en assistance de Gestion, en secrétaire-comptable, en décoration événementielle, en peinture et en confection des pavés.

Qu’avez-vous fait le 8 mars 2022, la Journée internationale des droits de la femme ?

Le 08 (mars), j’ai fait la cuisine, après je me suis rendue avec un collègue peintre sur un chantier, par la suite j’ai rendu une petite visite à ma grand-mère et pour terminer, je suis allée me coiffer.

Quel regard portez-vous sur le droit des femmes burkinabè ?

C’est un droit évolutif, car les femmes, de jour en jour, ont pris conscience de leur capacité à pouvoir s’épanouir d’elles-mêmes. Par exemple, on voit de nos jours qu’ils y’a des femmes, qui prennent la responsabilité du loyer, de la scolarité des enfants ainsi que leur propre bien-être. Aux jours d’aujourd’hui, des formations dans plusieurs domaines leurs sont offertes afin qu’elles puissent exercer des activités pour leur autonomie. Donc, je pourrais dire que c’est l’éveil de la conscience féminine, la situation des droits de la femme tend à s’améliorer au Burkina Faso, vu qu’elles ont compris qu’elles contribuent pleinement à l’évolution de la société.

Vous avez écrit : «Mon père est peintre et quand j’étais petite, j’avais l’habitude de le suivre dans ses travaux. Au fur et à mesure j’avais appris à peindre au début, il pensait que c’était juste un plaisir d’enfant, mais moi je voulais en faire un métier pour la vie». Ainsi, votre vocation est née, n’est-ce pas ?

Exactement c’est de là qu’est née ma passion pour la peinture. Voir mon père dévouer et déterminé pour donner couleur et vie à des Bâtiments, ne m’a pas laissé indifférent. Aussi, au fur et à mesure que j’apprenais a peindre, mon intérêt pour ce métier ne faisait que prendre de l’ampleur.

Qu’avez-vous concrètement fait pour résister à la pression de vos parents ? 

La lutte n’a pas été facile, car ils avaient leur rêve pour moi et j’avais aussi le mien. En réalité quand on m’appelait pour un travail de peinture, je me cachais pour le faire. Grâce à mon dévouement, à l’influence de ma grand-mère et celle de mon alentour, ils ont fini par céder.

Est-ce que vous auriez pu réussir sans le soutien de votre grand-mère ?

Oui même si je n’avais pas eu son soutien, j’aurais contre vents et marées réaliser, ce qui est plus qu’une passion pour moi : la peinture, bien que son soutien m’ait donné plus de force.

La grand-mère est-elle fière de vous aujourd’hui ?

Oui très fière ! Elle ne manque pas de m’encourager et me bénir.

Qu’Allah soit loué, vous avez réalisé votre rêve d’enfant et vous le faites savoir en ces termes: «Pour réaliser un rêve d’enfant marqué par des couleurs et de la joie, j’ai décidé de créer ma petite entreprise dénommée ‘’Couleur et Vie’’ pour offrir mes services de peinture à toute personne qui le désire» ?

Oui en effet, je rends infiniment grâce à Dieu et je prie pour prospérer.

Parlez-nous de la clientèle de votre entreprise ‘’Couleur et Vie’’ ?

Les clients sont, en réalité, complexes vu qu’il y’a des clients qui vont te demander un travail de qualité, mais qui refusent de débourser la somme qu’il faut pour le travail demandé. De ce fait, parfois, j’accepte de perdre certains marchés, car je ne voudrais pas faire un travail dont le client ne sera pas satisfait. Il y’a aussi des personnes, qui nous proposent des services pas catholiques en échange de quelques marchés. (C’est triste !)

Y’a-t-il une association des peintres au Burkina Faso, si oui êtes-vous membre ?

Non, je n’en connais pas, mais dès que je trouve, je serai un membre.

Etes-vous en contact avec les artistes-peintres burkinabé, si oui, qu’est-ce qu’ils peuvent vous apporter ?

Oui je suis avec un seul. Alors il me donne de temps en temps un coup de main pour les dessins sur les murs.

Etes-vous satisfaite ou pas de votre parcours professionnel jusque-là ?

Je suis très fière de ce que j’ai pu accomplir jusque-là, mais je ne suis pas encore satisfaite de mes exploits professionnels

Quel conseil donneriez-vous aux jeunes filles qui aimeraient vous emboîter le pas ?

Le conseil que j’ai à leur donner c’est de croire en elle, de ne jamais se décourager quelles qu’en soient les épreuves qu’elles rencontreront sur leur chemin, de faire avec amour et bonté toute activité qu’elles auront à effectuer.

Interview exclusive  – Parcours inspirant – réalisée par  Lala Aicha Housseine Camara